En mangeant, j'ai lu le canard local (Le Bien Public, dont j'aime bien me moquer de temps en temps), et ce que j'y ai vu aujourd'hui montre bien l'emprise de l'alccol dans notre société.
Mais voyez plutôt :
Celles et ceux qui ont décidé de suspendre ou réduire leur consommation d'alcool en page 2 vont avoir du mal à tenir jusqu'à la fin du journal !
Pas abonné, mais je crois que le titre de l'article résume bien son propos.
Ces arbitrages ne surprennent pas Myriam Savy, directrice du plaidoyer au sein de l’association Addictions France. “Les campagnes de prévention à destination des jeunes ou des femmes enceintes ne dérangent pas les alcooliers car elles sont ciblées”, explique-t-elle. En revanche, les deux campagnes censurées “visent la population générale qui consomme de manière régulière de l’alcool. On leur dit ‘l’alcool comporte un risque pour la santé. C’est un facteur de risque de cancer’. Et ça, la filière alcool n’aime pas.”
On a un putain de problème d'alcool dans ce pays.
Rappel, un shaare de 2018 : Le vin est-il une boisson alcoolisée comme les autres ? [Réponse : oui]
"Une molécule de vin et de whisky a le même degré d'alcool, mais je ne bois pas des molécules, je bois des verres", a aussi plaidé Didier Guillaume.
T'as bien raison Didier ! Allez, sers-nous son p'tit frère ! Tu vas pas rentrer sur une seule jambe hein !
Le contexte de toute l’affaire, le voici : début février 2018, sur France 2, la ministre de la Santé Agnès Buzyn a lancé un pavé dans la tonnelle, en faisant une déclaration dont elle avait pesé tous les mots :
« L’industrie du vin laisse accroire que le vin est un alcool différent des autres alcools. Or, en termes de santé publique, c’est exactement la même chose de boire du vin, de la bière, de la vodka ou du whisky. Il y a zéro différence. On laisse penser à la population française que le vin serait protecteur, apporterait des bienfaits que [ne conféreraient] pas les autres alcools : c’est faux. Scientifiquement, le vin est un alcool comme un autre. »
Cette phrase est anthropologiquement, ontologiquement, métaphysiquement, euh pardon scientifiquement ça suffira, absolument EXACTE.
Je vous laisse le plaisir de la lecture de l'article pour vous en convaincre.
En revanche… bien des politiciens, le président compris, ont joué la carte du « moi j’aime boire donc elle doit avoir tort ». Même levée de bouclier chez certains médecins qui ont un pied dans un vignoble, ou qui sélectionnent dans la littérature les travaux qu’ils peuvent interpréter dans le sens de leurs préjugés ou de leurs intérêts. L’affaire en dit long sur leur rapport à la vérité.
Je ne suis pas vraiment d'accord avec cet article, mais ce passage donne à réfléchir :
C’est en lisant ce communiqué que j’ai eu envie de me mettre une énorme taule. C’est normal ? Anne Coppel :
« A force de réprimer des pratiques existantes, on normalise et on accentue des comportements à risque. Il faut des approches plus tolérantes et plus réalistes. La prohibition des drogues mène à des catastrophes. Ce qu’il faut, ce sont des politiques de réduction des risques. Il faut prendre en compte les usages et leurs réalités, reconnaître le besoin de fête, de relâchement, d’ivresse, puis travailler dessus. »
En bref, si vraiment vous vouliez vous adresser aux jeunes, vous gagneriez à leur apprendre à... boire, dit la chercheuse.
« Ces comportements ne sont pas pathologiques... Ils ont un sens, rituel, social, etc. »
Comment aider un ami en coma éthylique ? Ou encore comment être joyeux sans être malade ? Comment écouter son corps ? Comment reconnaître qu’il nous suggère de faire une pause ou d’arrêter ?
J'étais tout prêt à accorder un sauf-conduit à Facebook, arguant du fait que le réseau n'y est pour rien dans la connerie des jeunes, mais une des dernières phrases de l'article m'a fait bondir : "Le gouvernement d'Irlande a demandé à Facebook de proscrire toutes les pages liées au jeu, ce que le réseau social a refusé, arguant que ses membres étaient libres de partager les contenus de leur choix tant qu'ils ne violaient pas ses règles d'utilisation." On retrouve bien là toute l'hypocrisie de Facebook : toutes les images qui pourraient éventuellement faire penser, en fermant un œil dans le noir, à un nichon, doivent être censurées sans délai. Par-contre, l'incitation à l'alcoolisme, à la haine raciale etc. non, non, pas de problème, allez y.
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