C'est ensuite à travers les mots de celui qui, dès 1803, imposa par exemple aux Juifs l'utilisation des prénoms du calendrier grégorien, les forçant à renoncer aux prénoms hébraïques, que Darmanin fait entendre la nature de cette politique d'intégration. « Notre but est de concilier la croyance des Juifs avec les devoirs des Français, et de les rendre citoyens utiles, étant résolu de porter remède au mal auquel beaucoup d'entre eux se livrent au détriment de nos sujets » expliquait ainsi Napoléon dans une lettre de 1806 citée dans le livre. « Une lutte pour l'intégration avant l'heure » selon Darmanin, conquis. Ce discours distinguant et séparant les Juifs, et « le mal auquel beaucoup d'entre eux se livrent au détriment de nos sujets », des Français n'est par ailleurs pas sans rappeler la rhétorique qui aujourd'hui ne manque souvent pas d'exclure les musulmans du peuple français.
C'est ainsi chez celui qui déclarait que « les Juifs ne sont pas dans la même catégorie que les protestants et les catholiques » et qu'« il serait dangereux de laisser tomber les clefs de la France, Strasbourg et l'Alsace, entre les mains d'une population d'espions qui ne sont point attachés au pays » que Darmanin revendique les racines de sa « lutte pour la laïcité ». Une lutte qui n'est toujours qu'une politique de négation de leur culture par la force pour les Juifs hier comme pour les musulmans aujourd'hui. Une nouvelle démonstration de comment, dans la bouche des grands défenseurs de la République, la lutte pour la laïcité n'est toujours qu'une couverture aux politiques les plus racistes et discriminantes à l'égard des minorités religieuses du pays, politiques qui ne se cachent en réalité que peu de leurs relents réactionnaires.
Gérald Darmanin ajoute avec ce livre, aux étiquettes de ministre agresseur, islamophobe ou encore défenseur de l'Action française, celle d'antisémite, renforçant son image de personnalité du gouvernement parmi les plus ouvertement réactionnaires. Emmanuel Macron n'a par ailleurs pas pris la peine de réagir aux propos de son ministre, sans grande surprise de la part du président, très complaisant à son sujet depuis le début, qui déclarait il y a quelques mois que les accusations de viols qui visaient Darmanin n'étaient « pas un obstacle » à sa nomination. Le tout dans un silence complice des grands médias, à l'image de son passage ce mercredi matin au micro de BFMTV-RMC face à Jean Jacques Bourdin qui ne l'a nullement inquiété sur cette nouvelle affaire.