Bolsonaro - Trump : même combat.
Pour ceux qui suivent quelques comptes brésiliens, vous devez voir partout des images de crevette. Je vous explique : il y a 3 jours, le président Bolsonaro a été interné pour occlusion intestinale. Intestins qu'il a fragiles après avoir subi une agression au couteau de cuisine lors de la précédente campagne électorale.
On apprend aujourd'hui que cette hospitalisation a été causée par une.crevette.mal.mastiquée (oui). Depuis, la crevette a été érigée en héros national et symbole de l'antifascisme, et fleurit un nombre infini de blagues, de logos et divers visuels détournés.
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Un #' commence à circuler, #'CamaraoAntiFascista, et on parle aussi beaucoup de "Camarão comunista", le communisme étant, pour Bolsonaro et ses électeurs, tout ce qui est situé à sa gauche.
À un an des élections présidentielles et face à la très grande notoriété de Lula (Lula signifie "poulpe" en portugais), le faux journal @sensacionalista a titré "Si une Crevette a causé l'hospitalisation de Bolsonaro, imagine un Pieuvre".
Et le 5 janvier est désormais le "Jour National de la Crevette Antifasciste (et la crevette, "Guerrier du peuple brésilien").
Sinon je vous conseille (une fois encore) la lecture du XXI n°56, où un article explique comment Lula a été emprisonné et Bolsonaro élu grâce à un procès truqué et de fausses accusations.
https://boutique.4revues.fr/revuexxi-56
Un mort du Covid sur 4 est brésilien. Et Bolsanaro n'est pas qu'n peu responsable.
Le président brésilien est considéré par beaucoup dans le pays comme le principal responsable de l’hécatombe actuelle, ayant tour à tour nié la réalité du virus, contré les mesures de distanciation sociale, promu sans réserves des traitements inefficaces comme la chloroquine et nourri des craintes fantaisistes sur les vaccins. A tel point que plusieurs des 74 demandes d’impeachment déposées à son encontre au parlement l’accusent de «génocide». En période de pandémie, pas moins de quatre ministres de la Santé se sont succédé, ballotés par les caprices absurdes du chef de l’Etat.
Pendant ce temps, le peuple a faim. Lundi, une étude montrait que depuis un an, plus d’un Brésilien sur deux a connu une forme d’insécurité alimentaire et plus de 19 millions de personnes souffrent de malnutrition. Une réalité presque invisible depuis les beaux quartiers du pays. Les maigres aides octroyées en 2020 aux travailleurs pauvres (environ 100 francs suisses pendant quelques mois) n’ont pas suffi. Or, la semaine dernière, le parlement estimait qu’une allocation d’urgence de 250 reais en moyenne (40 francs suisses) suffirait cette fois-ci. Pour autant, l’argent ne manque pas au Brésil, concentré entre les mains des plus riches, qui ont encore vu leur fortune augmenter en 2020.
Le cirque de Jair Bolsonaro n’amuse plus du tout les militaires brésiliens. L’armée pesait déjà de tout son poids, avec neuf représentants sur vingt-deux ministres et la désignation, le 14 février, à la tête du gouvernement, du général Walter Souza Braga Netto. Ce dernier assumerait désormais, si on en croit le journaliste argentin Horacio Verbitsky, le rôle de « président opérationnel ». Rien d’officiel pour l’heure, mais les autorités de Buenos Aires auraient été prévenues de façon informelle : « Cela n’équivaut pas à la déposition du président, mais à sa réduction à une figure de type monarque constitutionnel, sans pouvoir effectif. » Le procédé, s’il se confirme, tient du coup d’État à bas bruit.
Intéressant ; la seule question intéressante étant : l'armée rendra-t-elle le pouvoir ?
via OpenNews
Le site Alerta Social, en ligne depuis le mois de juin, veut recenser les droits supprimés depuis le début du gouvernement Michel Temer. Le dernier week-end des JO coïncidait avec le 100e jour de son mandat. Pour marquer le coup, le site a publié un autre bilan, bien plus long que la liste des médailles brésiliennes : une liste de « 100 droits perdus en 100 jours ».
Destitution de Dilma Rousseff : le témoignage d'un correspondant de l'AFP sur place, sur ce qui vient de se passer au Brésil, cette démocratie en train de glisser de plus en plus vite vers la République bananière, avant de retomber dans la dictature, allez savoir.
Mais sous cette surface feutrée se cache un autre scandale : environ soixante pourcent de ces sénateurs si bien habillés, aux chevelures impeccablement peignées, sont ou ont été en délicatesse avec la justice, certains pour avoir accepté d’énormes pots de vin ou pour détournements de fonds.
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Pour beaucoup, la présidente est destituée pour des raisons purement politiques, pas judiciaires. Elle est chassée pour incompétence, parce qu’elle n’a pas su enrayer le déclin de l’économie et parce qu’elle ne savait pas comment négocier avec le Congrès. Pour la majorité des Brésiliens, ce sont des raisons largement suffisantes. Mais dans une véritable démocratie, peut-on vraiment destituer un président simplement parce qu’on ne l’aime pas ?
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Son premier acte en tant que président par intérim, c’est d’annoncer un changement de cap radical par rapport à la politique de gauche qui avait valu à Rousseff d’être élue en 2014 avec cinquante-quatre millions de voix. Et pour prouver sa détermination, il nomme un gouvernement exclusivement composé d’hommes blancs.
L'équipe du film Aquarius, en montant les marches du Palais des festivals de Cannes, cet après-midi, était décidée à montrer au monde que la destitution de Dilma Rousseff était pour eux un acte politique très grave. Lors de la projection officielle du film, présenté en compétition, (lire notre critique) le réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho et ses acteurs, ont brandi des panneaux pour dénoncer le « coup d'Etat qui a eu lieu au Brésil ». A l'intérieur de la salle, le reste de l'équipe avait aussi déployé une banderole « Stop coup in Brasil » et des petites pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Le Brésil n'est plus une démocratie » ou « On va résister ».
Vu d'ici, et surtout vu la manière dont nos principaux médias rapportent la chose, la destitution de Dilma Rousseff semble être la preuve d'un grand élan démocratique, que le peuple et les députés tous ensemble se seraient ligués pour mettre sur la touche une présidente corrompue.
Que nenni. Je vous enjoint à lire le dernier numéro du Monde diplomatique (je ne touche pas de dividendes de leur part, je ne suis même pas abonné. Je trouve juste que c'est l'analyse la plus pertinente sur cette crise que j'aie lue à ce jour), qui consacre un dossier à cette histoire ; la qualification de coup d’État, peut-être un peu audacieuse, n'est pas arrivée là pour rien.
Pour simplifier à l'extrême, c'est tout ce que le pays compte de réactionnaires qui s'est ligués contre le parti de gauche au pouvoir. Une partie de la classe politique donc, mais aussi du pouvoir judiciaire, une grande partie de la presse (détenue par les entreprises aux liens forts avec les mêmes personnes) etc. L'article du Diplo rapporte des manifestations anti-Rousseff et anti-Lula, avec des banderoles du style "à cause de tes cadeaux aux pauvres, je n'arrive plus à payer mes domestiques". Et ce n'est pas de l'humour.
La gauche au pouvoir se serait, toujours pour simplifier, fait prendre au piège de n'avoir pas voulu, ou pas pu, réformer le système politique. En même temps, comment faire ? Toujours est-il que les faits sont là : en utilisant les armes constitutionnelles à leur disposition, les conservateurs ont réussi à faire ce qu'ils n'avaient pu obtenir par la voie des élections : renverser le gouvernement. Et c'est très grave, car quand on commence à détourner les procédures à d'autres fins que celles pour lesquelles elles ont été pensées, d'autant plus pour aller à l'encontre de la volonté exprimée par le peuple lors des élections , alors, on n'est effectivement pas très loin de la notion de coup d’État.
A lire une partie de la presse, le processus de destitution de la présidente Dilma Rousseff, enclenché le 17 avril par un vote du Parlement, témoignerait de la vigueur de la jeune démocratie brésilienne. C’est tout le contraire. En renonçant à réformer le système politique du pays, la gauche a armé le piège qui se referme aujourd’hui sur elle.
On pourrait même parler de coup d’État de basse intensité... C'est à tout le moins un retour réactionnaire hyper violent (j'ai lu l'article papier).
La police brésilienne est l'une des plus violente au monde... et les brésiliens "aiment" sur Facebook. Y'a pas dire, les différences culturelles, c'est quelque chose.
Pour l'Obs, littérature brésilienne = filles en bikini.
Excuse invoquée : « Comme il n'est pas facile de représenter 48 auteurs d'un coup, l'idée était de montrer le drapeau brésilien (sans les filles), mais le recadrage de l'image n'a pas fonctionné. C'est réparé depuis ce matin ».
Et faux cul avec ça.
EDF participe à la construction d'un monde meilleur.
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Je plaisante, bien sûr.
Je pense que tout le monde (même moi, c'est dire) a vu la photo du supporter brésilien moustachu qui pleurait avec son trophée. Ce qui est dommage, c'est que la photo suivante a beaucoup moins été partagée, et pourtant elle est bien plus belle : il file sa coup à une supportrice allemande en lui disant en substance de l'emmener jusqu'en finale, parce qu'ils l'ont bien mérité.
C'est même pas une vanne, je ne l'apprend que maintenant. C'est dire à quel point je m'intéresse ^^
J'ai des rides de joie en lisant l'article que Rue89 consacre à cet événement planétaire http://rue89.nouvelobs.com/2014/07/09/soir-bresil-a-vecu-nouveau-drame-national-253542
"Si vous avez raté le match entre le Brésil et l’Allemagne, ce mardi soir, ce n’est pas bien grave : on en parlera encore dans 100 ans."
Allez les mecs, continuez les manifs. Les rues sont à vous maintenant, et on va peut-être un peu plus vous écouter...
EDIT : hé hé
https://imgur.com/gallery/mjJaPQB
https://imgur.com/gallery/FGKc9Vs
via http://liens.tcit.fr/?j45tJQ
Réponse : OUI >> http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?h_ReRg
Une anecdote qui révèle bien à quel point le foot en général et la coupe du monde en particulier sont des "divertissements" (à prendre quasiment au sens pascalien du terme) qui ne visent qu'à endormir les consciences des spectateurs : lors du match d'ouverture, un jeune indien a brandi une banderole pour protester contre les injustices (lire l'article) dont son peuple est victime. Bel effort, mais vain : les images n'ont pas été retransmises... Magie de la technologie où l'on peut faire du "direct différé" permettant de censurer les fâcheux...
"Et oui, en ce moment même, au Brésil, on arrête, on tue, on torture des gens pour que les media de masse puissent servir leur grand-messe tranquillement."
Il faut lire cet autre article : http://reflets.info/nao-vai-ter-copa/ qui décrit la situation sociale et économique, et qui explique comment des manifestant ont "disparu" (oui, comme pendant la dictature). Enfin, pas tellement disparu, on retrouve leurs cadavres au bout de quelques jours...
EDIT : il y a une suite, où Reflets traite peu ou prou ses lecteurs d'abrutis http://reflets.info/vous-etiez-16-millions-a-voter-devant-lecran Ça m'agace un peu cette attitude de Reflets, dont j'ai déjà parlé. Je suis tout à fait d'accord avec ce qu précède, mais il est effectivement dommage de généraliser et, ne regardant pas le foot et excessivement rarement la télévision je peux me permettre cette remarque, je comprends que l'on puisse aimer le football en tant que spectacle : ce frisson collectif, ce suspens, le fait que rien ne soit joué jusqu'au coup de sifflet final... Oui, je comprends que ce soit un spectacle intéressant et palpitant. Perso, ça m'emmerde, les règles m’apparaissent aussi confuses que celles d'un tournoi de bridge, mais je fous la paix à ceux qui regardent, tant qu'ils ne viennent pas m'emmerder. Parce que finalement, tout tient dans cet axiome : à chacun son plaisir, tant qu'il n'emmerde pas les autres. Et je reconnais que c'est beaucoup demander à quelqu'un qui aime quelque chose de s'en priver pour des raisons militantes.