Épilogue de cette histoire farfelue : Netflix et le Conan Doyle Estate ont décidé d’abandonner la procédure en justice. Cela suggère que les deux opposants dans cette affaire ont trouvé un accord qui leur permet d’éviter une confrontation devant les tribunaux. Mais pour celles et ceux qui souhaitaient savoir si une cour de justice pourrait déclarer que des sentiments d’un personnage fictif pouvaient être protégés par le droit d’auteur, c’est une déception. Car c’est ce qui faisait tout le sel de cette confrontation : séparer méthodiquement, sur le plan juridique, l’évolution psychologique d’un personnage.
Tiens, j'avais loupé cette affligeante histoire.
Allez, je me débarrasse de mes brouillons en publiant une courte critique initiée le... 16 mars 2020.
Je trouve que mon texte ne rend pas justice à ce livre. Il est 'achement bien, volez-le au plus vite.
Quels sont les 10 livres incontournables en SF au XXIème siècle... pour l'instant (parce qu'on peut quand même imaginer que dans 80 ans, les cartes auront été rebattues, même si les pires dystopies seront lues alors comme des documentaires, mais passons).
Pas mal de romans que j'ai sur ma liseuse... je vais chercher les autres tiens ^^
OMG. Riff a déjà cassé son PEL pour commander 15 exemplaires.
Mis de côté. A lire dans une autre vie.
L'auteur le plus populaire de tous les temps (2 milliards de livres vendus dans le monde entier) est une autrice. Et ses romans sont une merveille de construction narrative et d'analyse psychologique. Qui est-ce?
Un subreddit en français consacré aux "littératures de l'imaginaire" (j'utilise ce terme à défaut d'en avoir trouvé un plus pertinent) : SF, Fantasy, etc.
Puisque je parlais de Mortelle Adèle tout à l'heure :
Mortelle Adèle est une petite fille rousse en uniforme, toujours accompagnée de Magnus, son ami imaginaire, un fantôme. Elle passe ses journées à faire des bêtises, des expériences, à faire tourner en bourrique ses parents et sa grand-mère. Mais derrière cette apparence de diablesse se cache en réalité une petite fille touchante, pleine de spontanéité et d'authenticité. Elle a ainsi fondé dans son école le Club des bizarres, pour lutter contre les pestes de la cour de récréation, celles qui se moquent des élèves qui ne sont pas dans la norme.
Antoine Dole a créé ce personnage quand il était au collège et qu'il subissait les moqueries de ses camarades. Mortelle Adèle fut alors pour lui une manière de se construire et de faire face à sa timidité. Pas étonnant, donc, que cette jeune héroïne prône dans ses gags le droit à la différence pour montrer aux enfants qui suivent ses aventures l’importance de s’affirmer et de s’aimer tel que l’on est.
C'est un personnage que j'ai créé quand j'avais 14 ans, je la dessinais dans mes cahiers, c'était une période compliquée pour moi, j'étais victime de violences scolaires. J'avais beaucoup de mal à comprendre ce que je vivais à ce moment-là et comment reprendre le pouvoir sur cette situation que je subissais. Et c'est comme ça que j'ai créé un alter-ego qui était tout mon opposé : je suis un garçon, c'était une fille, je suis timide, elle osait tout dire. (...) Quelque part, elle m'a aidé à me construire, à répondre aux autres, à comprendre que j'avais aussi cette force en moi. (Antoine Dole)
Pourtant, une fois ouvert le livre, nous avons été frappées par l’écart entre ce que nous lisions et l’idée que nous nous en étions initialement faite. Une question embêtante et entêtante s’est alors immiscée dans notre lecture : pourquoi diable personne, parmi tous ceux qui nous l’avaient conseillé, n’avait semblé relever le virilisme bêta de ce livre ?
[...]
Quand les barres de fer bien dures se muent en corps efféminés, la révolution a du plomb dans l’aile, c’est certain. L’amour, la bonté et la gentillesse, voilà les vrais adversaires.
[...]
La Zone du dehors n’est pas directement le problème. Des romans virilistes béats qui projettent leurs fantasmes masculins sur tout ce qui bouge, il y en a d’autres. C’est plutôt sa réception presque unanime par une frange de la gauche critique qui nous interroge. Comment, à sa parution et encore aujourd’hui, ne pas remarquer le sexisme outrancier de ce livre, ou encore, comment en en ayant conscience, choisir ce type de récit pour alimenter un imaginaire révolutionnaire ? Quel changement social attend-on sur de telles bases, sans aucune réflexion sur la domination de genre [6] ? Au fond, nous avons fini par nous demander si ce n’était pas justement parce que, sous couvert d’idéal libertaire, il flattait des valeurs viriles déjà bien présentes dans les rangs de la gauche que ce roman plaisait tant à nos amis.
Pas lu, et je ne sais plus trop si je n'ai plus envie de le lire, ou si je vais le lire pour vérifier par moi-même ; ou si je n'aurais rien vu en le lisant sans avertissement préalable, ou si ça m'aurait sauté aux yeux quand même... Bref, c'est malaisant.
L'essence de cet article (ce n'est pas tout de faire la révolution, encore faut-il ne pas se comporter comme des connards virilistes aussi dégueulasses que le système contre lequel on prétend lutter) m'a fait penser à cet excellent roman d'Ursula K. Le Guin, Quatre chemins de pardon. Rattaché au "cycle" de l'Ekumen, ce roman met en scène une société esclavagiste, réparties sur deux planètes, l'oligarchie de propriétaires (noirs) de Werel réduisant en esclavage l'immense population blanche (les romans permettent de s'offrir de ces petites vengeances sur l'Histoire) et dont le sort déjà peu enviable devient un enfer sur la planète-colonie Yeowe (oh oh Yeowe, personne ne revient jamais).
Mais je m'égare. Les "mobiliers" se révoltent, s'ensuit une longue guerre qui bouleversera de fond en comble les systèmes de valeurs de deux planètes. Mais ce sont les hommes qui font la guerre et la révolution. Pour les femmes, la domination werelienne a juste été remplacée par celle des hommes. Il faudra faire une deuxième révolution pur qu'elles accèdent, elles aussi, à la liberté.
Un roman indispensable (même si j'ai déjà dû dire ça pour tous les romans d'Ursula La Guin, mais celui-là l'est encore plus que les autres).
Une relecture systématique des Annales du Disque Monde ; intéressant (je n'ai moi-même toujours pas fini de toutes les lire) et rassurant quant à mon opinion sur 3 premiers volumes, que j'ai trouvé de qualité inférieure à la moyenne de la série.
via Riff (enfin je crois...)
J'ai bien aimé ce post de Tommy, mettant d'ailleurs certaines de ses préconisations en œuvre, comme lire dans le lit avec ma liseuse, et/ou relire quelque chose de connu.
En l’occurrence, je relis La Recherche du temps perdu, par petits bouts, et sans m'en faire une obligation, ayant commencé fin 2019 (après avoir commencé d'écouter les cours d'Antoine Compagnon sur Proust en 1913).
L'autre soir, j'ai donc relu ce passage de Combray, qui n'avait pas particulièrement attiré mon intention lors de la première lecture, et qui cette fois-ci m'a poussé à vérifier le lendemain, Phèdre en main, la véracité de mon intuition :
ma mère me trouva en larmes dans le petit raidillon contigu à Tansonville, en train de dire adieu aux aubépines, entourant de mes bras les branches piquantes, et, comme une princesse de tragédie à qui pèseraient ces vains ornements, ingrat envers l’importune main qui en formant tous ces nœuds avait pris soin sur mon front d’assembler mes cheveux
Du côté de chez Swann, Partie I : CombrayQue ces vains ornements, que ces voiles me pèsent !
Quelle importune main, en formant tous ces nœuds,
A pris soin sur mon front d'assembler mes cheveux ?
Tout m'afflige et me nuit, et conspire à me nuire.
Phèdre, Acte Scène 2
Je me demande combien d'autres citations de ce type peut-on trouver dans La Recherche ?