Lu dans l'édition de Brief.me d'hier :
L’ONG de défense des droits humains Amnesty International a publié aujourd’hui un rapport accusant les autorités françaises de mener « une attaque ciblée et intentionnelle » contre les militants écologistes. Pour expliquer cette répression, elle cite par exemple la « criminalisation des rassemblements et manifestations écologistes », une « rhétorique stigmatisante et négative » à leur encontre (l’utilisation de l’expression « totalitarisme vert » par exemple) ou encore l’usage excessif de la force par la police en manifestation.
Lien direct vers le rapport d'Amnesty : https://www.amnesty.fr/actualites/la-strategie-de-la-france-pour-empecher-laction-climatique
Et pendant ce temps, en France également :
Emissions de gaz à effet de serre : en 2025, la France encore plus à la traîne
Sur l’écologie, la droite en plein «climatodénialisme»
Transition écologique : face à «l’affaiblissement» du pilotage politique, le Haut conseil pour le climat appelle la France à réagir sans délai
Je trouve son point de vue intéressant. Plutôt que de rabâcher que l'homme est un animal commue les autres, ce chercheur explique qu'il faut au contraire tenir compte de sa place particulière qui, sans lui donner une quelconque supériorité ni des droits supérieurs sur les autres espèces, lui confère une écrasante responsabilité.
Il explique par ailleurs qu'il faut arrêter d'opposer les générations mais apprendre à voir la continuité, la transmission.
La «génération maintenant» est moins un groupe de personnes précis qu’une idée selon laquelle il y aurait un âge de la vie au cours duquel les gens ont en charge le présent : après une enfance passée sans pouvoir ni influence, vous entrez dans la fleur de l’âge avant de décliner.
C’est dans cet acmé que les gens se disent : «Nous sommes le présent, nous prenons les décisions, dirigeons les institutions, élaborons des plans, construisons les bâtiments pour créer un monde nouveau qui, nous l’espérons, durera pour toujours». Évidemment, ça n’est pas le cas puisque la génération suivante fait la même chose !
[...]
Si vous fabriquez une corde avec des brins d’herbe des prés, chaque brin n’excédera jamais une certaine longueur. Mais en les reliant par friction et par chevauchement, vous pouvez continuer à tresser indéfiniment la corde.
Dans cette conception, l’existence de chaque individu est reconnue, mais cela fait primer l’idée de collaboration intergénérationnelle en vue de créer quelque chose, d’alimenter un processus qui s’entretient.
Cela fait aussi relativiser l’idée d’être né ou de mourir à une date précise : nous naissons chaque jour, au sens où nous participons collectivement d’une naissance continue, et les anniversaires ne sont qu’un moment arbitraire dans un flux plus vaste.
On savait déjà qu'on trouvait des micro-particules à la pelle dans l'eau. Il y en a aussi, évidemment, dans le sols. Et on vient de se rendre compte que celles-ci altéraient la pousse des plantes.
Bizarrement, la question de la pollution des sols a mis beaucoup plus de temps à se poser. Pourtant, les masses de plastiques y seraient 4 à 23 fois plus élevées que dans les océans, explique Marie-France Dignac, chercheuse à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae). « Je ne m’explique pas vraiment ce délai, si ce n’est qu’il est plus difficile d’échantillonner un sol : impossible de le filtrer comme on le fait en mer. D’ailleurs, il n’y a toujours aucune méthodologie normalisée pour les sols. »
[...]
Il n’y a pas si longtemps encore, on pensait que les plantes ne pouvaient pas absorber ces microplastiques « en raison de leurs parois cellulaires complexes et de leurs mécanismes d’absorption sélectifs », peut-on lire dans un article de synthèse publié en 2024.
Raté. Probablement aucune paroi biologique n’est réellement étanche. D’autant moins lorsqu’on considère des particules de tailles microscopiques, voire nanoscopiques. Elles savent trouver leur chemin à l’intérieur des plantes, soit par les racines, en se faufilant dans les minuscules fissures ou par des phénomènes de transport actif des cellules végétales, soit par les feuilles, via les ouvertures stomatiques qui permettent les échanges gazeux.
En 2004, alors que la question climatique progresse dans la sphère politique et que le viseur se rapproche dangereusement des producteurs d’énergies fossiles, la British Petroleum missionne en effet l’entreprise de relations publiques Ogilvy & Mather pour améliorer son image. Ensemble, ils choisissent de tout miser sur la notion d’empreinte carbone individuelle, afin de faire porter la focale (et la responsabilité) sur les individus consommateurs (vive les « consommac’teurs ») et invisibiliser subséquemment la question brûlante du partage de l’effort climatique – entre les entreprises et les individus, entre les riches et les pauvres. Ainsi la compagnie pétrolière propose-t-elle au public de calculer son empreinte carbone pour tenter de l’améliorer. Comme l’écrira un chroniqueur du New York Times quinze ans plus tard : « S’inquiéter de votre empreinte carbone est exactement ce que les grandes sociétés pétrolières veulent que vous fassiez. »
Je ne vais pas tout recopier, mais vous voyez l'idée : c'est celle que je rabâche depuis des années. Pendant qu'on (le gouvernement, mais aussi les grandes entreprises, à l'origine de l'idée apparemment) vous répète de faire pipi sous la douche et de vider votre boîte mail (sous-entendant que vous êtes une ordure si vous ne le faites pas)
Comme le montre Jean-Baptiste Malet dans son enquête publiée par le Monde diplomatique sur le « système Pierre Rabhi », ce positionnement individualiste, typique de l’écologie bourgeoise, s’avère parfaitement soluble dans le régime d’intérêts de la classe dominante.
Non seulement, comme l'article l'explique, les "écogestes" c'est une "écologie du luxe" (quand t'as du mal à joindre les deux bouts, t'as autre à penser en général), mais en plus, ils ne servent à rien (ou alors à pas grand chose) quand ils n'aggravent pas le problème ; pour plusieurs raisons :
Une machine à laver qui recycle l'eau de la douche ! C'est génial !
Depuis le 3 juillet, les bouchons en plastiques doivent obligatoirement être solidaires de leur brique ou de leur bouteille.
Et c'est pas une bonne idée, personne n'est content :
Lu dans Brief.me :
« La répression que subissent actuellement en Europe les militants environnementaux qui ont recours à des actions pacifiques de désobéissance civile constitue une menace majeure pour la démocratie et les droits humains », estime le rapporteur spécial des Nations unies sur les défenseurs de l’environnement dans un bilan publié aujourd’hui. Ces actions, qui connaissent un recours « accru », se heurtent à une criminalisation « croissante » et à des « brutalités policières », notamment en France, selon le rapport.
La méthode habituelle : mettre en place une mesure (prétendument) écolo, puis "l'assouplir" en douce pour la vider de sa substance. Pffff.
La dissolution des @lessoulevements de la Terre est un contresens historique : la lucidité est du côté de l'urgence écologiste, l'aveuglement du côté d'un pouvoir sourd à cette alarme. Cette mesure est une erreur démocratique et une absurdité politique.
C'est suffisant pour aujourd'hui, je coupe Twitter, j'ai ma dose de déprime.
J'avoue : je rôde comme une hyène sur Twitter pour voir si ça va s'effondrer sous mes yeux.
Bref. Une info qui n'étonnera personne : après les 19° (voire moins) c'est pour les autres, un jour sans viande, c'est un truc de khmer vert. Okayyy.
Pour la première fois le mois dernier, une étude a mesuré avec précision l’effet négatif de la présence des colonies domestiques sur la fréquentation des fleurs en ville. Cette étude, menée - à Paris - par Isabelle Dajoz, chercheuse en écologie à l’université Diderot, confirme que dans un rayon de 500 mètres, plus les fleurs sont visitées par les abeilles domestiques moins elles le sont par les sauvages. Surtout, l’équipe a estimé les quantités de nectars disponibles : et leur réponse est sans ambiguïté : les abeilles domestiques consomment TOUT ! Il ne reste plus rien pour les sauvages. Sur Paris, c’est simple : il ne faut évidemment plus implanter la moindre ruche mais il faudrait même envisager d’en enlever, et vite… Pour passer à moins d’une ruche au kilomètre carré (contre 15 actuellement).
Ailleurs en France, quelques communes, bien conseillées, ont déjà pris des mesures drastiques : Besançon est la première à avoir interdit toute nouvelle installation sur son domaine public, la ville de Metz vient de s’y mettre, Lyon est aussi très mobilisé… Sachant qu’il faut à tout prix relayer le message aux entreprises et les particuliers, car rien ne les empêchent, eux, de continuer.
via Ecyseo
Une fois encore, se méfier des idées "a priori" bonnes : les écosystèmes sont quelque chose de complexe.
Vous voulez aider les abeilles ? Acheter bio ou "culture raisonnée" (un peu moins de pesticides), laissez pousser les fleurs et les mauvaises herbes.
Avec un peu de chances, et en étant attentif, vous verrez peut-être chez vous des espèces d'abeilles dont vous ignoriez l'existence : abeilles sauvages, abeilles charpentières...
Au terme d’une épreuve tournée dans les jardins du ministère à Paris, la ministre devra décerner le prix de “l’assiette verte” avec Mauro Colagreco, chef trois étoiles honoré par une feuille verte au guide Michelin et unique chef au monde à avoir reçu la certification “plastic free”, rappelle Le Parisien. “Je suis intervenue au meilleur moment: celui où l’on goûte les plats”, reconnaît Barbara Pompili dans Le Figaro.
Le défi? “Réaliser des assiettes qui font passer un message fort pour la préservation de la planète”. Car “l’écologie, c’est partout: dans la vie de tous les jours, y compris dans l’assiette”, explique la femme politique au Parisien en s’expliquant sur sa présence dans le programme. “C’est une émission très sensibilisée sur la question écologique, qui travaille sur le gaspillage alimentaire, donne les restes des menus à des associations”, assure cette dernière.
Au-delà du WTF et de la séquence ma trombine dans le poste, je note qu'une fois encore, on fait peser la responsabilité écologique uniquement sur les individus.
Y a pas un nous consommateurs innocents magiquement flottant au dessus des eaux du Capitalisme, c'est un système. Sinon on aurait gagné depuis longtemps. Vu qu'on est plein. Et pas eux.
[...]
Le schème du besoin, la question même du besoin, de l'estimation politique du besoin a été un tabou majeur pour la part du mouvement ouvrier qui a eu le manche pendant des decennies: fallait juste de plus hauts salaires pour acheter deux trabans au lieu d'une.
J'exagère même pas: après des années de réflexion et d'action du mouvement ouvrier sur la consommation, via les coopératives d'achat, par exemple, on a littéralement singé l'ideal bourgeois de consommation, au fond. Et laissé la question du besoin aux mouvements lifestyle.
[...]
Le fantasme aliéné qui voudrait séparer si fort la consommation de la production, comme si la sphère politique se limitait à la décision de production, le reste étant la pleine liberté du salarié de dépenser à son envie son salaire est un leurre.
via Je sais pû ki
Avant tout, Extinction Rebellion prône la non-violence. Occupations de lieux, blocages à coup de chaînes humaines, tags à la craie, pas de résistance en cas d’interpellation, la non-violence est primordiale pour les activistes du mouvement écologiste.
"S’en prendre physiquement à des policiers lors d’une manifestation, on ne pense pas que ce soit quelque chose de juste", raconte à France Culture Rémi, 35 ans, militant de la première heure en France. "Les policiers ne sont pas des ennemis, poursuit-il, ce sont aussi des victimes du système capitaliste que l’on dénonce". Celui qui est aussi formateur à la désobéissance civile au sein du collectif "Les Désobéissants" admet qu’il y a également une part de stratégie dans la non-violence. Il est plus facile de convaincre la population quand il n’y a pas de violence, qui elle, au contraire, repousse. Extinction Rebellion entend ainsi rassembler des "milliers de citoyens pour construire le monde de demain". Mais la non-violence attire également au mouvement certaines critiques, de collectifs qui souhaiteraient voir XR converger vers d’autres causes.
A mettre en parallèle avec d'autres points de vue expliquant que la non-violence "rend service" à l’État... (Cf https://shaarli.guiguishow.info/?U-ehuQ)
Cinq panneaux publicitaires consommant à eux seuls plus d'énergie que quinze logements familiaux diffusent dans un hall de gare désert un message incitant à la sobriété énergétique par le renouvellement de son équipement électroménager...
Cf. ce que je disais ici : le changement de comportement, les efforts individuels, c'est bien, mais vu l'ampleur du problème, ça ne sert à RIEN.
le Colibrisme est une forme d’environnementalisme libéral, inoffensif pour les véritables responsables et inaudible pour les plus vulnérables, culpabilisant et individualiste, et enfin, inefficace.
via OpenNews
Chaque geste compte. C’est vrai, je crois. L’éducation est une clé. Les enfants, un espoir. Mais je crains malheureusement que l’échelle de temps ne joue désormais contre nous. Pour avoir une chance, le sursaut doit maintenant venir des états, et des gens qui tiennent les manettes.
Ce moment de déprime vous est offert par Maliki.
Et maintenant, une page de publicité.
Nous culpabilisons bien volontiers car, si nous sommes coupables, c’est que tout dépend de nous, c’est nous qui tirons les ficelles, il suffit que nous modifions notre style de vie pour nous tirer d’affaire. Ce qu’il nous est plus difficile d’accepter, nous Occidentaux, c’est d’être réduits à un rôle purement passif d’observateur impuissant. Nous préférons nous lancer dans une frénésie d’activités, recycler nos papiers usagés, manger bio, nous donner l’illusion de faire quelque chose, apporter notre contribution, comme un supporter de foot bien calé dans son fauteuil, devant un écran de télé, qui croit que ses vociférations influenceront l’issue du match.
[...]
Les enjeux idéologiques d’une telle individualisation sont évidents: tout occupé à faire mon examen de conscience personnel, j’en oublie de me poser des questions bien plus pertinentes sur notre civilisation industrielle dans son ensemble. Cette entreprise de culpabilisation trouve d’ailleurs une échappatoire facile: recycler, manger bio, utiliser des sources d’énergie renouvelables, etc. En toute bonne conscience, nous pouvons continuer notre petit bonhomme de chemin.
J'avais ça qui traîne dans mes onglets ouverts depuis avant les vacances [via Riff], je partage avant de nettoyer...
Une fois de plus, méfiez-vous des histoires un peu trop belles...
Je vois que nous avons les mêmes lectures...