"On a fait d'un écrivain un criminel et on baisse les yeux devant de vrais criminels", fustige mercredi 11 décembre sur France Inter(Nouvelle fenêtre) l'écrivain Kamel Daoud, alors que la chambre d'accusation de la cour d'appel d'Alger doit statuer dans la journée sur la demande de remise en liberté de Boualem Sansal. L'écrivain franco-algérien est incarcéré en Algérie depuis la mi-novembre pour atteinte à la sûreté de l'État, ce que dénonce Kamel Daoud. L'écrivain franco-algérien considère que "le crime" au contraire "est de ne pas pouvoir parler de la guerre civile".
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S'il reconnaît être "pessimiste", le lauréat du prix Goncourt 2024 espère tout de même que cela permettra de ne "pas faire tomber dans l'oubli Boualem Sansal". "Si on oublie en France le prix de la liberté, on la perdra", prévient Kamel Daoud, qui se demande pourquoi on "juge des écrivains pour des crimes commis par des terroristes".
Est-ce une forme de prise d'otage ?
Je crois que Boualem Sansal est victime d'une situation qui se tend de plus en plus entre la France et l'Algérie. J'ajoute, et je le sais en tant que président de l'Académie Goncourt, que l'attribution du Goncourt 2024 à Kamel Daoud pour son roman Houris a fortement déplu au pouvoir algérien et je me demande si, dans une certaine mesure, Boualem n'est pas aussi une victime collatérale de cela. Il est la victime d'une ambiance globale et c'est aussi cela qui est insupportable. Il ne faudrait pas qu'un individu, quel qu'il soit, soit la victime d'enjeux qui le dépassent.Le fait qu'il soit âgé est-il encore plus choquant ?
Effectivement, Boualem Sansal n'est plus tout jeune. Se retrouver arrêté dès son arrivée dans son pays d'origine, mis au secret sans l'assistance d'aucun avocat, sans avoir de ses nouvelles, sans qu'il puisse en donner à sa famille et aujourd'hui sous le chef d'une inculpation qui nous paraît quand même absolument farfelue, tout cela est très inquiétant et on a hâte de savoir comment il va, quel est son moral. Et surtout, j'espère qu'il sait qu'on pense à lui. Il y a un mouvement international d'intellectuels, de politiques, d'écrivains, de citoyens et de citoyennes qui se soucient de son sort.
Son nom, étrange, la « Bleuite » fait penser à une épidémie inconnue. C´en est une.
La maladie est virale. Un poison mortel. Sauf qu´elle est l'œuvre d´un seul homme et a sévi pendant la guerre d´Algérie dès 1957. La Bleuite est la plus grosse opération d´infiltration, de désinformation, d´intoxication et de manipulation jamais montée par les services secrets militaires français contre l´appareil du FLN et son armée, l´ALN. A Alger et dans tout le maquis rebelle.
A l´origine, un homme, un seul mais un homme hors du commun. Paul-Alain Léger, ancien des Forces françaises et de l´Indochine, rompu à l´action et à la guerre psychologique. Seul à la manœuvre, ne travaillant qu´avec des prisonniers retournés, il va convaincre le terrible Colonel Amirouche, chef de la Wilaya III en Kabylie, que son maquis est infiltré par des traîtres à la solde des Français. La paranoïa, la torture et la mort feront le reste. Une opération diabolique.
La Bleuite va massacrer des milliers d´innocents, supprimer une partie de l´intelligentsia de l´Algérie nouvelle, décimer une partie du maquis, semer le doute et la méfiance chez les survivants, et marquer la mémoire des Algériens d´une tache sombre. Un poison, un fantôme, une malédiction de l´Histoire. Aujourd’hui encore, personne ne veut en parler. Ni les français qui ont réussi l´opération, ni les Algériens qui en ont payé un prix exorbitant.
La Bleuite reste un dossier secret, une guerre cachée, un tabou.
Qui connaît vraiment l'histoire du drapeau tricolore algérien ? Il est de toutes les manifestations qui défient le pouvoir de Bouteflika, mais l'étendard vert, blanc, rouge est surtout à la racine du massacre de Sétif, le 8 mai 1945.
Le 8 mai 1945, c'est ça :
Une atmosphère de terreur pèse toujours sur Sétif et sa région et il est difficile de trouver des interlocuteurs. De leur côté, les autorités militaires et administratives tentent, par tous les moyens, d’empêcher Michel Rouzé et ses amis de prendre des contacts et même de poursuivre leur enquête. Ils découvriront cependant la terrible réalité: les massacres de dizaines de milliers d’hommes et de femmes, l’existence de milices européennes qui se sont attribué le droit de vie et de mort sur les Algériens, qui tirent au revolver sur n’importe quel gamin “indigène” passant dans la rue et paraissant "suspect". Ils apprendront aussi l’installation à Héliopolis, sur ordre du sous-préfet de Guelma, André Achiary, de fours crématoires, pour brûler les cadavres.
Par contre, ça nous a rendus beaucoup plus lucides sur la bête humaine. Elle n’a aucune limite.
10 ans de guerre civile en Algérie. 200 000 morts. Au moins.
Je veux dire que, techniquement, et à force de tortures et d'exécutions sommaires, les légionnaires ont remporté la bataille d'Alger, le gouvernement de l'époque ayant pudiquement choisi de regarder ailleurs et de déléguer les pleins pouvoirs à Massu et ses sbires.
Le journaliste fut torturé à plusieurs reprises au cours de sa détention, et ce sont ces séances de « gégène » qui constituent le point de départ du livre « La Question ».
Pour l’establishment français de l’époque, Henri Alleg était un « traître ». Il fut jugé pour « atteinte à la sûreté extérieure de l’Etat » et « reconstitution de ligue dissoute », et condamné à dix ans de prison.
Il parvint à s’échapper, et rejoignit la Tchécoslovaquie alors communiste. Il ne put revenir en France qu’après l’amnistie des Accords d’Evian qui accordèrent l’indépendance à l’Algérie en 1962.
Mesdames, messieurs : la France.
via https://tviblindi.legtux.org/shaarli/?pjI4kQ
P.S. : Maurice Audin ; le lien de Rue89 est cassé.
Loin de moi l'idée de cautionner la torture, mais dans l'histoire du procès fait à Aussaresses il y a quand même beaucoup d'indignation de commande : ce qui a emmerdé les politiques, ce n'est pas tant qu'il assume (il aurait été plus politiquement correct d'avoir des regrets, même feints...) mais qu'il dise clairement que la torture était cautionnée par les politiques, qui ont fait semblant plus tard de la découvrir.
"Ce qui a précédé la manifestation du 17 octobre et la rafle de près de 12 000 algériens fait partie du tabou de l’histoire de France. Les documents d’archives que publie aujourd’hui OWNI ne laissent pourtant aucun doute sur la violence policière assaisonnée au silence de Maurice Papon qui s’était installée dans le pays."
"17 octobre 1961 : à Paris coulent la Seine et les cadavres. On en dénombre au moins 200 pour cette nuit-là. À lire les documents et les notes de la Préfecture de police de Paris, la tragédie est le résultat d’une politique de violences policières planifiée, voulue en haut lieu. Et soutenue alors que les autorités n’ignoraient rien du caractère pacifiste de la manifestation organisée par le Front de libération nationale (FLN) algérien."
Lors de la nuit d'octobre 1961, la préfecture de police a planifié l'arrestation extrajudiciaire de près 12 000 personnes d’origine algérienne. Entassées plusieurs jours dans des stades dans des conditions inhumaines, comme le montrent les rapports de l'époque. Dans ces lieux, selon des témoignages concordants, plusieurs d’entre elles ont été victimes d’exécutions sommaires – on estime qu’au moins 200 personnes d’origine algérienne ont péri dans la nuit du 17 octobre.