"La ferme Val de Seudre est celle de mon père. Il y pratiquait de la monoculture de maïs depuis trente-cinq ans. L’irrigation de sa seule exploitation représentait les besoins en eau d’une ville moyenne. Quand j’ai récupéré cette ferme en 2006, j’ai décidé de m’engager dans une activité plus respectueuse de l’homme et de l’environnement. Pour moi, c’était une question de responsabilité. Nous, les agriculteurs, mobilisons 70% des terres et 80% de la ressource en eau. Compte tenu des montants d’argent public que nous recevons, je me sentais le devoir d’être en adéquation avec les attentes de la société. Or, j’ai l’impression que l’agriculture intensive telle que nous la pratiquons depuis cinquante ans ne correspond plus à ce que veulent les gens."
Fort logiquement, ce mec volontariste et engagé a été... sanctionné.
L'article est malheureusement assez faible sur le fond : il ne nous dit pas pour quel motif ses subventions ont été réduites.
Voilà ce qui s'appelle faire un article alarmiste sur un sujet qu'on ne maîtrise pas, l'auteur de cette prose mélangeant visiblement un peu tout : les aides du premier pilier, les refus d'apurement, le registre parcellaire graphique...
Mais il faut dire que c'est assez long et très compliqué. Pour faire simple, les agriculteurs déclarent dans le registre parcellaire graphiques leurs surfaces agricoles (en gros, la taille des terres, le type de culture ou si c'est de la prairie) ; au fil des années, les recommandations de la Commission européenne en matière d'éléments à ne pas prendre en compte dans les terres agricoles s'est affiné : on ne compte bien évidemment pas les routes, mais aussi certains types de chemins, les bâtiments et autres structures "pérennes". Le hic, c'est qu'au fil du temps, ce qu'on pourrait le seuil de détection de ces éléments à été abaissé. En gros, on est passé de 3 ares à 1 are (et c'est pas beaucoup, 1 are).
Ce qu'évoque la fin de l'article avec les "300 personnes embauchées", c'est les CDD que les Directions départementales des territoires (l'échelon administratif étatique en charge de l'agriculture dans les départements) sont en train de faire turbiner sur le registre parcellaire graphique pour en enlever tous ces éléments de 1 are. Je ne sais pas si vous imaginez l'ampleur de la tâche (non, vous n'imaginez pas !)
Ensuite, le plus drôle : le calcul de la somme demandée par la Commission. Dans l'absolu, ce n'est pas idiot : les agriculteurs déclarent des terres qui n'auraient pas du l'être, la France ne met pas en oeuvre des moyens suffisant pour vérifier, on rembourse le trop perçu. Le problème, c'est que la Commission nous a un peu dans le pif pour deux raisons : 1/ ça fait plusieurs années qu'elle nous rappelle à l'ordre et qu'on lui répond avec le majeur 2/la France est le premier bénéficiaire du système PAC. Les deux raisons cumulées, ça fait un peu tache...
Là où l'Etat français a bien raison de contester, c'est que les trouzemille milliards demandés sont... une extrapolation sur la base d'audit de la Commission. Ils auditent x administrations chargées des contrôles, y exploitants contrôlés, ils relèvent les anomalies, et extrapolent à l'ensemble du territoire...
Entièrement d'accord avec l'article. Egoïsme, il n'y a pas d'autres mots pour qualifier leur attitude.