Banksy, qui vient d’ouvrir une fausse boutique éphémère à Londres baptisée Produit intérieur brut, tente encore de se débattre. Pour contrecarrer la commercialisation de ses images par un marchand de cartes de vœux, il a réalisé cette grande installation et en vendra par la suite des "souvenirs" sur Internet, en reversant les fonds à un bateau de sauvetage de migrants. En réalité le voilà auto-piégé, contraint de faire à son tour du produit dérivé le seul levier juridique qui permet d’empêcher une autre entreprise de le faire.
Celui qui se voulait "échappé de la boutique de souvenirs" - pour reprendre le titre de son documenteur Exit Through the Gift Shop sorti en 2010 - s’y est aujourd’hui enfermé. Et, symbole suprême de cet empêchement, son autoportrait en rat au cutter a été dérobé pour être revendu.
C'est triste.
"Une petite note en bas de la page d’accueil du site précise que bien que le parc soit ouvert à « toute la famille », « l’état du lieu, l’usage intensif de stroboscopes et l’imagerie des œuvres ne sont pas adaptés aux jeunes enfants ». Les seules choses « strictement interdites » sont « les bombes de peinture, les marqueurs, les couteaux et les avocats de Disneyland »."
Ce minuscule événement ne va pas empêcher le monde de tourner, ni Banksy de poursuivre son travail. Ce qui m'intéresse là dedans, ce sont les questions sous-jacentes, involontairement mise en exergue par les autorités new-yorkaises : qu'est ce qu'une oeuvre d'art ? Où est la limite entre l'art (de rue) et la dégradation ? Existe t-il des lieux pour faire de l'art (lesquels d'ailleurs ? les musées ?) et d'autres où ce serait interdit (et pour quels motifs ?). Etc. Prenez une feuille, vous avez deux heures.