Un excellent article de Martin Winckler sur un sujet qui me tient à cœur.
Aujourd'hui je vais juste parler de terminologie. Des mots qu'on emploie et de ceux qu'on pourrait choisir (il me semble) employer à leur place.
Et donc le mot d'aujourd'hui est "euthanasie".
Étymologiquement, ça vient du grec et ça signifie "bonne (eu) mort (thanatos)"
Quand on le dit, ça sonne furieusement à mes oreilles comme "état nazi" et je ne suis pas sûr d'être le seul à entendre ça, de manière plus ou moins subliminale. Entendu comme ça, ça fait peur. Et il y a de quoi.
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Le mot "euthanasie", avec sa polysémie, noie le poisson. Qui n'avait rien demandé. Il masque totalement que dans le débat actuel, la question est avant tout celle de la liberté de mourir quand et comment on le décide et le choisit.
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Il s'agit d'une procédure médicale : la personne qui veut mourir ne veut pas se pendre, se noyer, se défenestrer, se tirer des chevrotines dans la bouche ou avaler de la mort aux rats.
Elle désire mourir sans souffrance et sans faire souffrir son entourage, grâce à des méthodes contrôlées et dont les effets sont connus. La pharmacopée n'en manque pas.
Le rôle médical est là, et seulement là : lui procurer (et, éventuellement, administrer si la personne ne peut ou ne veut le faire elle-même) les médicaments qui lui permettent de mettre fin à sa vie 1° sans souffrir et 2° au moment qu'elle aura choisi.
(Oui, oui, j'en entends dire "Mais un médecin c'est pas fait pour tuer"... Et encore une fois ces personnes-là ne voient pas l'essentiel, à savoir qu'il s'agit d'une décision prise par la personne soignée, et non par les médecins. Et qu'elles ont toute latitude pour se démettre, comme pour n'importe quel soin.
On ne demandera pas aux professionnelles opposées à l'aide médicale à mourir de la pratiquer, tout comme on ne force pas des personnes opposées à l'IVG de les pratiquer. Elles le feraient mal.
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Tout ça est simple, il me semble. A dire, à définir, à comprendre et à réglementer. Et à celles et ceux qui commencent à émettre des objections, je répondrai simplement : Suisse, Luxembourg, Belgique, Pays-Bas, Canada, Colombie, Oregon... Ces états ont légiféré/réglementé. Pour certains, depuis trente ans. Et leur société ne s'est pas engouffrée dans le chaos. Alors, encore une fois, qu'on arrête d'emmerder le monde avec des objections qui ne tiennent pas debout.
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Bannissons le mot "euthanasie" du vocabulaire et donc du débat.
Parlons désormais d' "aide/assistance médicale à mourir".
Car cela permettra de mieux voir l'enjeu central :
Dans une société qui se dit démocratique et dont la devise est "Liberté, Egalité, Fraternité", les citoyennes doivent pouvoir décider de mourir librement et selon leurs propres termes, avec l'aide des professionnelles de santé qui sont prêtes à les accompagner.
Je ne sais pas si la société française et ses élues de tous genres sont prêtes à voter une loi qui irait dans ce sens, mais appelons au moins les choses par leur nom.
Après une nouvelle plainte, le médiatique microbiologiste de Marseille accusé d'"information erronée du public", va devoir s'expliquer devant ses pairs et s'expose à une sanction exemplaire.
Mon moral vient de remonter d'un coup.
Il est même plus que probable qu'on puisse dire "le racisme profondément intégré par des génération de médecins"
(j’étais tombé sur un article à propos de cette affaire expliquant que le biais ayant amené à cet algorithme seraient en fait largement répandu, et de longue date dans les diagnostiques des médecins américains" faudra que je le retrouve :/)
Ça ne m'étonne pas ; il n'y a qu'à voir la façon dont est morte Naomi Musenga.
Je croyais avoir déjà shaarliée cette critique du livre "Le chœur des femmes" par Mona Chollet, mais voilà qui est fait.
Il faut avoir en tête que tout ce qui arrive à un patient n'est pas essentiel à notre diagnostic : il faut comprendre et distinguer ce qui est important de ce qui arrive dans la vie et la santé d'une personne. Il existe deux aphorismes sur lesquels on s'appuie. Le "rasoir d'Ockham" , principe selon lequel l'idée la plus simple est souvent la bonne. C'est l'idée que l'on peut peut-être expliquer un ensemble de symptômes par une seule cause. C'est ce qu'on préfère !
Il y a aussi celui d'un docteur américain, qui a donné le "Hickam's dictum" [...] "Un patient peut avoir autant de satanées maladies qui lui chante." On espère que le patient n'a qu'une maladie mais il arrive qu'il en ait plusieurs...
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Car s'il existe des milliers de maladies, notre corps a un nombre très, très limité de façons de les exprimer.
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Personne ne le sait vraiment, mais je crois que c’est entre autres parce que les femmes ont été éduquées à écouter. C'est une compétence importante lors du diagnostic : recueillir l'histoire du patient.
Alors on est bien d'accord que les femmes n'écoutent pas "mieux" que les hommes, mais l'essentiel est dit : on n'apprend pas (assez) aux médecins à écouter leurs patients (pas en tant qu'être humain en tout cas), juste à les considérer comme un sac de symptômes.
C'est une étude faite dans les années 70 en Grande-Bretagne. Quatre docteurs ont reçu un total de 80 patients. Ils devaient garder une trace de ce sur quoi ils se sont fondés pour établir leur diagnostic. Dans 75% ou 80% des cas, le diagnostic a été fait à partir de l'histoire du patient. Les examens n'ont suffi qu'à obtenir des compléments d'information ou à confirmer ce qu'ils savaient déjà. Cette étude a été refaite dans les années 1990 et des résultats similaires ont été obtenus.
"Quand j'ai écouté l'enregistrement [de Naomi Musenga et de l'agente du Samu], ça m'a frappée parce que c'est quelque chose que j'ai connu. Le ton qui était utilisé, c'est un ton que j'ai déjà entendu", témoigne de son côté Karima*, la quarantaine. Elle aussi estime avoir été victime de préjugés racistes de la part des médecins. "Celles-là, elles en font toujours trop", s'entend-elle répondre, à 18 ans, le jour où elle se plaint de fortes douleurs auprès d'un infirmier qui procédait à une injection. Plus tard, lorsqu'elle se présente "zen et détendue" à la clinique le jour de son accouchement, "le gars de l'accueil se met à rire et dit que je suis bien calme parce que 'd'habitude, les gens comme vous se roulent par terre'".
On commence enfin à faire le le lien entre le racisme et la mort de Naomi Musenga.
Il était temps.
Alors qu’ils ont vu la catastrophe sanitaire se dérouler sous leurs yeux, les "French doctors" n'ont alerté ni la presse ni le grand public.
En juillet dernier, dans la salle d’audience australienne, alors qu’il était question de la prothèse, des e-mails du groupe des neuf ont été lus à voix haute provoquant des mouvements d’indignation. Dans cet échange privé, postérieur à l'introduction du Prolift sur le marché, l’un des médecins se demande s'il est normal qu’il n’ait, pour le moment, aucune envie de poser cette prothèse à sa femme.
Pour faire un résumé à la hache, voilà ce que ça donne quand les hommes s'occupent du corps des femmes. "ça fait mal ? Ranafout, je sens rien moi"
Des médecins lui ont dit : «Je vous comprends, vous avez raison, mais je ne peux rien faire pour vous.» Ils ont tort : la dernière loi Claeys-Leonetti laisse un espace pour ces situations. Encore faut-il qu’ils prennent leurs responsabilités. Là, les médecins ne l’ont pas prise, et Anne Bert s’est décidée à partir en Belgique.
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Que faire alors ? Chacun a sa façon d’être : «J’ai beau me coucher, et me lever, les jours ne se renouvellent pas. Il n’y a qu’un lendemain : la mort…» Mais aussi : «Même ma langue a changé : je n’emploie plus le futur qui ne sera pas. Ni l’imparfait qui me griffe le cœur et qui n’est plus… Cela va si vite. Je ne veux pas de ça, ni des aides à sous-vivre, être branchée ici ou là, ni même être nourrie à la cuillère, ou assistée pour respirer.» Anne Bert n’aime pas la mort. «Mourir n’est pas mon projet de vie. Je ne veux pas mourir. C’est la SLA, mon adversaire, qui me donne la mort.» Et donc, ce projet : «Je ne me décharge pas de la responsabilité de ma fin, elle fait partie de ma vie, je ne la livre pas contre mon gré au corps médical impuissant. Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir.»
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Voilà, mourir simplement avec une main amie. Quand on évoquait la fin de vie avec le philosophe Paul Ricœur, il répondait de la même façon : «Mourir avec une main amie.» La médecine française ne lui a pas apporté ce réconfort. Anne Bert ne voulait pourtant rien d’autre, ni être un exemple, ni être hors de la loi : «Un malade incurable n’a aucun devoir. Je ne nuis à personne en assumant mon choix, je ne fais aucun tort à ceux qui acceptent de vivre l’enfer.» Et cette évidence : «Puisque la mort fait partie de la vie, à défaut d’être gaie, elle mérite d’être belle et non souffrante.» Sa mort.
C'est moche, hein. Choix : rester défiguré·e ou mourir du cancer :/
Le site préféré de Luka Rocco Magnotta ^^
Sans rire, c'est fascinant.
Bon, faut pas regarder en mangeant, mais c'est fascinant.
Baptisé Anthropotomia, cet outil s’utilise quasiment comme un livre de recettes de cuisine. C’est une feuille de route qui accompagne l’étudiant lorsqu’il prépare sa séance de travaux pratiques et le guide pas à pas lors de la dissection. Toutes les étapes sont détaillées. Les textes accompagnent des photographies donnant des consignes de dissection. « C’est plus un aide-mémoire qu’un cours d’anatomie », reconnaît un étudiant. « Le livre c’est bien, mais ce n’est pas suffisant. Là, on est presque dans la vraie vie », déclare un autre. « C’est une chose de savoir son anatomie dans son livre, mais c’est autre chose que de voir tous les muscles, les tendons… en vrai », ajoute un troisième.
Quelle horreur. Un cas exemplaire de violence médicale.
Il est mort le 11 mars à 14h après de très grandes souffrances, entouré de ses enfants mais abandonné par ses confrères. Rien n’a été dit ni fait pour lui donner une étincelle d’espoir, pour diminuer sa peur et son angoisse. RIEN. Ils l’ont laissé seul, ils nous ont laissé seuls.
Dans le serment d'Hippocrate, il est écrit :
"Guérir, parfois… Soulager, souvent… Accompagner toujours."
Sous le prétexte qu’il était médecin, on lui a tout asséné sans ménagement ni empathie comme si on parlait d’un autre malade, allant jusqu’à préciser qu'il allait avoir une atteinte de la moelle épinière ; on lui a parlé de confrère à confrère oubliant que c’était de sa vie dont on parlait, on ne l’a pas informé mais on lui a asséné la vérité oubliant qu’il était aussi un être humain et sans mesurer l’impact psychologique de tels discours.
Comment un bouton sur les fesses s'est transformé en cas exemplaire de maltraitance médicale. Oh, la dame n'a pas été frappée, ni violentée, non. Cette violence là se passe de gestes.
Je reprends un extrait de la conclusion du Dr Dupagne :
"L’empathie ne fait pas partie des critères de sélection des médecins et c’est vraiment dommage, parce que ce serait techniquement possible. Il nous faut certes des techniciens, mais l’humanité qui entoure la technique n’est pas négociable."
Un Tumblr de témoignage sur le défaut de consentement, un thème déjà abordé par Martin Winckler (http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?dMZcxQ), mais que j'ai découvert via http://janinebd.fr/laisser-le-choix-au-temps/?utm_source=rss&utm_medium=rss&utm_campaign=laisser-le-choix-au-temps (le sujet d'origine était le temps, elle a un peu digressé...)
La vache, le pauvre gars. Qu'est ce que ce devait être avant la greffe...
Sacré exploit médical au passage.
L'info n'est pas choquante en soi, mais la vidéo d'avant l'opération est assez dérangeante : https://www.youtube.com/watch?v=Z60i1Gl8Ufc
Putain...
Je recopie le texte du tweet ici :
C'est officiel dans le rapport de stage, les gynécos apprennent le toucher vaginal au bloc sur patiente endormie
https://webcache.googleusercontent.com/search?q=cache:Re86OQXYng4J:lyon-sud.univ-lyon1.fr/servlet/com.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw%3FID_FICHIER%3D1320402909368+&cd=1&hl=fr&ct=clnk&gl=fr
D'accord au sujet de Martin Winckler, j'avais d'ailleurs shaarlié ça : http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?dMZcxQ
EDIT : voir aussi http://unejeuneidiote.com/2015/02/13/consentement-toucher-vaginal/
Et pendant ce temps, ceux qui sont au pouvoir, non content de casser l'hôpital public, sabordent tout doucement son image et celle des médecins libéraux.
Comme quoi, quand on cherche un peu de l'info sur le pourquoi du comment, on trouve. Surtout quand la liste des médecins blogueurs est longue comme un bras d'orang-outang. (Cf. http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?i7SfHQ)
J'ai choisi de lier Jaddo, parce qu'elle explique avec son style inimitable le problème du tiers payant généralisé, avec les implications concrètes à tous les niveaux ; et comme dans le shaare précédent, ce n'est pas uniquement un problème de revenus (même si, mécaniquement, le nombre des impayés ne pourra qu’augmenter) : il y a aussi des problèmes organisationnels et éthiques. Mais pour comprendre ça, il faut réfléchir plus loin que la brève entendue le matin à la radio. Ou lire son texte jusqu'au bout.
Ou lire un de ceux-ci :
http://boree.eu/?p=3514
http://armance.overblog.com/2014/12/cher-pere-noel.html
http://www.atoute.org/n/Medecins-pourquoi-cette-greve.html
http://www.atoute.org/n/forum/showthread.php?t=187017
http://enattendanth5n1.20minutes-blogs.fr/archive/2014/12/22/loi-sante-greves-des-medecins-de-quoi-marisol-touraine-est-e-911074.html
http://www.snjmg.org/actualites/infos-prives-de-these#position
Et si vraiment vous n'avez pas le temps de lire, voici le cœur du problème résumé en une phrase par Dominique Dupagne (Atoute.org)
"Marisol Touraine a réussi a trouver LA pierre d’achoppement quasi parfaite, celle qui est capable de mobiliser contre elle toute une profession et quasiment tous les syndicats : le tiers-payant généralisé (TPG). Pour répondre à un besoin réel, mais marginal, cette mesure transforme les médecins en comptables qui devront batailler avec une myriade d’organismes pour tenter de récupérer les honoraires que les patients ne leur paieront plus directement, y compris les plus aisés d’entre-eux."