"Car les violences policières ne sont pas un dysfonctionnement. « Il ne s’agit pas de bavure ou de dérive, affirme Robin, mais d’un système de domination qui fonctionne grâce aux œillères que la majorité des individus ont du mal à faire tomber et à la censure médiatique qui court du massacre d’octobre 1961 à aujourd’hui en passant par des milliers de crimes policiers impunis. » On tire un fil qui nous mène aux racines du pouvoir et à son autoritarisme.
via Tommy
J'aurais juste une remarque sur un point de détail : la violence étatique ne remonte pas à 1961, même si cette date est évidemment un symbole fort. Mais, au risque de replonger certains dans leurs souvenirs de lycée, juste une phrase :
un Etat est une communauté humaine qui revendique le monopole de l’usage légitime de la force physique sur un territoire donné.
Max Weber, Le savant et le politique, 1919.
C'est pessimiste hein ? Pour Max Weber, l'exercice de la violence (y compris à l'encontre de ses propres citoyens) est constitutive de la définition de l''Etat. A l'aune de cette définition, non, les violences policières ne sont pas un dysfonctionnement. Elles sont, si vous me permettez ce rapprochement intempestif avec une phrase que les développeurs aiment bien,(it's not a bug...) une fonctionnalité.
Waouh. Je me demande si j'aurai un jour le temps / le courage de lire ça...
EDIT : J'ai commencé à le lire.
Et c'est vachement bien.
"Nous serons comme des dieux", tels sont les mots susurrés à l'oreille d'Eve par le serpent du paradis. Et si on allait explorer ce que font les dieux du monde, tous les dieux ? Car il s'en passe de belles dans leur univers : procréations artificielles, PMA et GPA, transformisme accéléré, crimes passionnels, fabrication de monstres biologiques, enfants adultes dès leur première seconde... Les dieux des mythologies universelles ont anticipé des fantasmes qui, aujourd'hui, se réalisent.
Super série. Va falloir que je télécharge les podcasts.
C'est le titre d'un livre dont j'ai entendu un extrait d'interview de l'auteur il y a deux jours sur France Culture. Si ça a l'air vraiment intéressant, malgré le mot "philosophie" sur la couverture qui pourrait être rebutant, c'est parce que c'est "expérimental". Le livre pose 19 dilemmes http://www.lemonde.fr/livres/article/2011/09/15/l-influence-de-l-odeur-des-croissants-chauds-sur-la-bonte-humaine-et-autres-questions-de-philosophie-morale-experimentale-de-ruwen-ogien_1572535_3260.html dont la réponse n'est jamais simple et se traduit en interrogations philosophiques sur nos valeurs, la morale, la mort, la vie (l'univers et le reste...)
Voici le dilemme présenté lors de l'interview : imaginez un canot à bord duquel se trouvent 4 hommes et un chien. Pour des raisons diverses (surcharge, avarie, manque de vivres...), il faut sacrifier quelqu'un en le rejetant à la mer. Qui jetez vous ? La réponse parait évidente : on fout le clébard à la flotte. Bon. Imaginez maintenant que ces 4 hommes soient des criminels nazis en fuite, et que le chien soit un de ces "chiens héros", qui a sauvé des centaines de personnes lors de catastrophes... Maintenez-vous votre choix ?
Je cite l'article du Monde : "Chaque fois, les questions sont : que faire ? Au nom de quoi approuver ou condamner ? Quel genre de règles, de raisonnements et d'évidences mettez-vous en oeuvre pour vous prononcer ? [...] But du jeu : montrer que tout, en morale, peut et doit être questionné. Que les intuitions dont on se réclame ne sont jamais si claires qu'on croit ni si assurées qu'on dit. Que les doctrines se contredisent toujours, les principes parfois. Et que l'entraide et la bénévolence tiennent à peu de chose : dans un centre commercial, montre une étude savante, les gens exposés aux effluves du four du boulanger rendent significativement plus de menus services que les autres."
Je suis d'abord tombé sur ce lien dans le Shaarli d'Alda, assorti de ce commentaire : "Féministe mon cul oui. Raciste de merde surtout." Cela m'a un peu intrigué. Je ne suis pas toujours d'accord avec ce que raconte Mme Badinter, mais de là à l'imaginer faisant la promo de Marine Le Pen et du FN, ça me semblait quand même un peu gros.
Alors j'ai un peu cherché. Pas longtemps, le premier lien Google fut le bon : http://www.lemonde.fr/politique/article/2011/09/29/elisabeth-badinter-en-dehors-de-marine-le-pen-plus-personne-ne-defend-la-laicite_1580125_823448.html Notez le titre pas ambigu pour deux sous : "Elisabeth Badinter déplore qu'"en dehors de Marine Le Pen", plus personne ne défende la laïcité". Cet article étant du blabla autour d'un autre article, je suis remonté à l'article source, tiré du Monde des religions (je ne savais pas qu'il y avait un "Monde des religions" ; leur diversification me laisse songeur. A quand Le Monde de la pêche à la ligne, Le Monde des fumeurs de joints, Le Monde des jeux vidéo ? Bref.)
Notez le titre beaucoup moins accrocheur : "Elisabeth Badinter : "Un peu de kantisme dans notre société serait bienvenu" http://www.lemondedesreligions.fr/entretiens/elisabeth-badinter-un-peu-de-kantisme-dans-notre-societe-serait-bienvenu-28-09-2011-1894_111.php
Je lis l'article en diagonale, je constate que ça parle essentiellement de religion, et de la place croissante prise par celle-ci dans notre société, ce que Mme Badinter regrette. Je n'ai rien à redire là dessus, je suis d'accord avec elle.
Citation :
"Par exemple, depuis les années 1990, s’impose l’idée qu’un bon Juif doit absolument manger casher et les kippas jadis réservées au moment des prières se répandent de plus en plus dans l’espace public, au cas où l’on prononcerait le nom de Dieu chez son épicier ! Il en est de même chez un nombre grandissant de musulmans : manger halal, cacher les cheveux des femmes et les formes de leur corps. Si le catholicisme traditionnel est en perte de vitesse, on voit s’implanter très vite dans les banlieues de nouvelles formes réactionnaires de sectes chrétiennes telles les évangéliques qui nous viennent des États-Unis.
Je ne comprends pas ce besoin actuel d’exhiber une identité religieuse et de se définir par opposition aux autres qui deviennent des étrangers. Je retrouve ce même état d’esprit dans le combat féministe américain des années 1980 qui a largement gagné nos côtes et qui exalte de la même manière les différences homme-femme. De par leur puissance de reproduction, les femmes seraient détentrices de comportements et de valeurs différentes permettant d’équilibrer le monde viril fait de compétition, d’agression. Malheureusement, cette conception du monde qui nous réduit au biologique l’emporte aujourd’hui, et notamment au sein du Parti socialiste, au travers de la philosophie du « care », défendue par Martine Aubry."
Seul le dernier paragraphe est regrettable, dans le sens où Marine Le Pen n'est pas la seule à défendre l'idée de laïcité, mais plutôt que les autre partis lui ont abandonné le terme, et n'osent plus désormais s'en emparer. Merci Sarkozy, merci Flamby, vous avez bien bossés. Là où Mme Badinter se trompe, c'est que la laïcité n'est pas une idée "de gauche" ou "de droite", c'est un élément du bloc de constitutionnalité (j'adore écrire ça, ça en jette) garantissant à tout un chacun d'exercer librement sa religion. ce qui veut dire que l'on peut (ou devrait pouvoir) porter un niqab, une kippa, un crucifix, sans que ce soit répréhensible... suivez mon regard, l'actualité de ces dernières semaines a été assez lourde à ce sujet. Pour aller plus loin sur le sujet épineux et largement incompris (souvent exprès), se référer à cet article de Me Eolas : http://www.maitre-eolas.fr/post/2012/08/15/Pour-en-finir-avec-la-la%C3%AFcit%C3%A9
J'ai sauvegardé l'interview de Badinter dans mon respawn (encore un super truc ça, merci à Timo et Bronco) : http://sammyfisherjr.net/respawn/?public&publicget=2013-07-30-12-45-40
Les grands concepts et les grands auteurs de la philosophie abordés à travers des extraits de film !