Une affaire qui en rappelle une autre.
Avant toute chose : je ne cautionne absolument aucun acte de violence.
Seulement, il y a un truc qui me chiffonne dans cette histoire. Au collège de mon gamin, lors des réunions de rentrée, réunion du CA, etc. J'ai un peu joué au con, j'ai posé des questions "naïves" sur ces sujets, et l'on m'avait répondu que le législateur avait à cœur de protéger les mineurs, qu'ils étaient à l'école pour apprendre en dehors de toute influence politique ou religieuse etc. Je veux bien l'admettre.
Mais quid d'un élève majeur ? Qu'est ce qui doit s'appliquer ? Une interdiction générale et absolue de porter un quelconque signe religieux dans un établissement d’enseignement secondaire ? Ou bien la liberté de conscience et la liberté d'expression ?
La laïcité, je le répète avant que quelqu'un dans le fond ne dise une connerie, n'est obligatoire que pour les agents publics. PAS pour les usagers des services publics. C'est l’État qui est laïc, pas les citoyens. D'où ma question "naïve" évoquée au début. On m'avait répondu aussi que les élèves de BTS, étant majeurs, n'étaient pas soumis à cette règle (pourtant ils vont et viennent dans l'enceinte du même établissement et croisent les lycéens voire les collégiens pour les cas de cité scolaire).
Faudrait-il en inférer que les-élèves-majeurs-pas-en BTS ils ont une loi spéciale pour eux ? (tu te fous de ma gueule camarade ?)
Devrait-on aller jusqu'à penser qu'il y a un tout petit peu d'excès de zèle de la part de certains personnels (professeurs ou proviseurs) ?
Est-il permis d'imaginer que cet excès de zèle concerne une religion en particulier, et un genre précis (les femmes, jeunes, de religion musulmane) ?
Je laisse ces éléments à votre sagacité, chers lecteurices.
Le Haut-Commissariat aux droits de l’homme a estimé, mardi, que « personne ne devrait imposer à une femme ce qu’elle doit porter ou non » après que la ministre française des sports a déclaré qu’« un régime de laïcité stricte » s’applique dans le champ du sport.
A chaque fois putain. A chaque que je crois qu'on pourra pas 'enfoncer davantage, je me trompe. On a une islamophobie érigée en principe de gouvernement, et le reste du monde commence à s'en rendre compte.
J'essaie d'éviter d'aller sur "X-anciennement-Twitter", comme disent les journaux, mais c'est plus fort que moi (comme maître Sega, poke la team vieux).
Du coup je suis tombé sur cette intervention d'Aristide Briand, rapporteur de la loi du 9 décembre 1905 sur la séparation des Eglises et de l’État, cité par @Maitre_Eolas.
En substance, la question est celle du costume des ministres des cultes, mais la réponse s'applique aussi à leurs fidèles : interdire un costume particulier au motif qu'il rappelle trop le culte auquel il est associé, serait s'exposer à un risque d'intolérance et de ridicule.
Lisez, l'extrait n'est pas très long et il est savoureux (il semblerait que les députés maîtrisaient mieux la langue française en ce temps là).
La fin est dramatiquement drôle :
La soutane devient, dès le lendemain de la séparation, un vêtement comme un autre accessible à tous les citoyens, prêtres ou non.
Je pose la question, en toute candeur : si demain, une jeune fille non-musulmane (qu'elle soit catholique, protestante, juive, bouddhiste, hindhouiste, pastafariste, athée ou agnostique ou que sais-je encore) faisait son entrée au collège ou au lycée dans une robe longue ressemblant à une abaya, il se passerait quoi ?
Mon mauvais esprit (oui, je suis à la fois candide et de mauvais esprit) me souffle : strictement rien, du fait qu'elle ne serait pas "visiblement musulmane" comme l'a dit je ne sais plus quel imbécile.
EDIT : j'avais l'air de rigoler, mais ça fait réellement partie du problème : https://www.huffingtonpost.fr/france/article/interdiction-de-l-abaya-le-conseil-francais-du-culte-musulman-denonce-le-flou-autour-de-la-definition-du-vetement_222683.html
L’absence « d’une définition claire de ce vêtement crée de fait une situation floue et une insécurité juridique », estime le CFCM*, notamment car dans certains contextes l’abaya pourrait être considérée comme « musulmane » - et donc interdite - et dans d’autres comme « non musulmane » - et donc autorisée.
De ce fait, le CFCM dit craindre un « contrôle au faciès arbitraire » ou que les critères d’évaluation de la tenue des jeunes filles reposent sur « l’origine supposée, le nom de famille ou la couleur de peau ». En conséquence, l’instance « se réserve le droit de saisir le Conseil d’État si l’application concrète de cette mesure d’interdiction aboutissait à des formes de discrimination ».
En même temps, je trouve le CFCM trop complaisant : en se réservant de saisir le Conseil d’État pour les cas qui relèveraient manifestement d'une discrimination fondée sur l'apparence (bref, du racisme), cela revient à dire qu'il accepte les autres cas, au motif que l'abaya n'est pas une prescription religieuse. Et pourtant -Cf. ci-dessus- le simple fait d'interdire l'abaya est une discrimination, puisque fondée sur le lien supposé entre ce vêtement et l'appartenance à une religion.
*CFCM = Conseil français du culte musulman
Cette suspicion obsessionnelle, ce contrôle généralisé des tenues et des corps des élèves sont insupportables et indignes. Et de surcroît, cette sortie témoigne d'une ignorance flagrante sur la laïcité.
Je vais me répéter, mais on n'a pas le cul sorti des ronces hein...
via @matiu_bidule sur (°m que je cite :
Ces gens qui ont trop de temps libre dans leurs mains et qui le consacre à fantasmer sur les vêtement des jeunes filles et leurs éventuelle signification, moi je commence à trouver ça assez malsain ...
Je crois qu'il y a vraiment un axe politique à creuser là, à expliquer que fondamentalement, les gens qui s'intéressent aux tenues des jeunes filles, quelles que soient les excuses bidon de laïcité au fromage qu'ils se donnent, ne sont rien d'autre que des gros pervers creepy.
Mais l’égalité promue par la campagne n’est pas l’égalité homme-femme, ni même l’égalité des chances, supposée remédier aux inégalités sociales. Symptomatique de la droitisation du paysage politique, ces objectifs sont ici remplacés par l’emblème du paternalisme français: la «laïcité», qui permet d’évacuer la promesse républicaine au profit d’une grille de lecture religieuse. A l’opposé de la laïcité inclusive de 1905, la laïcité suprémaciste des lois sur le voile ou de la loi «séparatisme» est un instrument de stigmatisation des minorités issues de l’immigration, qui prolonge les logiques coloniales de hiérarchisation des populations en fonction de leur origine. Vivement critiquée dès son lancement pour son caractère raciste, la campagne du ministère de l’Education nationale affiche en effet de manière transparente la trahison de l’idéal républicain, où l’islamophobie devient le principal ciment de l’unité nationale. Confirmation du malaise: les visuels ont été depuis retirés du site du ministère.
Comme tout énoncé raciste, les images de la campagne s’appuient sur une forte dimension implicite. Derrière l’apparence d’un melting-pot souriant, que l’on pourrait lire comme un éloge de la diversité d’inspiration antiraciste, le mot-clé «laïcité» donne le mode d’emploi de l’organisation des signes. « Le sous-texte, c’est que la laïcité est faite pour corriger les défauts des élèves de culture et de confession musulmanes» explique Jean-Louis Bianco, ancien président de l’Observatoire de la laïcité, supprimé par le gouvernement pour sa fidélité à l’esprit de 1905. Un siècle plus tard, la laïcité suprémaciste suggère en effet d’interpréter les affiches en cherchant les marques d’une opposition basée sur l’appartenance ethno-culturelle.
Vu sur Mastodon, mais je ne trouve pas de sources en ligne autre que Reddit (rien sur le site de l’Éducation nationale ?) ; si c'est avéré, c'est proprement scandaleux : ce n'est pas la laïcité ça, c'est l'égalité - et le léger parfum d'islamophobie n'est pas le fruit de votre imagination.
Une simple demande de réflexion sur les questions de la religion et de la laïcité par des ados, leur non-adhésion spontanée et complète au discours gouvernementale est pour elle visiblement insupportable et nécessite une action au plus haut niveau de l'état. On est en plein dans le délit de blasphème, là : la moindre remise en cause d'une vision complètement pétée de la "République", qui serait par essence parfaite et incriticable, est considérée comme une attaque insupportable.
Encore une pièce versée au dossier "détournement de la laïcité".
Voir aussi : https://ehko.info/france-la-reaction-republicaine-le-grand-bond-en-arriere-democratique/
Si ces trois adolescentes ont pu ébranler la République, soit elles sont très fortes, soit c'est parce que la République vacillait déjà sur ces questions. Cette affaire nous a obligés à nous poser les questions que nous ne voulions pas nous poser. La laïcité a été révoquée en doute parce que les agents chargés de la reproduction ne croient plus à la fonction d'intégration de l'école ou à l'ascension sociale par l'école gratuite et républicaine. Qui y croit sérieusement encore aujourd'hui ? Bruno Etienne, sociologue
Juste une petite liste parce que ça commence à me titiller un peu, les bondieuseries de Manu :
C'est marrant, on n'entend plus tellement les défenseurs acharnés de la laïcité sur ce coup, eux qui sont pourtant si sensibles habituellement.
Je que j'adore dans cette sortie de Macron, c'est que ça fasse chier son nouveau copain Valls ^^
Bon, sinon, comme j'ai pu le lire sur Mastodon, l'intérêt de la manoeuvre c'est surtout que pendant qu'on va s'écharper à grands coups de "Constitution !" "Laïcité !" "Racines chrétiennes de mon cul !", on parlera beaucoup moins de la SNCF, de NDDL, de la réforme de la fac...
Assez de mots et de faux semblants, attaquons ceux dévorés par leurs passions tristes sans concession tout en refusant de jouer leur jeu. Ils veulent faire taire ceux qui ne sont pas d’accord avec eux ? Parlons et laissons-leur la parole pour mieux prouver l’inanité de leurs propos. Ils veulent mettre en place un Etat encore plus autoritaire et sécuritaire que ce qu’il est aujourd’hui ? Montrons à quel point ce projet ne répond pas à la lutte contre le terrorisme mais bien plus à un flicage des luttes sociales. Ils veulent remettre en cause et détruire la laïcité tout en disant la défendre ? Démontrons que leur vision de la laïcité n’est pas une « laïcité offensive » ou « revancharde » comme on l’entend ci et là alors que la nôtre serait une « laïcité ouverte » ou « permissive ». Laissez imposer cette dichotomie, c’est déjà avoir perdu. Ce qu’ils défendent n’est pas, de près ou de loin, la laïcité. Cette chose est une autre chose, qu’ils ont totalement le droit de défendre mais qu’il convient d’appeler par son nom et non pas en dévoyant un beau principe de notre histoire politique. Assez de débats moraux qui dépossèdent la politique de sa substance. Ils veulent imposer une ligne de démarcation morale entre ceux qui pensent comme eux et les autres ? Insistons encore et encore sur la nécessité de demeurer dans le cadre de la politique, cadre qui est nécessairement conflictuel. Il n’y pas, comme il le voudrait, le Bien d’un côté et le Mal de l’autre, simplement des positions qui s’affrontent.
On applaudit bien fort Valérie Boyer pour cette avancée conceptuelle majeure : la laïcité chrétienne.
Sans le christianisme, il n'y aurait pas de laïcité et la laïcité n'existe que dans des pays aux racines chrétiennes.
La Turquie (celle d'avant Erdogan), le Japon, l'Albanie Israël et l'Inde (pas celle de Modi, fondamentaliste hindou...), grands pays aux racines chrétiennes bien connues, apprécieront. (il faudrait rajouter l'Irak de Saddam Hussein, mais on s'embarque sur un terrain glissant...).
Oh, et tout ça pour une histoire de yaourts brassés.
Chacun ses combats Valérie.
S’il n’y a détecté qu’une « mention contraire au droit positif » d’ordre mineur, l’Observatoire met en revanche en cause la tonalité générale de la charte qui, à plusieurs reprises, « occulte les libertés pour se concentrer uniquement sur les interdits », notamment en matière religieuse.
Il critique en outre une confusion entretenue par le texte entre le principe de laïcité et des règles relevant par exemple de la lutte contre les inégalités entre hommes et femmes, au point de « faire craindre une mauvaise compréhension de la laïcité de la part de ceux qui en sont destinataires ». Autant accuser la charte de rendre plus confus une laïcité qu’elle prétend défendre.
Quelle surprise... :/
Que ce soit Fillon ou autre, cela montre bien quelle conception de la laïcité se font ces gens là.
Pas tout lu, mais la démonstration semble intellectuellement intéressante.
Et encore, je suis gentil quand je raconte ainsi les choses : lisez le début du livre de Claude Askilovitch, Nos mal-aimés : il raconte comment il a quitté magazine Le Point de Franz-Olivier Giesbert, après avoir refusé de raconter n’importe quoi quand qu’il fut chargé « de préparer une cover (ces longs articles qui illustrent la couverture et déterminent les ventes d’un journal) au thème imposé, ‘l’islam sans gêne’ (ou ‘le culot des islamistes’, c’était l’alternative) ». Il découvre alors, en enquêtant, une réalité « plus riche », mais elle ne correspond pas à la « ligne du journal » qui, finalement, fait sa cover sur « l’islam sans gêne » sans lui.[2] Voilà comment se construit, depuis longtemps (il faut le souligner), une actualité post-fact, où la majeure partie de la réalité sociale est niée. Mais cette construction produit, au bout du compte, un effet de croyance où des stéréotypes, sans cesse ressassés, deviennent des dogmes… et la laïcité devient une religion civile où l’adhésion à ces « dogmes » est « obligatoire » (cf. Jean-Jacques Rousseau). Les résultats de la « primaire citoyenne » ont montré qu’une telle transformation est loin de faire l’unanimité dans l’électorat de gauche.
via Riff
Cependant, je me demande si les électeurs "de gôche" ont vraiment tout ça en tête au moment de la primaire, ou bien s'ils voulaient juste faire dégager Valls.
De procès en “islamophobie” en remise en cause du droit à l’avortement, de revendications communautaires en Manif pour tous, de “mode du burkini” en “racines chrétiennes”, de “particularisme culturels” en “défense de l’identité”, jamais les affaires publiques n’ont été autant à la merci des ingérences religieuses, menaçant la liberté de conscience et l’égalité des droits. »
Notez comment ce torchon (oui, Charlie) met sur le même plan le racisme islamophobe et les cathos intégristes, semblant renvoyer dos à dos, au nom d'une pseudo critique de la religion, les agresseurs et les victimes.
EDIT : merci à Seb pour son shaare où il lie une sauvegarde de l'article, ce qui m'a plus ou moins forcé à le lire (https://archive.fo/NiOSB)
Une fois de plus c'est l'Islam, l'Islam et encore l'Islam. Mais sinon, on ne fait que défendre la loi de 1905, ce texte, « rigoureux et sévère », et l'on encourage à le lire.
Chiche ?
EDIT : pour mémoire : https://tools.aldarone.fr/share/?sFvwtQ
Le Conseil d’État rappelle la portée du principe de laïcité. Celui-ci crée des obligations pour les personnes publiques, en leur imposant notamment :
- d’assurer la liberté de conscience et de garantir le libre exercice des cultes ;
- de veiller à la neutralité des agents publics et des services publics à l’égard des cultes, en particulier en n’en reconnaissant, ni en n’en subventionnant aucun.
Le Conseil d’État juge que l’article 28 de la loi de 1905, qui met en œuvre le principe de neutralité, interdit l’installation, par des personnes publiques, de signes ou emblèmes qui manifestent la reconnaissance d’un culte ou marquent une préférence religieuse.
En raison de la pluralité de significations des crèches de Noël, qui présentent un caractère religieux mais sont aussi des éléments des décorations profanes installées pour les fêtes de fin d’année, le Conseil d’État juge que leur installation temporaire à l’initiative d’une personne publique, dans un emplacement public, est légale si elle présente un caractère culturel, artistique ou festif, mais non si elle exprime la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse.
Pour déterminer si l’installation d’une crèche de Noël présente un caractère culturel, artistique ou festif, ou si elle exprime au contraire la reconnaissance d’un culte ou une préférence religieuse, le Conseil d’État juge qu’il convient de tenir compte du contexte dans lequel a lieu l’installation, des conditions particulières de cette installation, de l’existence ou de l’absence d’usages locaux et du lieu de cette installation.
Compte tenu de l’importance du lieu de l’installation, le Conseil d’État précise qu’il y a lieu de distinguer les bâtiments des autres emplacements publics :
- dans les bâtiments publics, sièges d’une collectivité publique ou d’un service public, une crèche de Noël ne peut pas être installée, sauf si des circonstances particulières montrent que cette installation présente un caractère culturel, artistique ou festif ;
- dans les autres emplacements publics, compte tenu du caractère festif des installations liées aux fêtes de fin d’année, l’installation d’une crèche de Noël est légale, sauf si elle constitue un acte de prosélytisme ou de revendication d’une opinion religieuse.
Oui, il faut tout lire, parce que la fachosphère va se saisir de l'arrêt pour lui faire dire exactement le contraire de ce qu'il dit vraiment.
TL;DR : un pavé pour expliquer aux entreprises qu'elles doivent respecter les opinions religieuses de leurs employé-e-s, même celles qui les "dérangent".
On en est là.
Qu’est-ce que la laïcité ? On croyait que c’était ce qui garantissait à une femme portant le voile, comme à n’importe qui, le droit de se rendre dans n’importe quel lieu public. Ce n’est pourtant pas ce qu’a entendu la journaliste Suheda Asik, qui travaille pour l’hebdomadaire franco-turc Zaman France, quand elle est venue assister, lundi 26 octobre, à la remise du prix de la laïcité organisée dans un salon de l’Hôtel de ville de Paris. Le Premier ministre, Manuel Valls, et la maire de Paris, Anne Hidalgo, assistaient à cette cérémonie organisée par le Comité Laïcité République (CLR) qui a récompensé Samuel Mayol et Fazil Say, pianiste-compositeur turc – d’où la présence de Zaman France.
Dans un article publié mardi sur le site de son journal, Suheda Asik raconte comment trois personnes, avant le début de la cérémonie, lui ont demandé, avec insistance, de retirer son voile, justement au nom de la laïcité vantée ce soir-là. Elle écrit ainsi :
«Arrivée à la salle municipale, un agent d’accueil se dirige vers moi. […] Continuant à marcher à mes côtés, il se rapproche et me demande en "souriant" : "Vous êtes vraiment obligée de garder ça sur votre tête ?" Abasourdie, je pense un instant avoir mal entendu. Je lui demande donc de se répéter. "Non mais vous savez, vous êtes à l’Hôtel de ville ici, il faut respecter. Nous vous avons laissé entrer, vous pourriez l’enlever par égard pour nous, dit-il en désignant mon voile, c’est la moindre des choses".»
Puis :
«Un mal ne venant jamais seul, quelques minutes plus tard, je me rends compte que j’ai oublié mon téléphone à la sécurité, ce qui m’oblige à redescendre. A mon retour dans la salle, je me dirige vers ma place quand une femme faisant partie de l’organisation m’arrête. "Bonjour !" me dit-elle en me fusillant du regard, puis sans transition : "Enlevez votre voile !"»
Cette femme ira ensuite chercher un membre du Comité Laïcité République, qui demandera à la journaliste : «Et vous traitez de la laïcité, vous ?» «A croire que mon voile m’empêche de réfléchir ou de faire mon métier», ironise Suheda Asik.
Et que dit le Comité Laïcité République, machin dont je découvre l'existence à l'instant ?
Que les vilains médias ont «transformé un simple et regrettable incident en polémique».
D'autant plus que l'impartialité du Machin n'est pas sujette à caution. Non, pas du tout :
Au-delà de ce(s) communiqué(s), un petit tour sur le site du CLR donne une idée de sa définition de la laïcité. Ainsi, le voile islamique fait l’objet d’une rubrique à part entière, avec une sélection d’articles de presse très fournie et très peu variée. Y figurent des textes signés Alain Finkielkraut, tout comme les émissions de ce dernier sur France Culture, mais aussi 17 reprises du site de la revue d’Elisabeth Lévy, Causeur. En revanche, la liste ne comprend aucun article du site animé par le collectif Les mots sont importants, qui pointe régulièrement l’utilisation politique du voile comme instrument d’oppression raciste et sexiste.