Derrière la remise en cause de l'obligation vaccinale se cache la remise en cause du discours officiel, surtout s'il vient de Paris. "Pourquoi ? Vous savez, nous, Français de Guadeloupe, nous avons vécu le scandale du chlordécone, rappelle le député Olivier Serva. C'est l'Etat qui, il y a une vingtaine d'années, nous a dit que cet insecticide ne poserait aucun problème. Finalement, cette molécule a empoisonné nos terres, nos mères, a donné des cancers à nos hommes, à nos femmes, a créé des malformations et ceci pour 600 ans. C'est une expérience qui conduit à une méfiance de la parole de l'Etat."
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En appelant à poursuivre le mouvement de contestation, samedi, l'UGTG a soutenu que cette mobilisation traduisait "la profondeur des souffrances, des inégalités, de la pauvreté et de l'exclusion subies par la population". Un constat que ne réfute pas le président de la région : "Nous avons plus de quarante ans de retard par rapport à l’Hexagone concernant notre développement économique", résume-t-il
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Il y a une sorte d'indifférence de l'Etat, qui ne comprend pas." Des propos qui font écho à ceux d'un manifestant rencontré près du Gosier : "Dans ce quartier, il n'y a pas d'électricité ni d'éclairage public depuis six mois. Depuis des années, il y a des coupures d'eau pendant parfois une semaine. (...) Et en face, l'Etat n'existe pas. Nous sommes livrés à nous-mêmes."
Évidemment, c'est tellement plus simple de regarder tout ça de très loin, de très haut, avec un regard de bobo parisien paternaliste. Les Antilles (et Mayotte), ce sont nos dernières colonies... et elles sont traitées comme telles : leurs habitant·e·s sont considéré·e·s comme des citoyen/e/s de seconde zone.