Des amitiés douteuses, des services qui se retournent contre toi, un beau-père raciste et un film de Dupontel : voilà comment on se retrouve dans le box des accusés du procès de Charlie hebdo.
Avec 5 ans de taule en prime, pour rien, selon toutes vraisemblances.
Et combien de policiers condamnés ?
Cf. cet article cité par David Dufresne : https://www.franceinter.fr/justice/deux-policiers-bientot-juges-pour-des-violences-contre-des-gilets-jaunes-une-justice-a-deux-vitesses
Quand on regarde les faits qui leur sont reprochés (un pavé renvoyé en direction des manifestants et une gifle), au regard des mutilations causées par d'autres de leurs collègues, on peut faire le pari du non-lieu. Même si leur attitude est bien évidemment indigne de leurs fonctions.
Le videaste a quant-à-lui été condamné à 5 mois de prison avec sursis pour avoir simplement filmé et diffusé une video de ces affrontements. Cette décision a été prise en vertu de l’article 222-33-3 du code Pénal, qui définit comme un acte de complicité le fait d’enregistrer des images relatives à la commission d’infractions d’atteintes à l’intégrité d’une personne. Les deux exceptions à cet article sont le cas où l’enregistrement est effectué dans un cadre journalistique, ou dans le but de recueillir des preuves pour la justice, ce qui n’a pas été retenu les juges, malgré le fait que le jeune homme ait clamé sa volonté d’effectuer un travail journalistique.
Toutes les lois votées ces 15 dernières années au motif fallacieux d'assurer votre sécurité vont se retourner contre les citoyen·nes. TOUTES.
Ainsi, il est bien commode pour l’ensemble de la classe politique et médiatique de faire du procès Mélenchon le procès de ceux qui ont osé monter (un petit peu) le ton face à une justice qui n’a pourtant eu cesse de démontrer son caractère de classe, pendant qu’on voit Benalla balader en permanence son impunité tandis que des milliers de condamnations et des centaines de peines de prison ferme frappent les Gilets jaunes.
Le tweet de Benalla, c'est quand même du foutage de gueule de niveau galactique.
LE truc qui sent pas bon et que vous n'entendrez pas à la radio :
ce qui est indubitablement politique dans cette affaire, c’est la saisie des fichiers d’une organisation politique contenant l’ensemble des données sur ses adhérents.
Mais cela ne doit pas servir à disculper Méluche, qui craint de plus en plus :
Pour autant, une chose est de dénoncer la justice comme un acte de provocation contre un opposant de gauche, une autre est de se solidariser avec l’ensemble de la classe politique comme le dit Mélénchon : Parlant des juges, il dit : « Maintenant, je sais que ce sont des menteurs », et il ajoute : « … peut-être que Richard Ferrand est tombé dans un piège ». Ainsi, « les juges » complotent aussi contre Richard Ferrand, l’homme de Macron ! Cette position apparaît comme une solidarité avec la classe politique alors même qu’elle est justement mise en cause. Qui plus est, elle affaiblit toute la défense démocratique de Mélenchon et de la FI et pour l’ensemble des organisations de travailleurs, les Gilets jaunes et les secteurs populaires.
Il s’agit d’une illustration parfaite de l’absence de séparation entre pouvoir exécutif et pouvoir judiciaire. La justice n’est pas indépendante, elle applique les lois – qui sont elles-mêmes décidées par les gouvernements.
via OpenNews
CW : suicide, mort
Ce cuisinier au chômage devra également accomplir 180 heures de travail d’intérêt général, avec obligation de trouver un travail et de verser 500 euros à chacun des deux policiers qui ont porté plainte au titre du préjudice moral.
8 mois de prison avec sursis, plus des TIG et 1000€ de dommages et intérêts, c'est une peine très lourde au vu du profil du type, et qui ressemble plus à une opération médiatique qu'à de la justice. Je note au passage que condamner un chômeur à "obligation de trouver un travail", ça en dit long sur notre société. Même s'il lui suffira de traverser la rue pour en trouver du travail, tout le monde sait ça.
Crier à des policiers de se suicider, comme à n'importe qui d'autre, je souligne à dessein, c'est immonde, c'est dégueulasse. Mais on voit bien qu'il n'y a pas de motif légal à ces poursuites : il a été condamné pour outrage. Pas pour incitation à la haine, au meurtre, ou au suicide. Non : outrage. Ce qui veut tout dire. Quand tu ne sais pas pour quel motif poursuivre quelqu'un, mais que tu veux lui faire payer quelque chose, outrage. Le juge te suivra de toute façon.
C'est non seulement une façon supplémentaire de faire des représailles envers les manifestants (le moindre slogan un peu osé, hop, outrage ; un doigt d'honneur, 48 heures au gnouf), mais en plus, ça donne l'impression que ce type paie pour l'incurie de l’État. 28 policiers se sont suicidés depuis le début de l'année. 7 chaque mois. Presque 2 par semaine. C'est énorme. Vous imaginez une entreprise avec un tel rythme de suicides ? (coucou France Telecom) On pointerait du doigt, à juste titre, les méthodes des dirigeants, l'organisation du travail, le management toxique, que sais-je, sans doute l'inadéquation des moyens mis en œuvre avec les missions demandées, voire le conflit moral vécu par les suicidaires lors de leur passage à l'acte, entre leurs valeurs personnelles et les actes qu'on leur impose de commettre.
Vous voyez, on pourrait se poser plein de questions.
L’État n'a pas l'air de s'en poser beaucoup, préférant condamner un cuisinier au chômage, rendu, aux yeux des médias, quasiment responsables de la mort des agents publics. Beau tour de passe-passe.
"L’application de la peine capitale dans notre pays est, à tous égards, un échec. Ce système est source de discrimination pour les prévenus souffrant de troubles mentaux, les personnes de couleur et ceux qui ne peuvent se payer un avocat coûteux. La peine de mort n’améliore pas la sûreté de la population et n’a rien de dissuasif. C’est gaspiller des milliards de dollars d’impôts.”
La Californie a exécuté 13 personnes depuis 1976, mais aucune depuis 2006, rappelle le quotidien de la côte Ouest, en raison notamment de plusieurs plaintes portant sur la méthode d’injection létale. Mais redoutant que ces procédures judiciaires aboutissent durant son mandat, le gouverneur démocrate a préféré prendre les devants.
Un de plus ! Cool !
"Cette enquête, qui vise les enregistrements révélés par Mediapart, est susceptible d'atteindre le secret des sources de notre journal. C'est pourquoi nous avons refusé cette perquisition, comme la loi nous y autorise", a précisé à franceinfo Fabrice Arfi, un des journalistes de Mediapart. C'est "un acte inédit - et particulièrement grave - dans l'histoire de Mediapart. Articles à venir", poursuit le média sur son compte Twitter.
Secret des quoi déjà ? Une presse libre et indépend, zut, comment on dit ?
Le 15 janvier, les avocats, rejoints par l’ensemble des professionnels du domaine, ont de nouveau manifesté contre le projet de loi réformant la justice adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Loin d’être un combat corporatiste, cette manifestation, comme tant d’autres, permet de faire entendre des voix qui n’ont pas été écoutées dans le cadre d‘une réforme qui vient une fois de plus ébranler notre pacte social.
Ce droit de manifester, garanti dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, subit pourtant depuis de nombreuses années des attaques régulières des pouvoirs publics. En rétablissant une loi anticasseurs datant de 1970, le gouvernement actuel contribue à une longue liste d’atteintes que l’on considère, à juste titre, comme l’une des garanties fondamentales des libertés publiques. Ainsi,
la loi du 2 mars 2010 renforçant la lutte contre les violences de groupe permet aujourd’hui les interventions préventives et les placements en garde à vue des manifestants à l’occasion des différents actes qui rythment nos samedis depuis dix semaines ;
La loi renseignement du 24 juillet 2015 étend la collecte des données non seulement aux affaires de terrorisme et de criminalité organisée, mais également aux « violences collectives de nature à porter gravement atteinte à la paix publique », donc potentiellement à de simples manifestations ;
La loi relative à la sécurité publique du 28 février 2017 renforce les pouvoirs des forces de l’ordre notamment en aggravant les sanctions pour les faits de rébellion ou de refus d’obtempérer.
Ces réformes permettent de confondre militants, manifestants, casseurs, criminels, terroristes, et d’utiliser les moyens d’enquête et d’investigation les plus intrusifs : c’est par ces atteintes aux libertés individuelles que les pouvoirs publics répriment aujourd’hui le mouvement social.
L’état d’urgence dans la loi ordinaire
- Il en est de même des lois de juin 2016 et d’octobre 2017 qui intègrent les principales dispositions de l’état d’urgence dans la loi ordinaire, qui donnent lieu à des assignations à résidence, des perquisitions sous l’autorité administrative et non plus judiciaire, ce y compris pour des militants sans aucun lien avec le terrorisme pour peu que le ministre de l’Intérieur estime qu’il « existe des raisons sérieuses de penser que le comportement d’un individu constitue une menace d’une particulière gravité pour la sécurité et l’ordre public ».
Autrement dit : ces réformes sont autant de manières de rendre inopérants les garde-fous imposés à l’exercice d’un pouvoir qui depuis dix semaines semble plus enclin à répondre de manière guerrière plutôt que politique aux revendications du peuple. Peut-on en effet encore dire que les récents blessés à l’occasion de l’usage d’armes par les forces de l’ordre ont eu droit à une réponse proportionnée, principe de base de notre justice, à leur présence sur les lieux ?
Alors que les luttes sociales et politiques convergent, il est urgent que l’opinion publique mesure ce que cette énième réforme de la justice a d’attentatoire aux libertés publiques, et en quoi elle nous concerne tous, justiciables, avocats mais surtout citoyens, car nous sommes tous susceptibles un jour de répondre de nos actes devant des juges :
Les écoutes téléphoniques et les mesures de géolocalisation seront désormais possibles pour la plupart des délits ;
Ces mesures pourront désormais être prises sous la seule autorisation du procureur de la République en cas d’urgence ;
Les techniques spéciales d’enquêtes pour la plupart des délits seront généralisées et étendues, alors qu’elles étaient jusque-là réservées aux menaces terroristes ou à la criminalité organisée ;
Le gardé à vue ne sera présenté que de manière facultative au procureur de la République lors de la prolongation de la garde à vue ;
La notification des droits du gardé à vue se fera sous forme d’enregistrement sonore et non plus par écrit, rendant la vérification des formalités essentielles de privation de liberté difficiles ;
Une Cour criminelle départementale sera créée pour juger principalement des viols, ce qui tend à considérer le viol comme un crime de seconde zone, en contradiction avec la prétendue sensibilisation du gouvernement sur les atteintes faites aux femmes ;
- Il pourra être imposé aux victimes de déposer leur plainte de manière électronique, les privant ainsi de l’accueil humain, accroissant les possibilités de détresse et de solitude.
Ces principales mesures qui concernent le domaine pénal ne sont pas les seules à être critiquées par les professionnels de la justice et du droit, puisque le gouvernement s’est également attaché à modifier les conditions d’accès à la procédure civile, la rendant :
– plus coûteuse : recours obligatoire à des mesures préalables de médiations payantes pour les « petits litiges » ;
– plus lointaine : la fusion des tribunaux d’instance et des tribunaux de grande instance ;
– moins humaine : les décisions pour les injonctions de payer seront rendues par des algorithmes.
Le gouvernement actuel, qui prétend tenir sa légitimité d’une défense de la démocratie, participe à déconstruire l’un de ses piliers historiques. A l’heure où les citoyens veulent agir, redevenir maîtres de leur destin, lutter contre les injustices sociales et s’emparer d’une démocratie qui, par un paradoxe fou, ne leur appartient plus, ils doivent prendre la mesure de ces nouvelles régressions des droits et des libertés pour défendre l’un des biens les plus précieux de notre démocratie : la justice !
"Justice"
Prenez le temps de parcourir la page.
Le projet de loi Justice a été adopté par l’assemblée cette nuit par deux voix d’avance : Votants 177, exprimés 171, majorité absolue 86. Pour 88, contre 83.
Deux voix pour supprimer le tribunal d’instance comme juridiction à part entière, pour supprimer le jury dans la majorité des affaires criminelles, pour faire du directeur de la CAF le juge des pensions alimentaires.
Le démantèlement continue.
Les questions ne pouvant donc porter sur d’éventuels méfaits imputés, elles sont d’ordre politique et contextuel : êtes vous membre d’un parti ? Comment avez-vous appris la tenue de cet apéro sur la place de la Contrescarpe ? Consultez vous le site Paris-luttes.info ? Vous êtes-vous retrouvés malgré vous dans un groupe de type « Black Bloc » ?
Après avoir été retenus une dizaine d’heures contre leur gré, les deux victimes de Benalla se retrouvent convoquées pour un futur procès. La vingtaine d’autres gardés à vue est relâchée presque sans poursuite. Presque car ceux qui ont refusé de se soumettre à un prélèvement ADN devront malgré tout en répondre devant tribunal. Le journaliste et photographe Alexis Kraland qui avait eu la mauvaise idée de venir en possession de son téléphone est aussi poursuivi pour avoir refusé d’en donner le code secret [1]. Son téléphone a été saisi et placé sous scellé.
Purée, ça fout vraiment la trouille. Vous croyez encore que nous vivons dans un régime démocratique dans de telles conditions ?
Un texte édifiant.
L’objectif de la campagne : dénoncer le fait que, dix ans après la crise financière, rien n’a été fait pour limiter, contrôler, encadrer le pouvoir nocif de la finance. En 2018, les plus grandes banques continuent de spéculer sur des produits dérivés extrêmement dangereux, elles investissent massivement dans des projets de soutien aux énergies fossiles, elles ouvrent toujours plus de sociétés offshores dans les paradis fiscaux pour permettre aux plus riches d’échapper à l’impôt.
[...]
Après 15 heures pour certains, 17 heures pour d’autres, 21 heures pour le dernier, les huit dangereux colleurs d’autocollants sont relâchés et écopent d’un « rappel à la loi ». Après avoir mobilisé plus de 30 fonctionnaires de police, quatre véhicules, des heures de travail, deux commissariats, deux magistrats, nous sommes ressortis libres.
Et encore, comme le souligne l'auteur, il est "blanc, éduqué, disposant de moyens financiers, connaissant — plus ou moins — ses droits, parlant et comprenant parfaitement la langue française, pouvant compter sur des réseaux de soutiens" et appelle à se mobiliser pour "celles et ceux qui se retrouvent dans cette même situation mais ne bénéficient absolument pas des mêmes égards que nous."
[...]
Une chose est sûre, messieurs Oudéa (PDG de la Société générale qui a menti devant une commission d’enquête du Sénat sur l’activité de la banque au Panama), Jean-Laurent Bonnafé (PDG de la BNP Paribas, banque championne de l’évasion fiscale en France), Philippe Brassac (PDG du Crédit agricole, et spécialiste du « greenwashing ») et John M. Flint (PDG d’HSBC banque impliquée auprès du narcotrafic mexicain et qui prévoit de transférer son siège mondial à Paris grâce aux multiples invitations et tentatives d’attrait d’Emmanuel Macron), ont tous probablement passé une nuit agréable jeudi 13 septembre. Une nuit où il n’a pas été question pour eux de remettre en cause leurs pratiques irresponsables, tant sur l’évasion fiscale massive, que sur les investissements dans les énergies fossiles. Ces pratiques immorales, aux conséquences sociales et écologiques désastreuses, sont rendues possibles grâce à la complaisance de nos gouvernants et en premier lieu celle de leur semblable : Emmanuel Macron.
La présidente du Rassemblement national (ex-FN) Marine Le Pen s'est fortement indignée ce jeudi 20 septembre de devoir subir une expertise psychiatrique après avoir publié sur Twitter des photos des exactions de Daech.
[...]
Dans le cadre de "délits de fabrication, de transport, de diffusion ou de commerce de message violent ou pornographique susceptible d'être vu ou perçu par un mineur", le code de procédure pénale rend obligatoire et automatique le recours à une expertise psychiatrique.
"C'est relativement fréquent pour évaluer le degré de responsabilité, et parfois de dangerosité, de personnes fragiles qui publient des images sur Internet sans forcément se rendre compte des répercussions de leurs actes", explique Me Juliette Daudé, avocate au Barreau de Paris.
C'est marrant hein, toutes ces procédures exorbitantes du droit commun, un peu limites, invasives et tout, qu'ils ont d'ailleurs toutes adoptées, une main sur le bouton de vote et l'autre sur le cœur, en chantant la Marseillaise : quand elles s'appliquent au tout venant, les femmes et hommes politiques, surtout les très très à droite mais pas que, trouvent ça très bien, pour "défendre les valeurs de la République menacées par la violence d'un terrorisme aveugle déjà à nos portes", alors que les bégonias sont à nos fenêtres, oserai-je ajouter.
Mais quand ça les concerne EUX, c'est fou, ça devient tout de suite une autre histoire, un truc "hallucinant", "soviétique", qui "fait peur". Ben oui m'dame, nous, il y a longtemps que ça nous fait peur vos conneries.
Je ne voudrais pas donner l'impression, en écrivant ceci, d'assimiler MLP au commun des hommes et femmes politique. Sa diffusion des images d'exécutions par Daech était bien dégueulasse (d'autant qu'elle avait retiré après coup la photo d'un journaliste blanc assassiné, les autres, les basanés, on peut bien les contempler en train de cramer, hein) ; j'en avais parlé à l'époque. Il est donc normal que la procédure s'applique avec toute la rigueur due à la loi. Mais je ne peux m'empêcher d'extrapoler son attitude à celle qui aurait été tenue par n'importe quel autre membre du personnel politique pris la main dans le pot de confiture (bien cracra la confiture en l'espèce).
Sinon, ce titre va me faire ma journée ^^
ce qui vous arrivera sûrement au moins une fois dans votre vie
Hmmm... Statistiquement improbable, non ?
Thread intéressant ceci dit.
mais je sais qu’à présent, vous avez compris que juger un homme, c’est moins facile en vrai que le cul posé sur un canapé devant BFMTV
Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé une relaxe quasi générale dans l’affaire dite de Tarnac.
Jour de fête.
Autant la vegane que l'ex FI (merci LLM pour le lien : https://www.20minutes.fr/politique/2244499-20180327-ex-candidat-france-insoumise-salue-mort-arnaud-beltrame-tweets-interpelle), c'est vraiment n'importe quoi.
"Apologie du terrorisme", en cette fin de décennie, c'est comme "pédophile" jusqu'à Outreau environ : l'arme absolue pour tuer judiciairement quelqu'un. Je croyais que ça se calmerait après la frénésie de début 2015 (où les condamnations pleuvaient, et souvent pour pas grand chose), j'avais tort.
La situation est encore plus grave et pourrie que je ne le pensais.
J'en profite pour lier ce texte de @Triss (Mastodon) :
http://www.zdnet.fr/blogs/zapping-decrypte/le-curieux-glissement-de-la-justice-vers-la-morale-39866172.htm
Afin d’éviter tout psychodrame inutile, disons d’entrée de jeu que les propos tenus par ces deux personnes sont abjects et cela n’appelle pas à discussion. Pour autant, doit-on systématiquement traîner devant les tribunaux des personnes parce qu’elles disent des âneries, n’engageant qu’elles ? On voit régulièrement fleurir sur les réseaux sociaux, un nombre considérable de propos très malveillants et orduriers, mais tous ne donnent pas lieu à des poursuites, ni même à des suspensions de comptes sur les réseaux sociaux. Si on s’amuse à comparer avec les appels aux meurtres et au harcèlement dont sont victimes certaines femmes, parce que féministes, il y a de quoi s’interroger, surtout quand ces appels se matérialisent par des faits très concrets.
En conclusion : avec l’affaire de Sivens et le décès de Rémi Fraisse, nous avions déjà vu que finalement, s’il existe des règles théoriques d’usage des armes (il était question alors d’une grenade offensive) pour les forces de l’ordre, ces règles cèdent en pratique lorsque les conditions idoines n’en sont pas réunies : une grenade ne se jette normalement pas en cloche sans un minimum de visibilité, mais, voyez-vous, il y avait un grillage et il faisait nuit donc ce gendarme n’avait pas vraiment le choix et il convient de l’absoudre. Ici, c’est précisément le même raisonnement que fait sien l’« expert » du Ministère de l’intérieur : le pauvre policier a certes usé d’une « certaine force » et a certes fait un usage du bâton télescopique en estoc ce qui ne paraît tout à fait conforme aux règles classiques, mais il avait affaire à quelqu’un qui se débattait ; donc finalement il conviendra, lui aussi, de l’absoudre. Dans le cas de Rémi Fraisse, les juges, au moins, assumaient totalement ce raisonnement ; ici une étape supplémentaire est franchie : ils demandent tout simplement à un membre du Ministère de l’intérieur de leur dire ce qu’un policier est en droit ou non de se permettre en terme de violence lors d’une opération. En d’autres termes, ils ne font rien moins que déléguer, sans plus aucune recherche d’artifice, leur pouvoir d’appréciation à la Police, et il est difficile de ne pas repenser à cette formule de Michel Foucault selon laquelle les juges « servent au fond à la Police de fonctionner ».
via Riff
Seul garde-fou pour les personnes prises dans les rets du ministère de l’Intérieur : une personnalité qualifiée de la CNIL, chargée de contrôler la régularité des coups de sécateur. En l’espèce, Alexandre Linden, conseiller honoraire à la Cour de cassation. Et parfois, le blocage coince.
[...]
Dans chacun de ces quatre cas, Alexandre Linden déploie le même argumentaire pour contester la mesure de blocage (et saisir le juge administratif) :
“J’observe que [la qualification d’actes de terrorisme] n’est pas retenue par les autorités judiciaires, le parquet antiterroriste de Paris ne s’étant pas saisi [...] Dans ces conditions, je considère que les demandes de retrait et de déréférencement en cause ne sont pas justifiées”.
Qui décide de ce qu’est le terrorisme ?Réponse du tac-au-tac de Stéphane Fratacci, directeur de cabinet de Gérard Collomb et ancien de chez Brice Hortefeux, dans un courrier daté du 8 février dernier : la décision administrative n’est pas subordonnée “à une qualification pénale retenue par l’autorité judiciaire”. Selon lui, “les publications incriminées revendiquent bien des actes commis avec l’intention de “troubler gravement l’ordre public par l’intimidation ou la terreur”, en l’espèce à l’encontre des forces de sécurité intérieure”. En résumé, le juge judiciaire est prié de rester à l’écart de ce qui ne le regarde pas.
C'est terrifiant : un organe administratif, sans aucun contrôle du juge, que l'on prie d'ailleurs gentiment de regarder ailleurs, bloque n'importe quel site sur sa simple appréciation.
Ces documents, obtenus par Julien Rabier, alias Taziden, fournisseur d’accès associatif et militant des libertés numériques, montrent bien l’opacité de cet itinéraire bis, qui privilégie toujours la ligne droite et n'aime pas trop les ralentissements. Sa toxicité aussi : sur Télérama, je pourrais recopier un lien identifié par l’OCLCTIC sans craindre de représailles (c’est un bon test) ; après tout, l’un des textes publiés sur Indymedia a été repris tel quel par le Dauphiné Libéré. Mais quid d’un blogueur anonyme ou d’un petit média associatif ? Maintenant que l’apologie du terrorisme relève du droit commun - et plus de la loi de 1881 sur la liberté de la presse -, qui décide de ce qu’est le terrorisme : un juge ou un flic ?
Même si ce n'est pas nouveau, de plus en plus, l'étiquette "terrorisme" est un outil bien commode de répression policière. On court à la catastrophe, réveillez-vous.
Au-delà des faits, c’est le comportement du ministère public qui est dénoncé par l’avocate de Canitrot, maître Irène Terrel. Un parquet «politique», tout acquis aux accusations du Medef, se satisfaisant d’une première enquête manifestement bâclée, et s’acharnant tout au long de la procédure contre Loïc Canitrot.
Canitrot, satisfait, s’inquiète maintenant de tous ceux qui ont été poursuivis suite au mouvement de 2016 contre la loi travail. «Pour moi, la relaxe s’est avérée évidente. Mais quid des centaines d’autres militants, de tous ceux qui n’ont pas le soutien dont j’ai bénéficié ? Comment s’en sortir seul face à des accusations fictives ?» Il ne veut pas non plus que l’affaire s’arrête là, et a porté de nouveau plainte contre le Medef, pour violence, mais aussi dénonciation calomnieuse.
Alors dire "justice aux ordres" serait calomnieux, mais je comprends que ça résume l'idée. C'est plutôt "Parquet aux ordresé, sans oublier "ouf, je suis tombé sur une juge qui fait son boulot".
Mais comme le fait remarquer le principal intéressé : quid des autres qui n'auront pas sa chance ?