Aujourd’hui, en tant qu’historienne et conseillère scientifique pour le musée de la résistance du Mont-Mouchet en Haute-Loire, elle estime que le devoir de mémoire a quelque part failli. Elle explique : “À Oradour-sur-Glane, l’extrême droite a récolté plus de 40% des voix. En tant qu’historienne, j’ai l’impression que nous sommes dans une amnésie collective. Quand vous voulez alerter, vous passez pour un trouble-fête. On met sous le tapis ce qui dérange. Et à force de mettre sous le tapis cela, un beau jour la poussière sort et vous étouffe”.
Elle poursuit : “La France de Pétain, c’était il y a 80 ans. C’est une absence de culture historique dont nous sommes peut-être collectivement responsables. Cette Histoire ne parle plus aux gens. On a beau faire des documentaires pour expliquer que des partis politiques ont emmené des gens dans des camps de concentration, tout cela ne parle plus. L’Histoire devient un grand spectacle. La commémoration du Débarquement est devenue un grand spectacle festif. Les 80 ans de la Libération sont devenus un carnaval déguisé où l’on joue à la guéguerre. Par conséquent, il y a une banalisation de tout cela”.
Encore un super article, sur le même thème que le précédent, merci à Tommy de nous avoir permis de découvrir ce blog.
Deux notions sont à comprendre : comment fonctionne le maniement des données dans le cerveau et comment on perçoit le temps. Pour simplifier énormément, plus vous êtes jeune, plus vous vous servez de la puissance de calcul brute de votre cerveau pour manier les concepts. Vous êtes riches en neurones, vous avez moyennement de l'expérience, et vous maniez les concept en plaçant tout en mémoire de travail et en faisant tourner au maximum vos capacités d'analyses. Prenons un exemple. Vous donnez un jeu de Tetris à un enfant : vous allez voir que pendant la chute de la brique, il la fait (en général) tourner très vite dans les deux axes tout en la déplaçant. Le jeune cerveau est capable d'analyser en temps réel toutes les combinaisons qu'il voit, et comme il est vif, il les essaie virtuellement toutes jusqu'au dernier moment. Le vieux par contre (le vieux qui sait jouer à Tétris évidemment), laisse tomber la brique pas mal de temps au début sans la manipuler. En fait, ses capacités cognitives sont réduites mais il a pour lui l'expérience. Il va analyser la forme de la brique et chercher les souvenirs associés à cette forme.
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Avec ces deux exemples (utilisation de la puissance de calcul versus expérience et perception du temps selon la capacité cognitive) vous avez la cause des propos de votre tonton qui vous donne des leçons. Pour lui tout va réellement trop vite et il pense que les jeunes sont mal élevés quand il font plusieurs choses à la fois car il sait que si lui faisait pareil il ferait mal ces choses. Pour le dire autrement, contrairement à vous, tonton ne peut pas faire la conversation tout en participant à une discussion sur twitter. Du coup il pense que vous non plus.
Voila, tonton est vieux ! Laissez-le parler.
Et vos gosses sont plus jeunes que vous donc fichez leur la paix.
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Mais cette volonté de simplifier les choses avec des règles de "bon sens" et un retour aux "valeurs" se retrouve chez tous les vieux depuis l'antiquité. Déjà vers la fin de la République romaine on a des écrits sur la jeunesse feignasse et dépravée. Et il y'a des textes grecs encore plus anciens. Donc le problème n'est pas la situation réelle, mais se perception par les vieux.
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Concrètement cela signifie que les sujet âgés ne sont plus capables d'assimiler les règles nouvelles surtout si elles sont implicites. Et quoi de de plus implicite que le fond culturel des plus jeunes (culture geek, ou les règles vestimentaires, ou les règles d'usages des réseaux sociaux).
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Voila pourquoi tonton est conservateur : son cerveau n’appréhende pas la nouveauté comme vous. On verra ce que vous ferez à son âge.
L'oubli permet de s'adapter à de nouvelles situations en laissant de côté des informations datées et trompeuses qui ne sont pas forcément utiles dans un environnement qui a changé. « Si vous essayez de naviguer dans le monde et que votre cerveau émet constamment de multiples souvenirs conflictuels, cela rend plus difficile une prise de décision éclairée » explique Blake Richards.
Maintenant, je sais pourquoi j'oublie systématiquement une tâche une fois que je l'ai réalisée. Ce n'est pas une boutade hein : je l'oublie vraiment (au grand désespoir de mes collègues, parfois).
Si je vous dis « Luke, je suis ton père », normalement, vous voyez instinctivement de quoi je parle : Darth Vader, Luke Skywalker, L'Empire contre-attaque, la référence est universelle. Tant mieux pour nous, tant pis pour notre perception du réel, car Darth Vader ne prononce jamais (exactement) cette phrase dans le film. Sceptique ?
Euh... Il y a encore des gens pour ignorer que la phrase de Vader est "Non... je suis... ton père" ?
On va dire que c'est un exemple pour introduire le pitch de l'article :
une petite minorité s’accroche obstinément à sa version de l’Histoire, au point de considérer que c’est la réalité qui a un souci. Pour cette communauté, qui collecte patiemment tous ces exemples de glitchs dans la réalité, le symptôme a même un nom : l’effet Mandela.
Effet nommé ainsi en référence à la "créatrice" du mouvement, qui s'est rendue compte qu'elle et d'autres personnes croyaient -ou plutôt savaient- que Mandela était mort en prison en 1980.
Les exemples cités sont assez géniaux.
Il n’y aura jamais eu en France autant de commémorations que pendant le mandat de François Hollande : célébrations diverses des deux Guerres mondiales, entrée au Panthéon de grands résistants, récente polémique sur le choix de la date du 19 mars - celle des accords d’Evian - pour commémorer la fin de la guerre d’Algérie… Il y a plus de vingt ans, l’historien Henry Rousso publiait Vichy, un passé qui ne passe pas (Fayard). Dans son dernier livre Face au passé : essais sur la mémoire contemporaine, il s’interroge sur l’activisme mémoriel. Alors que la mémoire s’est mondialisée pour devenir une valeur cardinale des sociétés démocratiques, l’historien pointe les limites d’une mémoire collective purement négative, prescriptive et conjuratoire (le fameux «plus jamais ça»). Qui n’a évité ni la résurgence de l’antisémitisme en France ni le regain des nationalismes en Europe de l’Est.
Je viens juste de commencer La Fugitive ; on tient le bon bout...
Un peu capillotracté leur histoire là... et l'épisode des pavés de l'hôtel de Guermantes est effectivement tenu par les (proustiens ? proustologues ? proustophiles ?) comme le pendant de celui de la madeleine.
J'avais déjà lu quelque chose sur le peu de fiabilité des souvenirs il y a... longtemps ; ce devait être au CDI du collège :-O
Mais ça disait à peu près la même chose que là : avec un peu de manipulation, il est relativement facile de "fabriquer" de faux souvenirs plus vrais que nature.
Et avec une petite piqûre, on peut te faire croire que tu as été sur Mars. Ah non, ça c'est dans Total Recall.
via des shaarlistes
La suite de la suite... En partant de là http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?8hiXvw je suis arrivé ici . Encore un blog de Jean-No très intéressant (j'ai toujours un peu de mal à comprendre pourquoi les gens ouvrent plusieurs blogs ; ne peuvent-ils pas dire tout ce qu'ils ont à dire sur un seul et même blog ?)
Cet article insiste sur la relation entre la mémoire et l'espace physique, qui était évoquée dans les articles précédemment cités à propos de la dimension physique de l'objet livre : "Cela a permis d’établir que l’instant du passage d’une pièce à une autre est un évènement, une frontière qui nous permet d’évacuer certaines préoccupations pour passer à d’autres. On retrouve la mémoire en revenant dans la pièce qui est liée au souvenir."
"Comment échapper au « Digital Dark Age » qui désigne la situation dans laquelle les données électroniques seront devenues illisibles en raison de supports caducs et de formats oubliés ? Des solutions existent-elles pour éviter le trou noir numérique et assurer la pérennité de l’accès à ces données malgré la permanente évolution des langages informatiques et des normes de protection contre la copie des productions numériques ? Au contraire, le développement anarchique de l’informatique menace-t-il la mémoire électronique d’une sorte d’ « oubli numérique » ? "
Ce site, réalisé par sa famille, est consacré à la mémoire de François Pengam, résistant fusillé le 27 mai 1944, à l'âge de 19 ans