Selon la loi, une fois l’instruction d’un dossier terminée, il n’est plus possible de soulever des vices de procédure. L’article 385 du code de procédure pénale le dit.
[...]
Sans se prononcer sur le fond, le Conseil constitutionnel a décidé d’abroger jeudi un alinéa de cet article 385, le jugeant contraire à la Constitution – en particulier contraire aux « droits de la défense » et au « droit au recours ».
On s'en branle de Fillon et Sarkozy. Ils ont été condamnés une première fois, ils le seront à nouveau ; leur QPC, c'était juste une manœuvre pour retarder l'échéance de la taule.
Ce qui est fondamental dans cette décision du Conseil Constitutionnel, c'est cette abrogation : elle n'a pas été décidée que pour ces deux deux anciens dirigeants, mais concerne bel et bien l'ensemble des justiciables.
Comme d'habitude, nous vous contentez pas des raccourcis journalistiques, allez lire la décision en entier (c'est pas si long) :
https://www.conseil-constitutionnel.fr/decision/2023/20231062QPC.htm
"Sur le plan juridique nous nous félicitons de cette décision qui rappelle des évidences, qui avaient été ignorées par le gouvernement, comme la distinction entre les violences et les dégradations, mais aussi le fait que l'appel à la désobéissance civile n'est pas punie par la loi et ne peut pas justifier de dissolution. Enfin, l'importance de la liberté d'expression et de la liberté d'association. Ce sont tous ces principes que rappelle le Conseil d'Etat et qui ont été ignorés par le gouvernement", a développé Raphaël Kempf. "Cela met fin à cette dérive vers l'arbitraire de M. Darmanin", a estimé l'avocat.
Spoil: ce n'est pas la Justice qui les motivent, ce sont des enfants de bourgeois, l'injustice ils n'ont jamais connu, comment ils pourraient rendre Justice objectivement.
Ce n'est pas faux, mais je pense que la réalité est plus prosaïque. Il n'est pas ici question de "justice", au sens de cet idéal à jamais inatteignable, mais de droit. Et le droit est élaboré par (et dans une certaine mesure, pour) les dominants. C'est sans doute un détail, au final les 2 facettes se rejoignent, mais je trouve que ça explique pas mal de choses. Tu ne peux pas espérer t'en sortir sans dommages quand tu es confronté, quand tu affrontes (il n'y a pas d'autres mots) une justice avec des règles qui n'ont pas été pensées pour toi, ta classe sociale, etc. ou si c'est le cas, seulement dans un sens répressif.
Il s'en prépare de jolies choses dites donc.
Surtout, l’article 3 du projet prévoit l’activation à distance de tout appareil électronique dont les téléphones portables en vue d’une captation de son et d’image.
- Cette possibilité nouvelle de l’activation à distance de tout appareil électronique dont le téléphone portable de toute personne qui se trouve en tout lieu constitue une atteinte particulièrement grave au respect de la vie privée qui ne saurait être justifiée par la protection de l’ordre public. En outre, le projet n’interdit pas, par leur collecte, l’écoute des conversations dans son cabinet, entre l’avocat et son client, même si leur transcription est prohibée. Il s’agit-là d’une atteinte inadmissible et contraire au secret professionnel et aux droits de la défense.
Ces dispositions apparaissent contraires à la Constitution, à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales ainsi qu’à la Charte des droits fondamentaux de l’Union Européenne.
Dans un arrêt qui devrait faire date, la Cour de Justice de l'Union européenne juge que la directive dite « Police-Justice » ne s'oppose pas à la collecte « forcée » de données biométriques et génétiques par les services de police, mais « uniquement en cas de nécessité absolue »
via Seb Sauvage
Tutafé.
Vous noterez au passage le caractère libéral (au sens économique du terme) qui hiérarchise les droits fondamentaux dans cet ordre 1/ la liberté, 2/ la propriété et seulement en 3/ la possibilité de ne pas aller en prison de manière arbitraire. La résistance à l'oppression, je n'en parle même pas ; telle qu'elle était conçue par les rédacteurs de 1789, elle vaudrait aujourd'hui la qualification d'apologie du terrorisme ou de la sédition armée.
Il faut bien avoir en tête que la DDHC de 1789 a été rédigée par une classe en particulier, la bourgeoisie, et pour assouvir ses besoins propres : elle possédait déjà le pouvoir économique, et rêvait d'accéder au pouvoir politique, détenu -pour faire court- dans les seules mains du roi. Le si vanté De l'esprit des lois de Montesquieu ne dit pas autre chose quand il parle de la "séparation des pouvoirs" : l'idée, c'était d'enlever un peu de pouvoir au roi, pour en donner à nous. Certainement pas à la populace.
Le PdR dit des conneries, sachez bien qu'il le fait sciemment et point par ignorance. Lui, comme tous ses prédécesseurs et successeurs. Faudrait voir à pas trop donner des idées de liberté, de résistance à l'oppression et tout ça au bas peuple.
Pas convaincu ?
Sachiez-tu que la Constitution de la Vème République, dans son préambule, ne renvoie pas vers UNE mais DEUX déclarations des droits ? Et qu'elles sont un peu contradictoires ? La première, c'est la fameuse DDHC de 1789, que tout le monde connait mais que personne n'a vraiment lu. La seconde, c'est le Préambule de la Constitution de 1946, auquel il est toujours fait référence dans le Préambule de 1958. Et qui continue donc de s’appliquer. Celui-là, personne ne le connait, mais tout le monde rêverait de l'appliquer.
Jugez plutôt :
Les derniers paragraphe ont un fort relent de colonialisme, c'est normal, les guerres d'Indochine et d'Algérie n'ont pas encore eu lieu.
Mais quand même. Allez lire ce texte. Pensez à tout ce qui n'est plus appliqué, à tout ce qui ne l'a jamais été. Faut bien comprendre, là aussi, le contexte : on est à la fin de la guerre, on se monte un peu le bourrichon entre potes de la Résistance, c'est l'euphorie, on va changer le monde... et puis bon, finalement, faudrait pas faire croire qu'on est communistes, on a bien rigolé mais on va mettre ça dans un cadre avec des dorures et ne pas trop en parler.
Après une nouvelle plainte, le médiatique microbiologiste de Marseille accusé d'"information erronée du public", va devoir s'expliquer devant ses pairs et s'expose à une sanction exemplaire.
Mon moral vient de remonter d'un coup.
il est demandé aux fonctionnaires de procéder à des arrestations préventives, ce qui est illégal.
Démocratie ? Liberté de manifester ? Liberté de circulation ? Liberté d'opinion ? Je-suis-Charlie ?
On en France môssieur. Pas de ça chez nous.
L'eau est de plus en plus chaude et les grenouilles ne sortiront plus de la casserole, c'est trop tard.
Je suis moins choqué que Tommy, chez qui j'ai vu cette info : ce n'est pas la qualité de milliardaire du requérant qui a permis l'aboutissement de cette requête (notez au passage que sa fortune ne lui a pas valu un traitement de faveur, en accélérant la procédure par exemple), mais juste l'application du droit-.
Je l'ai déjà écrit : le droit administratif est protecteur. En l'espèce, le privilège dont a bénéficié M. Pinault est sans doute d'être bien conseillé, d'avoir les ressources financières pour payer un avocat (obligatoire lors d'un recours devant le CE), mais n'importe qui (comprenons-nous bien : "n'importe qui dans ce contexte, ça veut dire : quelqu'un de pas milliardaire mais suffisamment friqué pour habiter ce quartier) aurait pu former un tel recours et gagner.
Je cite @bfluzin parce que c'est exactement ça :
1/ On t'arrête très loin du lieu d'une manif, sans motif particulier.
2/ Tu fais une GAV pour rien.
3/ A l'audience on te relaxe, bien obligé...
4/ ...mais, comme t'es belge, aussitôt sorti on te met en taule tout de même pour te "reconduire à la frontière"
5/ Le préfet réclame que tu sois gardé enfermé 28 JOURS car c'est compliqué de renvoyer un belge chez lui.« Depuis qu’il est nommé, Didier Lallement mène une répression extrêmement dure contre les manifestants, utilisant tous les moyens pour réprimer le mouvement des “gilets jaunes” », résume Me Kempf, qui défend plusieurs manifestants. Selon l’avocat, « cet acharnement judiciaire » signe « une volonté de la Préfecture de police de Paris de dissuader les ressortissants européens de se mobiliser en France ». Et de dénoncer « un détournement du droit des étrangers à des fins de maintien de l’ordre ».
La visite du président de la République Emmanuel Macron ce jeudi 14 novembre à Dormans et Epernay s'accompagne d'importantes restrictions de circulation dans la capitale du Champagne mais aussi d'un arrêté préfectoral pour interdire tout rassemblement. L'arrêté du préfet de la Marne interdit toute manifestation sur le périmètre de 12 communes, dont Dormans et Epernay, "considérant les appels à manifester sur les réseaux sociaux".
Oh, que voilà une décision administrative qui n'est ni nécessaire, ni proportionnelle. Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne va se régaler.
via Riff
Mais quel abandon ! La CNIL a remis sa lettre de démission, nous l’avons contestée devant le Conseil d’État. Celui-ci l’a malheureusement acceptée, considérant que ses services n’étaient plus requis…
Plusieurs États prévoient un seuil mais le seuil de 5% renvoie à certains pays parmi les moins avancés du point de vue démocratique : il est fixé à 5 % en France, en Lituanie, en Pologne, en Slovaquie, en République tchèque, en Roumanie et en Hongrie, à 4 % en Autriche, en Italie et en Suède, à 3 % en Grèce et à 1,8 % à Chypre. Par deux décisions prises en 2011 et 2014, la Cour constitutionnelle allemande a statué que les seuils prévus (5 %, puis 3 %) étaient inconstitutionnels. Le Conseil constitutionnel pourrait-il prendre le même chemin ?
Le videaste a quant-à-lui été condamné à 5 mois de prison avec sursis pour avoir simplement filmé et diffusé une video de ces affrontements. Cette décision a été prise en vertu de l’article 222-33-3 du code Pénal, qui définit comme un acte de complicité le fait d’enregistrer des images relatives à la commission d’infractions d’atteintes à l’intégrité d’une personne. Les deux exceptions à cet article sont le cas où l’enregistrement est effectué dans un cadre journalistique, ou dans le but de recueillir des preuves pour la justice, ce qui n’a pas été retenu les juges, malgré le fait que le jeune homme ait clamé sa volonté d’effectuer un travail journalistique.
Toutes les lois votées ces 15 dernières années au motif fallacieux d'assurer votre sécurité vont se retourner contre les citoyen·nes. TOUTES.
Le contrat Steam de l’éditeur Valve a été attaqué par l'UFC Que Choisir. Dans sa décision rendue ce 17 septembre, le TGI de Paris annule plusieurs clauses. Dans le lot, celle qui prohibe la revente des licences de jeu. Une révolution en matière de plateformes de jeux dématérialisés. Next INpact diffuse la décision en exclusivité.
[...]
Juridiquement, la règle de « l’épuisement des droits » permet à un éditeur de contrôler la distribution sur un marché d’une œuvre. Ceci fait, la liberté pour les acquéreurs revient au premier plan, les autorisant à revendre ce contenu sans autorisation préalable.
Cette règle traditionnelle pour les CD audios, les jeux sur DVD, les logiciels vendus sur support, etc. vaut-elle aussi pour les contenus dématérialisés ? Devant le TGI de Paris, la question a divisé les deux parties. Pour Valve, elle ne vaudrait que pour les jeux tangibles, non pour les licences en ligne. Selon l’UFC, l’acheteur initial doit pouvoir revendre d’occasion ces jeux, même ceux acquis sur la plateforme.
L’association revendique l’application du droit européen, la directive de 2001 sur le droit d’auteur, celle de 2009 sur les logiciels, outre la jurisprudence de la Cour de justice de l’Union européenne qui a reconnu cette possibilité en matière de logiciel (affaire UsedSoft). Elle rappelle que ce principe participe à la libre circulation des biens en Europe.
[...]
La clause 1-C a ainsi été « réputée non écrite », et donc inexistante, inopposable aux joueurs. Les conséquences d’une telle décision sont équivalentes à un séisme juridique puisqu’elle pourra s’appliquer à n’importe quelle plateforme de téléchargement qui prohibe ce genre d’opérations !
Notons au passage que la justice a considéré que ces licences étaient achetées, non fournies sur abonnement :
« Enfin, l’"abonnement" à la "souscription" (d’un jeu) effectué par l’utilisateur, dont il est fait état dans les conclusions de la société VALVE (…) consiste en réalité en un achat, le jeu étant mis à la disposition dudit utilisateur pour une durée illimitée. Il ne peut donc s’agir d’un "abonnement" - au sens usuel du terme - mais de la vente d’un exemplaire d’un jeu vidéo, réalisé moyennant un prix déterminé à l’avance et versé en une seule fois par l’utilisateur. »
Waouh.
C'est une décision dont l'État français se serait bien passé, au moment où le ministère de l'Intérieur est mis en cause pour une série de violences policières, en pleine crise des Gilets jaunes. Dans un arrêt du 23 mai 2019, la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) condamne la France pour violation de l'article 2 (droit à la vie) de la Convention dont elle est la gardienne.
Des étrangers aux gilets jaunes en passant par la lutte antiterroriste, le rapport annuel du Défenseur des droits pointe un «renforcement de la répression» en France tout en s’inquiétant d’un «repli» des services publics qui sape la cohésion sociale. «En France, parallèlement au recul des services publics, s’est implantée une politique de renforcement de la sécurité et de la répression face à la menace terroriste, aux troubles sociaux et à la crainte d’une crise migratoire alimentée par le repli sur soi», résume dans son rapport publié mardi cette autorité indépendante chargée notamment de défendre les citoyens face à l’administration.
[...]
Dans son rapport 2018, qui couvre la période d’éclosion du mouvement, l’institution s’interroge notamment sur «le nombre jamais vu d’interpellations et de gardes à vue intervenues "de manière préventive"» lors de certaines manifestations. Selon l’institution, les directives des autorités pour gérer la contestation sociale «semblent s’inscrire dans la continuité des mesures de l’état d’urgence», décrété après les attentats du 13 novembre 2015.
Est-il nécessaire que je commente ?
Les officiers de police judiciaire d’un commissariat parisien dénoncent les « instructions illégales » de leur hiérarchie, en particulier lors des manifestations des « gilets jaunes ». Dans un mail que Mediapart a pu consulter, il est écrit que, sur ordre de la préfecture de police de Paris, les personnes interpellées doivent être systématiquement placées en garde à vue.
Vous comprenez pourquoi je parle de violences policières, et que je rejette le terme "ACAB" ? Le policier n'est qu'un instrument entre les mains de l’État. J'aimerais bien lire l'article en entier : je me demande notamment si les tirs de LBD en pleine tête font aussi parti des "instructions illégales" ou si c'est complétement assumé dans la "doctrine".
via LLM
"L’application de la peine capitale dans notre pays est, à tous égards, un échec. Ce système est source de discrimination pour les prévenus souffrant de troubles mentaux, les personnes de couleur et ceux qui ne peuvent se payer un avocat coûteux. La peine de mort n’améliore pas la sûreté de la population et n’a rien de dissuasif. C’est gaspiller des milliards de dollars d’impôts.”
La Californie a exécuté 13 personnes depuis 1976, mais aucune depuis 2006, rappelle le quotidien de la côte Ouest, en raison notamment de plusieurs plaintes portant sur la méthode d’injection létale. Mais redoutant que ces procédures judiciaires aboutissent durant son mandat, le gouverneur démocrate a préféré prendre les devants.
Un de plus ! Cool !
Il ajoute qu’« une commission d’enquête qui aurait des ambitions politiques et penserait qu’elle pourrait jouer de ses fonctions de contrôle du gouvernement pour faire tomber un président de la République, commettrait une faute constitutionnelle » (voir la vidéo, images d'Adrien Develay).
Les mots sont forts. L’attaque peut surprendre. Celui qui est aussi secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement sait très bien que le Parlement n’a pas le pouvoir de destituer le chef de l’Etat ainsi. Selon l’article 68 de la Constitution, « le Président de la République ne peut être destitué qu'en cas de manquement à ses devoirs manifestement incompatible avec l'exercice de son mandat ». « La destitution est prononcée par le Parlement constitué en Haute Cour » précise le texte. C’est le seul cas de destitution.
Au risque de donner un sentiment de fébrilité, les déclarations de Christophe Castaner arrivent après celles de Benjamin Griveaux et de la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, au sujet de la commission, et surtout l’appel d’Emmanuel Macron à Gérard Larcher pour se plaindre de la tonalité des travaux de la commission (voir notre article).
Repeat after me Christophe :
CONS-TI-TU-TION
SE-PA-RA-TION-DES-POU-VOIRS