On estime qu’entre 6 000 et 7 000 femmes meurent chaque année en Russie, sous les coups de leurs conjoints.
via Seb
Oh. Je vois que la République se mobilise : deux vieux hommes blancs ont dévoilé une plaque en mémoire des femmes victimes de la violence des hommes. Ah ça va trembler dans les calbutes là, c'est sûr.
Au 12 novembre, 131 femmes ont été tuées en France par leur conjoint depuis janvier. Une tous les deux jours.
J'aime bien la revue de presse de France Culture, on y lit des trucs que les autres médias passent volontiers sous silence, ou rangent complaisamment dans les brèves "insolites", entre la dernière défaite du Stade français et choupette tombée dans une bouche d'égout.
Deux informations essentielles ce jour, donc :
1/ La contestation à Hong-Kong vire à l'insurrection : (n'en déplaise à ceux qui pensaient que c'était terminé)
"Nous sommes en guerre", disent les mêmes manifestants au Washington Post dont la reporter Shibani Mathani a suivi tout particulièrement six jeunes hong-kongais, un groupe d'amis passés experts en confection de cocktails molotov. Ce qui intéresse la journaliste, c'est que ces six-là ne sont pas des étudiants mais des "cols blancs, avec des emplois stables et plutôt enviables" dans des tours de bureaux. Ils expliquent avoir rejoint la contestation à force d'attachement aux idées démocratiques (à commencer par cette idée simple de pouvoir élire eux-mêmes ceux qui les dirigent) et à force d'indignation face à l'ampleur des violences policières.
2/ Patriarcat et féminicides en Russie :
La presse russe, depuis samedi, n'utilise pas le mot "féminicide", comme nous le ferions ici, pour décrire le meurtre de sa victime Anastasya Echtchenko. Elle y préfère des gros titres plus complaisants, faciles, comme celui d'Argumenty y Fakty qui explique que "Napoléon a avoué le meurtre de sa Joséphine". Mais il y a tout de même, avec les jours qui passent et les langues qui se délient, quelque chose d'une prise de consience qui s'ébauche sur les violences conjugales (qui sont un problème massif en Russie) et sur l'emprise qu'un vieux mâle tout-puissant peut exercer en toute impunité dans une institution, l'université russe, qui selon le site d'info Meduza avait connaissance depuis des années des "relations" que Sokolov entretenait avec plusieurs de ses étudiantes... pour ne pas parler de comportements de prédateur sexuels et de "tyran cruel", tel que les décrit l'agence nationale d'information RIA.
Alors, si on récapitule, depuis 2000 nous avons :
Vu l'ampleur des moyens mobilisés et le nombre et la durée des atteintes aux libertés individuelles commis au nom de la "lutte contre le terrorisme", j'ai bon espoir de voir arriver d'ici peu :
Ou pas.
Moi qui ne regarde pour ainsi dire jamais la télévision, j'ai regardé ce reportage hier soir. Ben j'aurais pu m'abstenir, ça n'apportait pas grand chose : c'est un peu creux.
A aucun moment on ne s'interroge sur les origines de cette violence, on ne parle que des moyens de répression, à la rigueur des tentatives de "réhabilitation" de ces animaux décérébrés, mais jamais d'éducation, jamais de rôles genrés, jamais des représentations de la femme dans la société... A aucun moment il n'a été fait la relation entre "ahlala, les féministes, els exgèrent" et les hommes qui "remettent à sa place" (ce sont les mots employés par une de ces raclures) la femme qui est "sorti de son rôle".
Des points positifs tout de même :
Rien d'étonnant, quand on sait que c'est au Mexique que l'on a inventé le néologisme de "féminicide"... Article en accès restreint, j'aimerais bien en lire plus :/