Il n’y a donc pas eu à proprement parler "d’affrontements violents", mais une répression massive et violente au gaz et à la matraque d’une manifestation qui n’avait produit aucune violence contre les personnes
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On peut s’interroger, de manière générale, sur le fait qu’Alternatiba et Greenpeace reprennent sans aucune distance critique le vocabulaire de la préfecture de police, comme le fait BFMTV : les black blocs "perturbent" la marche, les black blocs "infiltrent" la marche
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Historiquement, les black blocs sont nés pour permettre aux manifestant-e-s de se mélanger, sans distinction d’identité, de classe, de race, de couleur, d’habits, de visages. C’est une pratique d’auto-défense, de solidarité et de mélange. Évidemment, une partie de celles et ceux qui pratiquent le "black bloc" ont une attitude offensive, mais cela s’arrête à la destruction de biens (il n’y a pas de "violence" à proprement parler, c’est-à-dire, pas d’attaque contre les personnes). Les black blocs se définissent historiquement comme "non violents", et en plus de 40 ans d’existence de cette pratique, on n’a jamais entendu parler d’un black bloc qui aurait commis un meurtre. S’il leur arrive de s’en prendre à la police, c’est en situation de légitime défense, pour la tenir à distance, et protéger les manifestations.
C’est pour cela qu’à Hong Kong ou parmi les gilets jaunes, les pratiques de "black bloc" sont largement acceptées, applaudies et défendues [7]. La plupart des "black blocs" arrêtés par la police pendant le mouvement des gilets jaunes ne sont d’ailleurs pas des "éléments étrangers" aux gilets jaunes, mais des gilets jaunes qui ont appris à se protéger collectivement au fil des manifestations
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Si une marche est démocratique, tout le monde peut s’y rendre, et toutes les pratiques y sont respectées. On ne se demande pas si les gens ont "consenti" à ce qu’il y ait des gilets jaunes, des personnes de couleur, ou des personnes en situation de handicap à la manifestation ; donc il n’y a pas a priori de raison que les gens doivent "consentir" à la présence de gens qui protègent tout ou partie de leur visage des caméras de surveillance.