Selon la responsable juridique du groupe Gallimard, le montant du préjudice financier serait « très important », sans pour autant avancer de sommes. Mais plus encore, cette approche pirate aurait « porté atteinte à la rémunération des auteurs ». Ou plutôt à celle des éditeurs qui avaient contractualisé avec les auteurs, n’ayant pas su correctement lutter contre la contrefaçon que représentait la Team ? Cerise sur le gâteau, cette entreprise de piratage aura également nui « à la diversité culturelle, les gros succès permettant de financer d’autres auteurs ». Là encore, les chiffres manquent pour appuyer les assertions.
"On sait cependant que de nombreux romans — parfois de grande qualité — ne trouvent pas plus de 100 lecteurs, et ce, chez des grands éditeurs. Alors, à quoi bon être publié dans ces conditions ? L'édition traditionnelle ne garantit plus un lectorat à la plupart de ses auteurs, ce système est devenu absurde."
=> l'auteur propose un nouveau concept, et une nouvelle économie du livre : 1/ le "blogbook", 2/l'ebook, 3/ (éventuellement) le livre papier
Pas trop compris le concept de "blogbook". C'est un blog quoi, mais où chaque entrée est un chapitre du livre.
Une réflexion pertinente sur Amazon, les éditeurs (et notamment Hachette), les livres papiers et les livres électroniques, qui se rapproche de ce que j'esquissais ici http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?SRrJQQ, mais en beaucoup plus archi-mieux, normal, c'est un article de Jean-No.
Voici le paragraphe-clé de l'article, où il explique les raisons pour lesquelles il prend ses distances d'Amazon : "Revenons à Amazon. Si je prends mes distances, ce n’est pas parce qu’Amazon entre en confrontation avec Hachette, qui n’a jamais été connu comme un enfant de chœur du monde de l’édition, ni parce qu’Amazon promeut l’idée de livres numériques moins chers. Les livres vendus par Amazon sont moins chers mais les auteurs s’y retrouvent car les deux tiers du prix de vente leur reviennent, contre un quinzième ou un dixième sinon. Petit calcul simple : sur un livre à 5 euros édité par Amazon, l’auteur touche 3,5 euros. Sur un livre à 15 euros vendu par un éditeur « à l’ancienne », l’auteur touche 1 à 1,5 euros. On voit qu’avec Amazon, l’auteur et le lecteur sont nettement gagnants dans un premier temps. Mais l’éditeur disparaît, or l’édition, c’est aussi le travail sur la mise en page (et je suis certain qu’on peut inventer une bibliophilie numérique) bien sûr, mais surtout la sélection des auteurs et de projets, leur accompagnement financier (avances), leur accompagnement littéraire et plus généralement le suivi qualitatif des ouvrages,… Le travail d’édition, qui a un coût, et c’est bien normal, est capital. Une « édition sans éditeurs », pour reprendre Le titre du livre d’André Schiffrin, serait une grande perte, les lecteurs en seraient les premières victimes. C’est sur eux seuls que reposerait la responsabilité de trier le bon grain de l’ivraie parmi des millions de livres autopubliés numériquement, des livres qui n’auront parfois qu’un ou deux lecteurs, sur un malentendu, mais rapporteront tout de même à Amazon grâce à leur quantité et aux quelques titres qui sortiront vraiment du lot. Ce monde sans éditeurs que nous promet Amazon en tant que libraire « numérique » est en fait assez triste et lassera vite le public, qui finira par oublier tout à fait la lecture, car s’il devient impossible de trouver des livres de qualité, si les déceptions sont trop habituelles, à quoi bon ? Bien sûr, les bons éditeurs, les éditeurs papier, les bonnes librairies, continueront d’exister5, mais leur public sera restreint."
EDIT : au passage, il explique le principe et l'historique des "offices" que j'évoquais ici http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?T7Gbsw tout à l'heure
Pratiques déloyales de la part d'Amazon, contre raisonnement "village gaulois" de la part d'Hachette. Qui va gagner ? Je crains me douter quelque peu de la réponse... Je DÉTESTE Amazon, ses méthodes fascistes, ses employés traités comme des esclaves, sa volonté de devenir sinon l'unique, du moins le plus gros vendeur (pas que de livres) sur le web, son ambition -sa réussite- à la Apple d'imposer un format unique de livre électronique, de liseuse, de dicter ses prix et ses conditions et enfermer les utilisateurs dans un écosystème privateur. Je déteste vraiment cette boîte pour tout ça.
Mais peut-on raisonnablement soutenir Hachette dans sa croisade pour que le prix du livre électronique reste à un tel niveau ? Même s'il prétend qu'il est bien inférieur au prix du livre papier, il reste tout de même assez élevé.
Pour bien comprendre ce qui est en jeu, cela nécessite quelques informations complémentaires. Vous le savez peut-être, le marché de l'édition en France est très concentré. Hachette, c'est un assez gros groupe (mais qui n'est au final qu'une filiale de Lagardère...) qui comprend Grasset, Calmann-Lévy, Fayard, Stock... Harlequin ! (http://www.hachette.com/fr/territoire/france).
Pour illustrer mon propos, prenons l'exemple d'un livre récemment publié par Grasset : Un bon fils, de Pascal Bruckner (choix fait totalement au hasard, c'est juste parce qu'il est sur la page d'accueil de leur site). Allons voir les prix sur le site de la Fnac : 12,99€ le livre électronique contre 18€ le livre papier. 28% d'écart de prix. Je trouve que c'est assez peu.
Je retente l'expérience avec HHhH, de Laurent Binet, lu récemment (http://sammyfisherjr.net/blog/spip.php?article118). Pour le coup, l'écart devient significatif : 21€25 le livre papier contre 7€99 le livre électronique !
Cela me fait me poser plusieurs questions :
Bref, on a le choix entre soutenir le monopolistique Amazon et l'arriéré Hachette. Déprimant.
"La technique du cartonnage revenait moins cher que celle du cuir, et permettait de décliner à l'infini les plaques servant à la gravure, faisant la fortune des éditions Hetzel. À partir de 1863, les deux hommes de lettres vont collaborer pendant une quarantaine d'années. Si bien qu'en 1868, Jules Verne écrivait à Hetzel : « Votre Verne, celui que vous avez inventé. »"
J'aimais bien Jules Verne quand j'étais gamin. Ça me donne envie de le relire, tiens.
Du rôle indispensable de "l'editor" en littérature.
"Guère de livres, d’auteurs, de maisons d’édition qui y échappent. Et quand « il » laisse passer, c’est d’autant plus regrettable que cela jette une ombre sur un bon livre. Si Proust avait eu un editor, aurait-il laissé passer les vertèbres sur le front de la tante Léonie, et la Recherche y aurait-elle perdu ? Enfin, quoi ! Un editor, cela sert à ça, justement ! Ce n’est pas de la censure : juste un conseil avisé mais fermement tenu jusqu’à ce que l’auteur soit convaincu. Souvent, cela va plus loin : réorganisation du plan, suppression d’un chapitre, restructuration, souci de cohérence du récit, correction d’une syntaxe fautive, toutes choses qui interviennent en amont du travail du correcteur et de celui du réviseur. C’est dire son rôle est décisif car il apporte le premier vrai regard critique sur le texte."
La suite de l'histoire est à lire ici : http://passouline.blog.lemonde.fr/2011/05/19/supplique-dun-auteur-deborde-par-ses-lecteurs-meme/
C’est snob de lire Vian, en Pléiade? Oui, et alors? Ca vaut largement un suaire de chez Dior.
"Il y a tout de même des choses plus scandaleuses que d’ajouter des langoustes mutantes à un roman de Jane Austen" Oui mais bon, quand même...
"J'adore écrire. Mais je n'écris que pour moi et mon bon plaisir."