Pour avoir enquêté sur les contrats passés entre l’armée et des entreprises privées, le cofondateur de Disclose et deux journalistes de Radio France sont convoqués par les services de renseignement intérieur français.
Le sentiment croissant d’injustice qui accompagne cette évolution sape la « légitimité démocratique », dont parle Paul Tucker dans son livre Unelected Power. Au sein d’une économie mondiale dont les membres sont fortement interconnectés entre eux, les mesures prises par un seul pays (par exemple le choix du montant des taxes douanières, du montant des taux d’intérêt ou d’une politique d’expansion monétaire) peuvent avoir des répercussions bien au-delà de ses frontières. Ainsi les Mexicains se préoccupent non seulement de l’élection de leur propre président, mais également de celle du président des Etats-Unis, alors qu’ils n’y participent pas. En ce sens, la mondialisation conduit tout naturellement à l’érosion de la démocratie.
Dans ce contexte, il n’est guère surprenant que la politique soit elle aussi en plein remaniement. Le sentiment de frustration d’une grande partie de la population crée un terrain propice au tribalisme – ce que des politiciens comme Trump et Bolsonaro exploitent à fond.
La notion de "tribalisme politique" est intéressante.
Monique Pinçon-Charlot s’est retrouvée prise au piège d’un plateau comptant pas moins de 13 invités et d’une parodie de débat au cours duquel les fondés de pouvoir médiatique de l’oligarchie, encouragés par l’animateur, rabâchèrent leurs éternelles inepties contre les « assistés » et les « fraudeurs ». Impossible dans ces conditions pour la sociologue de faire valoir ses analyses, étayées par des décennies de recherche, et pourtant ramenées à de simples opinions.
En conclusion, ces deux annonces dessinent un discours général assez net : soumettez-vous à Facebook, car lui seul peut vous protéger (ne comptez pas sur l'État, qui lui a délégué ce rôle). L'entreprise ne se prive d'ailleurs pas d'expliquer être « confiante que l'IA va devenir un outil plus important dans l'arsenal de protection et de sécurité sur l'Internet »5. Internet est dangereux, prenez refuge sous l'hégémonie de multinationales totalitaires, vite !
Ca fait froid dans le dos.
Nathalie Kosciusko-Morizet affirme qu’elle ne gagnera pas
La candidate s’est démarquée de ses concurrents en conclusion du troisième débat télévisé, en admettant qu’elle ne gagnerait pas la primaire. « Tous mes concurrents ici, proclament, ou ont proclamé à un moment ou à un autre qu’ils allaient gagner la primaire quand bien même ils savaient que c’était faux. Alors, pour ma part, je sais que ce ne sera pas le cas », a expliqué Nathalie Kosciusko-Morizet.
La députée LR de l’Essonne a ensuite ironisé sur ce qu’elle considère les points faibles de ses rivaux, en visant successivement, sans les nommer, Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire : « Au premier tour, on choisit. Il y a plusieurs projets qui sont proposés : il y a la revanche, la nostalgie, la déprime, un renouveau qui voudrait se limiter à changer les hommes, moi je propose une autre voie ».
J'ai recherché cette tirade parce que Schneidermann l'évoque dans sa chronique sur Rue89.
Je vais vous dire un truc : j'avais prévu d'aller voter à la primaire de la droite ce dimanche. Juste pour empêcher Sarkozy de passer. Quitte à avoir un deuxième tour avec Le Pen, autant que ce soit contre quelqu'un d'autre que lui. C'est vous dire le niveau de désespoir de ce pays (mon niveau de désespoir ?). Mais bref.
Je connais aussi la position de certain·e·s d'entre vous, arguant que voter c'est au final contribuer à soutenir ce système que l'on dénonce ; mais je n'arrive pas encore à franchir le pas. Quand MLP sera présidente, on aura l'air malin, avec nos grands principes. Alors pour le moment, je préfère voter. Je vote contre -je crois que je n'ai jamais voté pour quelqu'un ou quelque chose- c'est triste, c'est pitoyable, mais c'est tout ce qu'on a. Ça, ou faire la révolution. Mais une révolution c'est long, ça fait des trous dans la peau des gens qui n'ont rien demandé, et le résultat n'est pas toujours garanti.
Tout ça pour dire qu'hier matin j'ai pris le journal et 10 minutes, et j'ai survolé le programme de ces gens. Je dois confesser que ma résolution a bien failli flancher. C'est un peu comme si j'avais décidé d'aller me faire arracher un ongle pour lutter contre la faim dans le monde, voyez ? Ça fait mal et on est plus très sûr que ça en vaille la peine.
Mais j'ai finalement décidé de voter pour NKM. Non pas que son programme soit moins ignoble que celui des autres, mais parce qu'elle est une femme, et que j'ai l'espoir un peu vain que cet acte contribue un peu -un tout petit peu- à fendiller ce plafond de verre tellement solide que les américains ont préféré élire un fou plutôt qu'une femme à la tête de leur pays. Je dois dire que son tacle à l'encontre du quatuor cité en exergue de ce shaare m'a pour le coup renforcé dans ma timide conviction.
Je considère qu'il faut à la fois limiter le cumul des mandats en nombre et dans le temps car on ne peut pas être partout et bien faire plusieurs choses à la fois. C'est pourquoi je m'applique cette exigence à moi-même, comme je m'étais appliqué le non cumul avec un exécutif local dès le lendemain de mon élection en tant que député en 2012, bien avant le vote de la loi qui s'appliquera à tous en 2017. On ne peut pas regretter de voir les mêmes têtes depuis des décennies et en même temps reproduire des schémas identiques, même quand on est plus jeune.
Retenez bien son nom, c'est un des seuls représentants d'une espèce rare : l'homme politique partisan du nom cumul des mandats. Non cumul dans le nombre, et dans la durée. Une personne, une élection, une seule fois. Rien que pour ça, il a gagné mon respect.
Il a 38 ans, et il renonce à se représenter, considérant que l'on peut "mener des combats" autrement : dans le monde professionnel ou associatif par exemple.
Miam J'attends la suite.
"Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c'est-à-dire traversée par des contradictions d'intérêt et qui se fixe comme modalité, d'associer à parts égales, chaque citoyen dans l'expression de ces contradictions, l'analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d'arriver à un arbitrage." - Paul Ricœur
Résumé à l'usage de ceux qui n'avaient pas suivi (dont moi) :
l’État a complétement foiré dans sa mission de protéger un témoin capital dans la recherche des auteurs des attentats du 13 novembre (que les causes de cet échec soient à rechercher du côté de l'inadaptation de la procédure n'est pas une excuse recevable).
Pour des raisons qui nous échappent encore à l'heure actuelle, BFMTV publie le témoignage de cette personne, désemparée, qui confie avoir perdue toute sa vie dans l'histoire (travail, famille, amis... jusqu'à son identité).
Réaction de l’inénarrable proc' Molins, dont la presse française chante les louanges ? (Cf. http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?searchterm=Molins) Ouverture d'une enquête pour "mise en danger de la vie d'autrui". Si, si, vous avez parfaitement compris : les flics n'ont pas su protéger leur témoin capital, mais c'est la faute de BFMTV, pourtant intervenu après.
Saloperie de bas étage. Que cette grossière manœuvre d’intimidation ne trompe personne : la presse n'est plus libre.
On n'a pas osé faire voter la censure de la presse (Cf. http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?MqQ3Lg), mais le pouvoir nous démontre qu'il n'en a pas besoin, il a d'autres outils à sa disposition.
Intéressant.
"Érigé en priorité absolue, l’impératif de sécurité change souvent de prétexte (subversion politique, « terrorisme ») mais conserve sa visée : gouverner les populations." Pour faire court : "puisqu’il est vain ou en tout cas coûteux de gouverner les causes, il est plus utile et plus sûr de gouverner les effets"
"Si des critères biologiques qui ne dépendent en rien de ma volonté déterminent mon identité, alors la construction d’une identité politique devient problématique."
"Son président [de la CNCTR] Francis Delon était à la tête du secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale. C’est dire sa proximité avec les services de renseignement. Qui mieux que lui pour surveiller les services ? Il est heureux que le gouvernement ait choisi un homme du sérail plutôt qu’une personnalité reconnue pour son engagement dans le domaine de la protection de la vie privée, du droit à la confidentialité des échanges, des Droits de l’Homme… Cela aurait pu entraver le bon déroulement des opérations à venir. "
CNCTR = Commission nationale de contrôle des techniques de renseignement
Lire http://pixellibre.net/2015/03/quelques-observations-sur-la-cnctr/
Il est compliqué ton devoir...
Parce que je n'ai pas le temps de fouiller, juste une remarque : cette infographie entretient la confusion entre "démocratie" (et sa définition) et "souveraineté nationale / populaire". Clairement, depuis la Révolution française à peu près, nous vivons sous le régime philosophiquement bancal de la souveraineté nationale : le peuple transfère sa souveraineté à une entité abstraite, la Nation, laquelle n'existe qu'à travers ses représentants élus. (N.B. : laquelle a succédé au concept supra-simple de souveraineté royale, où l’État se confond avec la personne du roi.)
On l'oppose au concept de souveraineté populaire où, comme son nom l'indique, c'est le peuple qui détient la souveraineté et en exerce les prérogatives. Mais derrière cette définition en apparence simple, se cache bien des difficultés : comment le pouvoir peut- il être exercé directement par 60 millions de personnes (bon, allez, 40, on va pas compter les enfants) ?
De fait, opposer élection et démocratie n'a pas de sens. Autant opposer nouilles et tartine à la confiture. Ce n'est pas tant l'élection le problème, ce sont les personnes qui peuvent s'y présenter / qui se sentent autorisées à participer au système / qui ont les moyens financiers-culturels-éducatifs de participer au vote et/ou à l'élection...
Pour le reste... Chais pas. J'ai une tendance viscérale à me méfier de ce qui parait trop facile, trop simple, trop évident. Je ne vois pas en quoi le tirage au sort résoudrait tous les problèmes. (Entre élire un incompétent et courir le risque de tirer au sort un psychopathe, vous préférez quoi ? Il est où le choix dans le tirage au sort ?)
Et la tarte à la crème du référendum d'initiative populaire... Z'avez vu ce que ça donne en Suisse ? Je l'ai toujours dit : si vous voulez des lois (encore plus) racistes, rétablir la peine de mort, ou je ne sais quel truc bien glauque et réac, rien de tel qu'un bon référendum "d'initiative" "populaire". Les deux mots sont entre guillemets, car les deux sont des faux amis : ne me faites pas croire qu'il n'est pas possible de manipuler l'initiative populaire... Ce n'est pas le "peuple" qui remporterait une telle consultation, mais le parti le plus mobilisé/organisé/discipliné... Sans compter que rien de tel qu'une bonne campagne médiatique pour faire gober au "peuple" tous les sujets que vous voudrez. (ce n'est pas comme si on faisait des campagnes électorales quasi-exclusivement basées sur l'insécurité et l'immigration, voire la prétendue corrélation qui existerait entre l'une et l'autre, hein).
Allez, j'ai commencé, je continue. Contrôle de l’État sur les médias ? Je me gausse. Réglons déjà le contrôle des entreprises privées sur les médias, ça améliorera grandement la démocratie et le débat public.
Vous voulez des exemples ?
Bon allez, j'arrête là.
Sous couvert de bonnes intentions, ça pue ce truc.
EDIT : Cf. ce que je disais en mars 2014 : http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?UhluUQ
Encore un mot sur Larry Lessig...
Sa révolte n'est pas nouvelle, mais la mort d'Aaron Swartz a servi d'élément déclencheur. Le reportage de Flore Vasseur, publié dans le N°27 de XXI, le montre bien. A cette époque (août 2014), Lessig était encore engagé (ou venait de terminer, je ne sais plus), sa longue marche à travers le New Hampshire (Cf. http://www.lemonde.fr/politique/article/2014/01/16/lawrence-lessig-les-citoyens-et-non-les-lobbys-doivent-financer-la-politique_4349375_823448.html?xtmc=lessig&xtcr=1).
Voir aussi : http://www.arte.tv/guide/fr/046446-126/square-tedstories
Juste pour le plaisir de te contredire, je pourrais te dire que cette procédure a été utilisée parce qu'elle est explicitement prévue par la constitution, et que cette constitution a été votée par le peuple... mais bon. Il faudrait rentrer dans les détails, et analyser QUI a proposé cette constitution, et pourquoi elle a été adoptée PARCE QUE cette personne là le demandait.
Donc sur le fond, je suis d'accord avec toi, mais avec un léger décalage de point de vue (et un désaccord sur le sous-entendu final : non, nous sommes pas encore sous un régime de tyrannie) : ce n'est pas tant le fait que ces "outils" législatifs existent qui est un problème, c'est la façon dont on s'en sert. Je vais prendre une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut : si je possède l'arme nucléaire, je serais le roi des abrutis de m'en servir au moindre prétexte contre mes voisins : les conséquences pourraient être incalculables à moyen / long terme.
On est un peu dans cette situation en fait. Le gouvernement possède l'arme nucléaire, qui permet de faire passer sans vote à peu près ce qu'il veut, pour une seule raison : le fait majoritaire. Parce que tous, y compris ceux qui gueulent le plus fort (les "frondeurs", j'ai déjà dit ce que je pensais de ce terme http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?searchterm=frondeur), j'ai bien dit tous, veulent que leur parti restent au pouvoir, même s'ils ne sont pas d'accord avec les décisions prises. C'est qu'ils ont -tous- trop d'intérêts (clientélistes le plus souvent) en jeu.
Ce système n'a de démocratie que le nom. Le peuple devrait avoir le pouvoir. Au lieu de ça, il le transfère à une caste minoritaire de gouvernants "de métier", qui ne vivent QUE pour le pouvoir. La boucle est bouclée.
Pourquoi ne sommes nous pas sous un régime de tyrannie ? Parce qu'on peut, au final, choisir nos dirigeants. Votez... ou engagez-vous politiquement. Vous pouvez encore faire bouger les choses.
Oups, I did it again.
"Depuis de longues années, je pense que notre démocratie est moribonde, si pas morte. Notre régime a l’odeur, la couleur, la forme de la démocratie ; mais ce n’est qu’un linceul. Nous avons, petit à petit, renoncé à nos valeurs pour nous soumettre aux « valeurs » strictement économiques : au diktat de la dette [...], à la suprématie de la sécurité sur la liberté (la sécurité fait vendre), laquelle « liberté » se réduit à une parodie : liberté d’acheter et de dépenser un argent toujours plus difficile à gagner, quitte à s’endetter (on y revient)."
Il faudrait citer ce texte en entier en fait : "Il y a un autre ennemi interne : l’extrême droite et le populisme. Ne nous leurrons pas : l’extrême droite est l’alliée objective de ces terroristes, même si elle proclame plus ou moins haut et fort sa haine de l’islam. Et il est fort peu probable que des djihadistes quelconques s’attaquent jamais, en Europe, à des membres de cette extrême droite. Outre que l’antisémitisme les réunit, les démocrates sont leurs ennemis communs, et il n’est écrit nulle part, dans les arts de la guerre, qu’il faut s’aimer pour être alliés."
"Les terroristes qui ont abattu les journalistes de Charlie Hebdo savent que nous sommes d’irréductibles sentimentaux. Un otage occidental nous fera crier au scandale et pleurer, alors que les Syriens abattus par dizaines à côté de lui ne seront qu’à peine mentionnés. [...] La mort de la démocratie se jouera sur différents modes ; une momie élégante que l’on viendra visiter là où le pouvoir d’achat sera maintenu, des charniers hideux dans les zones grises et non touristiques là où il n’y a aucun espoir de voir les populations devenir des consommateurs « utiles ». Les survivants auront compris que la liberté de pensée nuit gravement à la santé, même sans abuser, et qu’il vaut mieux fermer sa gueule si on a la possibilité de vivre « confortablement »."
Il est effarant de constater à quel point le cumul des casquettes (on ne parle même pas de mandats...) peut conduire à des aberrations politiques, économiques, écologiques... La dernière image est frappante :
Sur Presumes-terroristes.fr, la Quadrature du net, la Ligue des Droits de l’Homme, Framasoft, le Parti Pirate, Reporters sans frontières et le Syndicat de la magistrature s’opposent d'une même voix au projet de loi contre le terrorisme. Parce que pour l’État, nous sommes tous des terroristes présumés. Parce qu'une fois de plus, on légitime le blocage administratif de sites web. Parce qu'une fois de plus, on surveille tout le monde, et on établit une suspicion d'office : la fréquentation de sites réputés "terroristes" et le fait d'effectuer certaines recherche sur internet pourra vous valoir des ennuis.
via http://my.shaarli.fr/Dexter/?HlGHdA
Remarque perso : cette loi est certes juste de la comm, mais si elle passe, elle renforcera et légitimera a posteriori l'arsenal répressif déjà en vigueur. On n'a pas eu besoin de cette loi pour embastiller Adlène Hicheur, ce physicien du CERN coupable d'avoir discuté trop complaisamment avec des "terroristes" sur internet. Vous aviez oublié ? Moi pas. https://fr.wikipedia.org/wiki/Adl%C3%A8ne_Hicheur
A suivre. Espérons qu'il en sortira du positif.
via Seb Sauvage
Ah ! Super ! A lire très vite :)
via et de http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?xsxXuQ
C'est la suite de : http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?xz2gRg à propos de quoi je voulais émettre ma petite remarque. J'ai eu un prof de droit constit qui nous expliquait un peu ce que tu dis, à savoir que :
Un rappel salutaire, merci. Surtout ça : https://fr.wikipedia.org/wiki/Hitler#Destruction_de_la_d.C3.A9mocratie_.281933-1934.29 On a beau l'avoir appris à l'école... La démocratie est avant tout un vouloir-vivre ensemble ; toutes les constitutions du monde, tous les gardes-fous légaux ne protègent pas contre une envie d'ordre, de sécurité, de haine de l'autre... Je parle des nazis, what else ?