Le constat a quelque chose de vertigineux. À chaque fois que vous entendez parler d’une infraction ou d’un comportement asocial, vous pouvez parier que c’est un mec qui l’a commis. C’est plus sûr que de parier sur le sport, les gens.
Et ça veut dire que des pans entiers de la société, les gens à l’intérieur, leurs salaires, les infrastructures, leurs process de travail, leur matos, tout ça n’existe que pour gérer les ennuis causés par des mecs.
C’est facile de se dire que l’industrie du porno existe principalement à cause des mecs. C’est moins évident de se dire que le Ministère de la Justice entier existe massivement pour la même population.
Lucile Peytavin fait 2 choses dans son livre : explorer les causes de ce constat, et proposer un chiffrage en euros de tout ce que ça nous coûte, à l’échelle de la France.
La virilité toxique, mais autant écrire la virilité TOUT COURT, coûte environ 95 milliards d'euros par an à la société.
Et pourquoi donc ? Est-ce ce sont les z'hormones, le cerveau des meufs qu'il est pas fait pareil didonc,c'est la testostérone madame, s'pas ma faute ? Eh ben non. C'est -quelle surprise- un problème d'éducation.
La vraie raison du comportement des hommes, c’est une socialisation et une éducation différentes. La société apprend aux hommes à être violents, à ne pas respecter les règles, à n’écouter ni ses émotions ni celles des autres, à prendre des risques pour soi et pour les autres. On leur apprend à être “viril”, un concept qui n’a pas d’équivalent féminin.
via Seb
EDIT : pour ce que ça vaut, ça me rappelle cette critique de Star Wars épisode 8, qui a été interprété par certain·e·s comme une critique de la masculinité toxique.
Dans une double étude publiée début mars 2021 et dédiée aux biais de genre dans l’estimation de la douleur éprouvée par autrui, un groupe international de recherche en psychologie en arrive à la conclusion que « les stéréotypes de genre liés à la douleur (…) prédisent les biais d’estimation de la douleur ». Une conclusion qui se trouve être particulièrement défavorable aux femmes dans les traitements qui leur sont proposés et la prise au sérieux de leur souffrance physique.
« Alors que je flânais sur Internet, j’ai fait cette découverte étrange : l’appareil génital masculin ne pèse en
moyenne que 100 grammes ! Information quelque peu cocasse qui m’a d’abord fait sourire, jusqu’à ce que je réalise
que c’était précisément ces 100 petits grammes qui me séparaient de l’égalité » explique la photographe Lisa Miquet au sujet de son projet 100 Grammes.Irrévérencieuse, décalée, culottée, sa série photographique expose des compositions d’objets insignifiants qui pèsent, justement, 100 grammes afin de mettre en évidence la caducité des préjugés de genre.
Je pose ça là : des romans de l'imaginaire (SF, fantasy...) publiés récemment et écrits par des femmes. Bravo à @azaliz (°m pour sa recherche (en réaction à la sélection des Utopiales 2020 qui ne comporte que "5 mecs dont 4 blancs".
J'ai !! trouvé !! 6 livres écrits par des autrices de l'imaginaire françaises en 2019 !! C'était tellement plus ardu à trouver que je ne le pensais… Merci pour vos contributions !
- Les Brigades du Steam (Etienne Barillier et Cécile Duquenne),
- Dans l'ombre de Paris (Morgan of Glencoe),
- Les Îles noires (Sylvie Lainé et Philippe Aurelle),
- Mers Mortes (Aurélie Wellenstein),
- Résolution (Li-Cam),
- Les Secrets d'Éole (Claire Krust)
Sur une feuille, deux enfants sont dessinés. L’un dans une posture de domination, l’autre représentant la subordination. Aucun des deux personnages n’offre le moindre indice sur son genre et pourtant, ”à partir de quatre ans, une large majorité d’enfants considère que le personnage dominant est un garçon”, rapportent les chercheurs dans un communiqué du CNRS.
[...]
“On a, au niveau global, une tendance à associer masculinité et pouvoir mais avec des variations selon le genre des participants dans certaines expériences”, résume-t-il.
via Tommy
Alors est-ce que tout ça, c’est la faute des écrans? En partie, mais si ce n’était que cela, tous les ados seraient touchés de la même manière. Or il se passe autre chose à partir du collège: la lecture, ça devient un truc de fille.
L’un des chiffres qui m’avaient frappée au sujet du magazine J’aime Lire, c’est qu’il y avait une quasi-parité entre lecteurs et lectrices. À partir du collège, c’est fini et enterré. Livre = utérus. Il faut dire que la lecture allie les qualités attendues chez les filles: immobilité, calme, silence et enrichissement de la vie intérieure.
Le désintérêt des adolescents pour les livres correspond exactement à ce qu’on appelle «la fabrique des garçons», un ensemble de stéréotypes qui encouragent les garçons à se détourner de la lecture. Les garçons, c’est l’agitation, l’interaction physique, le désordre (en gros, ce sont des chiots totalement soumis à leurs pulsions).
[...]
C'est moi qui graisse :
On ne dira jamais suffisamment combien la fabrique de stéréotypes de genre est néfaste pour les filles et les garçons. On s’intéresse généralement plus aux filles parce qu’elles subissent des discriminations évidentes, mais la masculinité hégémonique est aussi un problème pour les hommes.
Arrivés à l'âge adulte, les hommes lisent moins que les femmes. Manque de temps ? Que nenni. Flemmingite aigüe :
Les hommes auraient donc moins de temps que les femmes. Or pour avoir étudié les emplois du temps des Françaises et des Français pour mon dernier livre, je sais que c’est faux. Les hommes français ont en moyenne 3h30 de temps de loisir de plus que les femmes par semaine.
[...]
Or les femmes sont souvent entrainées à la contrainte et à l’autodiscipline, dès leur plus jeune âge. Quand on est capable de limiter son alimentation et de s'arracher des poils, l’effort d’ouvrir un livre ne paraît franchement pas insurmontable –fin de l'hypothèse.
Achievement unlocked :
En tout cas, nous sommes face à un cercle vicieux, parce que d’après toutes les études, ce qui encourage le plus efficacement les garçons à lire, c’est de voir leur propre père lire, de l’entendre parler de littérature, que ce père leur lise lui-même des histoires, leur conseille des livres. Le rôle de modèle joue là aussi, dans l’association d’une figure masculine à la lecture.
\o/
Un bon article sur Ursula Le Guin, et qui s'élargit sur les questions du féminisme, du genre... :
On peut se demander si c’est une si bonne nouvelle que des thèmes aussi cruciaux que la division genrée de la société, la domination masculine, ou bien l’écologie soient pris en charge massivement par des cultures de genres.
Je pense, pour l'écologie, aux fictions apocalyptiques, ou à la science-fiction dystopique pour le féminisme. Je me demande si ce n’est pas une façon de les remiser dans des cases bien identifiées, qui permettent pendant ce temps à la marche globale de la société de continuer de faire son petit bonhomme de chemin sans remise en question.
Parce que cantonner ces fictions, y compris dans leurs charges potentielles de lanceurs d’alertes, aux littératures de genre qui, qu’on le veuille ou non, sont encore moins valorisées que la littérature dite générale, c’est une façon de repousser à la marge les grandes questions sociétales qu’elles portent. Alors oui, on peut avoir l’impression que la science-fiction ne s'est jamais aussi bien portée, mais je ne suis pas si sûre que ça soit une si bonne nouvelle, tout compte fait.
Au-delà de ces réflexions militantes, lisez Ursula Le Guin : juste parce que c'est vachement bien.
Je suis entré dans son œuvre par le cycle de Terremer, et je suis en train de lire le cycle de l'Ekumen, et c'est 'achement bien.
Je rejoins totalement l'article que je viens de lire sur la question de la dimension ethnologique de ses œuvres : j'ai été fasciné par la main gauche de la nuit et, si elle remet en cause au passage la division genrée des tâches sur notre monde / notre société, c'est un effet de bord positif, pas forcément un objectif lors de la rédaction. Par-ailleurs, dans d'autres romans du cycle de l'Ekumen, cet aspect "ethnologique" se traduit par de petites touches discrètes,par exemple la façon de dire oui en levant les épaules plutôt qu'en hochant la tête ; par-ailleurs elle met en scène des peuples majoritairement "non blancs" à tel point qu'un blanc aux cheveux blond apparait comme une curiosité exotique... Mais ce n'est pas forcément mis en avant, on le découvre généralement seulement à la réaction des différents protagonistes découvrant un être venu d'une autre planète.
Un autre point pour finir, qui rejoint un peu la conclusion de l'article : Ursula K. Le Guin est inclassable. Ce n'est pas que de la SF, ou que de la fantasy, et déjà que ce type de classement me barbe à la base (car revenant à désigner des littératures "légitimes", et d'autres, "de genre" qui le seraient moins), il est encore moins pertinent pour elle. C'est à peu près aussi absurde que de dire que La possibilité d'une île, de Houellebecq, est de la science-fiction parce qu'une partie du roman se passe dans un futur lointain et parle de clonage. Chez UKLG, dans certains romans, on est globalement dans ce qu'il convient d'appeler de la SF, mais les 9/10ème du roman mettent en scène un univers de type "héroïc fantasy"... (je pense notamment au Monde de Rocannon). Dans La cité des illusions, on pourrait très bien lire un roman de type "post-apo" (La route ?), et le fait que la Terre (la Ligue ? l'univers ? on ne sait pas) soit sous l'emprise d'une race extra-terrestre n'a que peu d'importance, ils n'interviennent qu'à la fin. Etc. Au final, ce qui compte, c'est d'avoir une bonne histoire. (Et le cycle de l'Ekumen, c'est une bonne histoire car chacun des livres du cycle est une fenêtre ouverte sur un monde et une époque aléatoire d'un récit fragmentaire se déroulant sur des dizaines de milliers d'années... L'imagination bouche les trous.
Géniale, comme toujours.
Désormais, en Allemagne, un individu pourra être administrativement désigné comme de genre féminin, masculin ou "divers". Une avancée saluée par les associations de défense des personnes LGBTQI+ mais qui auraient souhaité voir disparaître la demande d'attestation médicale à fournir pour pouvoir se déclarer comme "divers".
Je comprendrai plus tard qu’il ne s’agit pas tant d’astronomie que d’un syndrome rare : je suis une femme XY. Une fille avec le patrimoine génétique d’un garçon. Et il faudra bien que j’apprenne à vivre avec.
Intéressant hein. Bon, corrélation ne veut pas dire causalité, mais c'est troublant. Et les jouets genré, c'est mal.
=> l'animation montre une corrélation entre les ordinateurs, marketés comme des jouets genrés pour les garçons à partir de la fin des années 70 / début des années 80, et la chute du nombre de femmes étudiantes en informatique dans les décennies qui suivent.
L’exemple souligne que ces enjeux grammaticaux et syntaxiques ne sont pas innocents. Derrière les mots que l’on emploie, il y a des structures sociales, des rapports de pouvoir, des constructions de stéréotypes sexuels. Alors, entre Almodis, femme seigneur, et Ermessende, fidèle à sa féminité, qui l’emportera ? Cette histoire-là, c’est à nous de l’écrire… tou.te.s ensemble !
Au Moyen-äge déjà, les femmes étaient des hommes comme les autres. Ou l'inverse. Enfin, vous voyez le genre.
Si pro et anti écriture pour tous et toutes n’en finissent pas de s’affronter, c’est principalement à cause du point médian, ce · qui permet d’inclure le féminin dans certains mots ( «Les manifestant·e·s») et enflamme les discussions. Dommage. Si on comprend les réticences face à un tel changement des habitudes grammaticales, l’écriture inclusive, c’est bien plus que ce point médian de crispation.
[...]
Voilà pourquoi nous avons décidé de publier le manifeste de ces 314 professeurs et professeures bien décidées à braver les indications de leur ministre en cessant d’enseigner à leurs élèves cette formule du masculin tout puissant. Pas de point médian dans leurs leçons, mais une règle, celle de l’accord de proximité, «venu du latin, qui consiste à accorder le ou les mots se rapportant à plusieurs substantifs avec celui qui leur est le plus proche». «Les pays et les villes étrangères» plutôt que «les pays et les villes étrangers».Cette règle de proximité, nous nous engageons à l’appliquer par défaut dans les papiers de Slate.fr. Tout comme nous préférerons désormais l’emploi de mots épicènes, c’est-à-dire «les mots dont la forme ne varie pas entre le masculin et le féminin» ( un ou une élève, membre, fonctionnaire), de mots désignant indifféremment une femme ou un homme ou des mots «englobants» (le corps professoral, le peuple, le public), suivant les recommandations du Haut Comité à l’égalité entre les femmes et les hommes.
J'applaudis dès aujourd'hui (c'est vrai, pourquoi toujours vouloir applaudir dès demain ?).
La tribune des prof : https://www.slate.fr/story/153492/manifeste-professeurs-professeures-enseignerons-plus-masculin-emporte-sur-le-feminin
Ainsi, quand en 2002 Martine Aubry et Elisabeth Guigou demandent à être appelées «madame la ministre», l’Académie exprime de nouveau sa plus grande frilosité, en des termes plus mesurés que cet automne, arguant de «l’importance de la neutralité des fonctions».
Allez, encore une couche.
La neutralité du masculin, non mais quel LOL.
J’avais 9 ans, et cette image m’a révoltée. Le jour de cette leçon, toutes les filles de la classe ont hué et les garçons ont applaudi. On comprenait parfaitement ce qui était en jeu –et l’illustration du livre nous le jetait à la gueule. Les filles perdaient la partie. Guillaume et Quentin ont claironné: «Vous êtes moins fortes! Vous êtes moins fortes!» Mme Péron a tenté de tempérer les choses en expliquant que c’était de la grammaire, qu’il n’était pas question de justice, que c’était la règle. Il fallait apprendre la règle et respecter la règle.
Mais nous, ce qu’on voyait, c’était que la règle nous disait que les garçons l’emportaient. Et les garçons comprenaient exactement la même chose.
Tiens, celleux sur (°m à qui on s'échigne à expliquer que "non, ce ne sont pas que des mots", ça vous cause ?
En fait, le vrai point de friction vient de mots auxquels on ajoute le point médian suivi d’un féminin voire d’un féminin pluriel. Franchement, on s’y habitue. Mais je peux comprendre que cela perturbe certaines personnes qui trouvent que c’est trop compliqué (mais alors, on est ok pour l’accord de proximité du coup, vu qu’il est plus simple?). Si on n’aime pas écrire «les électeur·trice·s» on peut se contenter d’un «les électeurs et les électrices» voire même «le corps électoral». De manière générale, de toute façon, on déconseille le point médian quand les formes au masculin et au féminin sont trop différentes. Et c’est évident qu’il ne faut pas en coller partout. Mon bémol personnel, c’est que ça a un petit côté écriture administrative –et pour le coup, je pense que toutes les administrations doivent l’adopter.
En même temps, pour les textes plus littéraires, c’est intéressant d’un point de vue stylistique de se forcer à chercher d’autres formulations, à équilibrer différemment ses phrases.
Oui, oui, c'est via (°m
"Est-ce qu'on le soutient dans ses envies ? Ou est-ce qu'on le contraint ? Si un petit garçon demande à s'habiller avec une robe ou un vêtement à fleurs, faut-il le laisser faire ou l'en empêcher pour le protéger ?
J'ai fait le pari de lui donner suffisamment d’aplomb pour qu'il puisse agir comme il le souhaite, librement."
[..]
Pour l'amour de son fils (et de la liberté), Elise a donc fait la chose la plus mignonne du monde. Elle a collecté des images d'hommes connus (ou pas) pour fabriquer de petits dépliants libérateurs.
[...]
Elise ne s'est pas arrêtée là. Elle a imaginé les mêmes petits dépliants pour les filles. Car contrairement à ce qu'on leur dit parfois, elles peuvent aimer les voitures, le foot, les maths, les sciences, les jeux vidéo, les ordinateurs, avoir des poils ou des cheveux rasés...
GE-NIAL
Les dépliants sont téléchargeables ici et là.
EDIT : liens vers les dépliants mis à jour :
Au Royaume-Uni, une chaîne de magasin de vêtements pour enfants a décidé de retirer les étiquettes "garçons" et "filles" de ses rayons, pour "éviter de renforcer les stéréotypes liés au genre"
La marque va donc proposer des jeans, des t-shirts et des robes ornées de dinosaures, de vaisseaux spatiaux ou encore de petits soldats. Bien sûr, les réactions à cette annonce ont été variés. D’un côté, l’association Let Clothes Be Clothes, qui lutte contre les stéréotypes sexuels dans le marché des vêtements pour enfants s’est dite « absolument ravie » de cette décision. Tandis que d’autres, comme Campaign for Real Education, un groupe de pression d’extrême-droite britannique y voient « un grave problème« .
Il faut importer cette belle idée en France. Rien que pour le communiqué de la Manip pour tous qui suivrait.