J'adore les gros livres.
TIL : en anglais,Sodome et Gomorrhe c'est "Les villes de la plaine". C'est joli, mais on perd une partie du sens, sauf à ce que pour un locuteur anglo-américain cette périphrase ne désigne que cet épisode biblique.
Ecoutez donc Guillaume Galienne lire Proust, vous verrez si c'est pas drôle !
La Recherche : un thread sur Mastodon, sur les impressions de lecture "en direct". C'est très drôle, vivement la suite.
Comment ne pas voir dans "cette erreur de Proust", ce "43", une voix de l'inconscient qui parle ? Ou, comme l'écrit le critique italien bouleversé par sa trouvaille, et citant Proust lui-même à propos des mystères du langage, "un exemplaire entre mille de ce magnifique langage, si différent de celui que nous parlons d'habitude, et où l'émotion fait dévier ce que nous voulions dire et épanouir à la place une phrase toute autre émergée d’un lac inconnu où vivent des expressions sans rapport avec la pensée, et qui par cela même la révèlent" ? Selon Lavagetto, cet accident narratif briserait tout le stratagème proustien pour concilier la première personne et le thème homosexuel. "Un vrai défi avec un héros hétérosexuel, note Antoine Compagnon, puisque Sodome est décrit comme un monde secret, mystérieux, interdit au profane".
Pour lever ce paradoxe de représenter l'homosexualité par le truchement d’un narrateur hétérosexuel, sans que celui-ci ne soit soupçonné d'être dans "le secret de Sodome", Proust aurait fait de son narrateur un voyeur qui espionne des homosexuels depuis les coulisses. Mais par ce lapsus qui le déplace dans la chambre de Charlus, le narrateur sortirait des coulisses et, par la même occasion, du placard. "Tous les retranchements voyeuristes, permettant de parler d’homosexualité malgré un narrateur à la première personne soi-disant hétérosexuel, s’effondrent d’un coup", résume Antoine Compagnon, à propos de la thèse de Lavagetto.
C'est fascinant de voir comment, 100 ans après la mort de son auteur, l’œuvre de Marcel Proust fascine toujours autant les critiques, et génère toujours autant de travaux et d'analyses.
"C’est l’histoire d’un jeune homme qui rêve de devenir écrivain, qui était persuadé de ne pas y arriver, et, qui, à la fin, y parvient. Cent ans après que Marcel Proust a mis le mot "fin" à A la recherche du temps perdu, comme il l’avait annoncé quelques semaines auparavant à sa gouvernante Céleste Albaret, et d’une manière qui n’était absolument pas prévisible, l'écrivain a pris une place gigantesque dans l'histoire de la littérature mondiale.
C’est cette place, c’est cette œuvre, c’est cet homme que les producteurs et les productrices de France Culture vont mettre en lumière pendant un an et deux mois, de septembre 2021 au 18 novembre 2022, jour du centième anniversaire de sa mort. De la littérature à la géographie, de la stylistique à la gastronomie, de la médecine à la diplomatie, de l’homosexualité au sublime amour de Swann pour Odette, de sa gloire internationale à ses adaptations cinématographiques, de ses personnages aux sujets nouveaux qu’il a apportés à la fiction et, de là, aux territoires de la pensée, Proust nous parle, aujourd’hui plus que jamais.
Proust ne veut pas être intimiste, l’homme d’un seul livre qui publie ses souvenirs et après cela, c’est fini. Il veut être l’égal de Balzac, de Stendhal, de Dostoïevski, des plus grands ! Les "soixante-quinze feuillets" sont devenus un brouillon, parce qu’il les a abandonnés, mais quand il les écrit, Proust croit que ça va être son livre. C’est cela que je trouve très extraordinaire. Moi, j’aurais été très content d’avoir écrit ça, mais pas lui, parce qu’il y a cette formule "Je sens un allons plus loin" qui va toujours le guider, dans l’approfondissement du texte, de la vie, de la pensée et de la poésie. Proust était porteur d’une œuvre qui le dépassait et qu’à force de travail, il rejoindrait cette image idéale.
J'ai bien aimé ce post de Tommy, mettant d'ailleurs certaines de ses préconisations en œuvre, comme lire dans le lit avec ma liseuse, et/ou relire quelque chose de connu.
En l’occurrence, je relis La Recherche du temps perdu, par petits bouts, et sans m'en faire une obligation, ayant commencé fin 2019 (après avoir commencé d'écouter les cours d'Antoine Compagnon sur Proust en 1913).
L'autre soir, j'ai donc relu ce passage de Combray, qui n'avait pas particulièrement attiré mon attention lors de la première lecture, et qui cette fois-ci m'a poussé à vérifier le lendemain, Phèdre en main, la véracité de mon intuition :
ma mère me trouva en larmes dans le petit raidillon contigu à Tansonville, en train de dire adieu aux aubépines, entourant de mes bras les branches piquantes, et, comme une princesse de tragédie à qui pèseraient ces vains ornements, ingrat envers l’importune main qui en formant tous ces nœuds avait pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux
Du côté de chez Swann, Partie I : CombrayQue ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !
Quelle importune main, en formant tous ces nœuds,
A pris soin sur mon front d'assembler mes cheveux ?
Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.
Phèdre, Acte Scène 2
Je me demande combien d'autres citations de ce type peut-on trouver dans La Recherche ?
Jamais jusqu’à la crise que nous vivons Antoine Compagnon n’aurait imaginé qu’un jour il en viendrait à rendre public son prochain livre chapitre par chapitre, en ligne et gratuitement. [...] « Personne n’avait fait ce travail avant et si je m’y suis mis, c’est aussi en contrecoup à un air du temps appuyé sur certaines publications qui tendent à faire de Proust un antisémite ! » explique Antoine Compagnon, reconnaissant que son titre « Proust sioniste » lui est venu en réaction à l’essai d’Alessandro Piperno Proust antijuif et à d’autres de la même encre.
Ça se passe donc ici :
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Proust-sioniste.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-1-Ultima-verba.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-2-Menorah.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/pisode-3-Une-question-oiseuse-.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-4-Le-meme-degre-d-heredite-que-Montaigne.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-5-La-Revue-juive.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-6-Le-style-du-rabbin.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-7-Se-faire-un-trou-dans-la-bourgeoisie-francaise.htm
https://www.college-de-france.fr/site/antoine-compagnon/Episode-8-Le-Zohar-ou-LAstree.htm
J'avais déjà parlé des cours d'Antoine Compagnon sur Proust ici : Et quand je ne joue pas... Proust en 1913
Directeur général délégué du Musée du Quai Branly - Jacques Chirac, président de la Société des Amis de Marcel Proust, collaborateur du magazine Diapason, l’écrivain Jérôme Bastianelli publie La vraie vie de Vinteuil chez Grasset, une "biographie fictive fondée sur des faits réels de l’histoire musicale et politique du XIXème siècle".
Un résumé de la Recherche.
Racine du site : texte intégral http://alarecherchedutempsperdu.com/
Un blog consacré à la Recherche.
Resemblance is my attempt to portray Proust’s characters from Proust’s words. There are seventy-four characters in Resemblance, and four incidental landscapes. Each painting is accompanied by a passage from the novel.
Des portraits réalisés d'après leur description dans La Recherche.
C'est con, mais je trouve ça émouvant.
Lien vers le film : https://www.classiques-garnier.com/editions/
EDIT : point de vue aussi intéressant qu'au final évident de la part d'André Gunthert : on ne peut absolument pas être sûr que ce soit Proust, c'est peut-être juste un journaliste qui "couvrait" l'événement
http://imagesociale.fr/4121
Je viens juste de commencer La Fugitive ; on tient le bon bout...
Un peu capillotracté leur histoire là... et l'épisode des pavés de l'hôtel de Guermantes est effectivement tenu par les (proustiens ? proustologues ? proustophiles ?) comme le pendant de celui de la madeleine.
Claro se lance dans une nouvelle lecture de Proust.
C'est étourdissant.
Suite :
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/09/soudain-proust-episode-2.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/09/soudain-proust-episode-3.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/09/soudain-proust-episode-4.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/09/soudain-proust-episode-5.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/09/soudain-proust-episode-6.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/10/soudain-proust-episode-7.html
http://towardgrace.blogspot.fr/2015/10/soudain-proust-episode-8.html
"Marcel Proust passe pour le prototype de l'écrivain désengagé, exclusivement attentif à son œuvre. Mais le dernier volume de « A la recherche du temps perdu, Le Temps retrouvé », constitue aussi un très grand livre sur la Première Guerre mondiale dans lequel l'écrivain peint la fin d'un monde et réfléchit sur le rôle que la littérature a à jouer à l'ère de la propagande, du patriotisme et du massacre de masse."
Tout un programme hein... Mais ce lien, associé à celui-ci http://www.em-consulte.com/rmr/article/187408 permet de mieux saisir à quel point Proust a dû déguster avec son asthme, qui était sévère, et à une époque où ne l'on ne le soignait quasiment pas.
Sans aller jusqu'à dire qu'il n'aurait pas écrit La recherche s'il n'avait pas été malade, sa maladie a eu une influence prépondérante sur son mode de vie, et donc peut-être en partie sur son œuvre.