Dans notre grande série "je m'empresse de rire de tout de peur d'être obligé d'en pleurer", Titiou Lecoq vous présente : les élections municipales à Paris.
Agnès Buzyn, elle sait vous envoyer du rêve avec des promesses simples: «Nous créerons un fonds d'aide financière à la pose d'une porte blindée sécurisée.» Relisez bien cette phrase, savourez-la. Est-ce qu'on n'y voit pas toute la puissance et la beauté de la Politique?
En réalité, le réalisateur n'a jamais eu le déclic inspirant pour un 3e volet, estimant que, depuis 2009, la situation en France s'est tellement tendue sur les questions de racisme et d'intolérance qu'un nouvel OSS doit impérativement trouver une autre manière de raconter les exploits de l'agent secret réac sans pour autant dénaturer son ADN comique.
Mais, comme le dit Tommy, le choix entre intégrité et pognon a été vite fait : Hazanavicius a été débarqué, le 3ème OSS se fera sans lui.
Pour répondre à ces questions, nous recevons Yann Algan, Doyen de l’École d’affaires publiques et professeur d’économie à Sciences Po. Il est le co-auteur de “Les origines du populisme : enquête sur un schisme politique et social” aux éditions Seuil.
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"Les électeurs du Rassemblement National partagent ces incertitudes économiques [avec d'autres mouvements radicaux], mais il y a quelque chose de vraiment distinctif : leur méfiance vis-à-vis des autres, un rapport blessé à autrui. On pense bien sûr à la figure de l’immigré, mais on va au-delà de la question de l’immigration : lorsqu’on les interroge, ils nous disent se méfier des autres en général, mais aussi de leurs voisins, de leur famille, … Donc il y a un rapport vis-à-vis du monde qui est extrêmement différent."
Peu de jeux (du moins peu de jeux à gros budgets portés par des éditeurs de renom) ont en effet un positionnement très arrêté ou des idées très élaborées sur la marche du monde, la gouvernance, l’économie, la démocratie ou encore la place des minorités. On y combat souvent, de manière violente, des oppresseurs, des extraterrestres, des machines, des empires maléfiques, des corporations démoniaques, des laboratoires avides de transformer les gens en zombie, mais rarement on est face à des menaces qui dépasseraient, portées au cinéma, le méchant de film pour enfant des années 80. C’est étonnant, car cette frilosité ne se retrouve ni en littérature, ni en théâtre, ni au cinéma, médias où il est commun, voire banal, que des œuvres portent haut leur thèse ou leur parti pris. Le film islandais de 2018 Woman at War porte par exemple très clairement un discours faisant l’apologie de la violence et de la révolution armée pour stopper la destruction climatique de la planète, le tout sans qu’à ma connaissance son réalisateur ou son actrice principale n’aient dû quitter les réseaux sociaux sous le coup de menaces de mort. Je ne suis pas persuadé qu’un jeu en open world dont l’héroïne aurait été une femme quinquagénaire lancée dans une croisade terroriste pour faire sauter des centrales électriques aurait été très bien reçu par une certaine frange de la communauté.
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Mais une sorte de consensus mou semble s’être établi autour de la normalité du fait que pour qu’un jeu vidéo se vende à un large public, il doive proposer l’élimination ou la domination d’un adversaire.
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Tous les messages du monde affirmant avec moult précautions que le jeu a été créé par une équipe aux croyances diverses dans un contexte éthéré où tout ne serait que pure fiction ne saurait effacer cet état de fait : un ours en peluche dans un jeu d’horreur taïwanais est un message politique, vous faire tirer à vue pendant cinquante heures sur les représentants d’une secte apocalyptique sans qu’on vous demande votre avis ne l’est pas moins. Cesser de le nier serait déjà le début de quelque chose.
Il est bien ce site ! Merci Riff de l'avoir shaarlié, je ne le connaissais pas.
A rapprocher de Merlan Frit et de Faut appuyer sur Start (plus mis à jour, c'est dommage), notamment cet article.
Présentation du projet :
Les Surligneurs (ISSN 2555-5987) est un projet soutenu par le centre de recherches en droit public Versailles Institutions Publiques (VIP), sans qui le site ne pourrait exister. Lancé en janvier 2017, le site est le résultat d’un double constat.
Le premier : la diffusion, volontaire ou non, d’approximations voire d’erreurs juridiques par des personnalités publiques affaiblit sans conteste la qualité du débat démocratique. La multiplication d’entreprises de vérification de faits (« fact checking ») à l’initiative de médias ne permet malheureusement pas d’enrayer cette tendance à ce que certains nomment désormais la « politique post-vérité ».
Le second : les chercheurs en droit sont peu présents dans le débat public, comme l’a montré le professeur Lauréline Fontaine. Or, les chercheurs de l’université bénéficient d’un crédit qui peut être utilement mis au service du débat public.
Les Surligneurs ont donc vocation à permettre à des universitaires de se prononcer sur les propos tenus par des personnalités publiques. Les Surligneurs ne sont cependant ni des correcteurs, ni des censeurs. L’objet des contributions est de préciser, affiner, éclairer, parfois contredire un propos touchant au droit. Du legal checking, en somme.
Joachim Savin a travaillé gracieusement pendant plusieurs mois sur le concept et le design du site internet. Qu’il soit chaleureusement remercié pour sa contribution. Le site a été développé par Mattieu Moreau Domecq. Ils peuvent être contactés via la page Contact.
Vous avez lu ou entendu une aberration juridique ? Faites-le nous savoir ! Vous êtes membre d’un centre de recherche en droit et vous voulez proposer une contribution ? Écrivez-nous !
Ca me rappelle un peu le regretté prix Busiris de Me Eolas. Encore un qui passe trop de temps sur Twitter.
via http://shaarli.guiguishow.info/?Q7GnKg
Au fait : donnez-leur des sous !
112 ans après la loi de séparation de l’église et de l’Etat, tous les prétendants à l’élection, ayant franchi les primaires où s’avançant vers nous portés par les sondages, se revendiquent plus ou moins ouvertement fille et fils de l’Eglise. Qu’ils le claironnent ou le confessent, les saints préceptes de la catéchèse les guident. Si bien que l’élection du prochain président de la République évoque bien plus un conclave qu’un couvent d’initiés ou un banquet de libres penseurs…
[...]
Ainsi le religieux resurgit "faute que le politique ne parvienne à accomplir convenablement sa tâche", comme l’a indiqué le sociologue des religions Philippe Portier. La politique, religion du XXe siècle désormais frappée d’impuissance, serait ainsi délaissée au profit des anciennes croyances.
Pouah.
Je cite Riff :
En clair : sous l'influence de "penseurs" réacs, le PS de gouvernement s'est lancé dans un discours identitaire, avec pour idée de récupérer les électeurs du FN en flattant le racisme dans le sens du poil, avec un pudique camouflage de républicanisme histoire de pas trop se salir... Ironie du sort : reprendre les éléments de langage et de pensée du FN, même à mi voix, ne fait rien pour en éloigner les électeurs, au contraire...
Pourquoi la classe politique s'est-elle beaucoup agitée autour de l'affaire d'ALSTOM qui déménage de Belfort mais observe un silence aussi unanime qu’impressionnant concernant VIVARTE, où la situation pourrait bien s'avérer pire ?
2 hypothèses pour l'auteure de l'article : soit ils n'y comprennent rien, soit ils s'en foutent...
Les politiques comprennent-ils bien ce qui arrive à l'entreprise? La finance de haute volée comme celle qui est à l’œuvre avec ces fonds vautours est-elle à leur portée... ?
A moins qu'ils estiment qu'elle n'est pas à la nôtre, de portée et qu'il n'est donc pas la peine de s'en soucier.
Autre hypothèse évoquée par le tweet précédent, les salariés de Vivarte sont en majorité des femmes, précaires à temps partiel et leur mécontentement n'effraie pas autant que celui des hommes d'Alstom.
A quoi furent employés tous les sales moyens de l’État ? A protéger un si joli secret d’éternels adolescents.
Fascinant.
Lisez donc les premières pages (si ce ne sont toutes) de son livre dont DS fournit le lien Gallica. Non seulement ça n'a pas vieilli du tout (mis à part les questions sur le Minitel), mais la réponse de Mitterrand à la fameuse question sur le prix de la baguette est awesome. Malgré tout le mal que l'on peut penser de ce type, c'était avant tout un expert dans la maîtrise de ce qu'on appelait peut-être pas encore la communication ou l'image.
EDIT : incroyable. Je suis en train de lire les premières pages du livre -je vais peut-être le lire en entier je sens- et on jurerait qu'il a été écrit cette année. A telle enseigne que je me rappelle avoir lu cet été, dans Le Monde, un reportage qui disait en gros, que Hollande avait perdu son flair politique en même temps que le contact avec le "monde réel" depuis qu'il était à l’Élysée. Dans le même ordre d'idée, je ne sais plus si j'avais déjà parlé ici d'une autre série d'articles du même journal, qui devait s'intituler les coulisses du quinquennat, ou quelque chose dans ce goût là, et dont le premier m'avait frappé -il était question des décisions à la hussarde sur la loi travail ou autre chose dans le même genre- car l'on voyait très nettement que l’exécutif suivait davantage la voie d'une idéologie (pour faire simple, le libéralisme économique) auto-confortée en interne (on n'écoute que les conseillers qui vont dans ce sens, on vire les autres ; du coup, de peur d'être viré, tout le monde raconte au président qu'il a raison), plutôt que de faire preuve de ne serait-ce que d'une once de pragmatisme. Effrayant.
Du coup j'en profite pour lire cette autre chronique.
Il cogne dur :)
... mais c'est mérité, y'en a marre de ces sites vitrines plein de vent ; le titre est on ne peut plus exact : ils nous disent effectivement quelque chose de la politique, ces sites de campagne : c'est du vent. Vos réactions, vos commentaires, on s'en tamponne. Ils nous disent aussi que les politiques français n'ont toujours rien compris à internet.
Je me demande ce qui est le plus grave.
Je n'arrive pas à démêler s'il s'agit d'une vraie innovation ("on est vraiment pas pareil que les autres") ou si Podemos est devenu, justement, un parti "comme les autres", mais maîtrisant mieux les codes et ce qui fait le buzz ?
via https://www.lacaryatide.fr/liens/?Q8YJgQ
Le "catalogue" ici : http://www.abc.es/gestordocumental/uploads/nacional/programa-podemos.pdf
Ah, Juppé. Le droit-dans-ses-bottisme fait homme.
« Les Français n’en ont rien à foutre de savoir ce que je ressens au fond de moi. Ce qui les intéresse, c’est la politique que je vais mener. »
J'ai entendu cette phrase, en direct. Autant je déteste ses idées (Juppé, c'est l'alliance du bourgeois réac le plus oppressif et du libéralisme économique le plus débridé), autant je suis d'accord avec ça. On s'en tape du ressenti des puissants. Ce qui m'a fait pouffer par-contre, c'est qu'à la phrase suivante (c'est bizarre que Schneidermann ne l'ait pas relevé, tiens) il ait poursuivi en disant (citation de mémoire) "Je ne vais pas aller dire partout "J'ai changé"", ce qui est une attaque même pas déguisée contre Sarkozy.
Petite note au passage : Juppé qui dit "rien à foutre" dans le poste. Çà m'a presque choqué. Il sa lâche avec l'âge ? Ou est-ce une subtilité de communicant savamment maîtrisée ?
Eh ben... le sexisme a encore de beaux jours devant lui.
(Tiens, il y a de l'écho aujourd’hui)
via Alda
"Qu'est-ce que c'est 15 secondes de mensonge dans l'Hémicycle, alors que j'ai menti sur ordre tous les jours aux Français pendant un an en disant qu'on arriverait à 3% de déficit public à la fin 2013 ?"
(vous pouvez la retrouver là : http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20130626.OBS4635/exclusif-hollande-replique-a-cahuzac.html)
Oui, c'est Cahuzac. Oui, ça date. Un éditorialiste sur France culture a eu le bon goût de s'en souvenir ce matin.
Oubliez Cahuzac, oubliez Hollande. Ne gardez que la réflexion sur le mensonge, et sur cette façon de "faire de la politique".
Article évoqué dans le shaare précédent.
"Les origines de ce 13 novembre sont aussi à chercher du côté de la politique étrangère de l’Europe et de la France ces quarante dernières années. La démission de l’Europe sur la question palestinienne, l’occasion manquée avec la Turquie que l’on aurait pu si facilement arrimer à l’UE, l’alliance de la France avec les pétromonarchies… sont autant d’erreurs qui n’ont fait qu’aggraver le désastre et nourrir rancœur et radicalisation au Proche-Orient."
"Pour Valls, le dogmatique, beaucoup plus que pour Hollande, le cynique, l’objectif à moyen terme est de faire apparaitre un nouveau clivage en remplacement du clivage gauche-droite. Ce nouveau clivage appelons-le : néo-républicanisme vs. extrême droite."
via des shaarlistes, notamment http://www.mypersonnaldata.eu/shaarli/?0jgFFA
...réponse venant du même gouvernement qui nous serine depuis plus d'un mois maintenant que nous sommes en guerre, nananère, nous sommes en guerre si, si, si.
Un tel mépris devant les gens dont ils sont censé régler les problèmes est sidérant.
Mais après avoir lu/entendu ça : http://www.lemonde.fr/elections-regionales-2015/article/2015/12/14/plutot-satisfait-des-resultats-l-executif-n-entend-pas-changer-de-cap_4831220_4640869.html aujourd'hui, je dois dire que plus rien ne m'étonne.
Rappelez-vous bien ça : le FN n'a pas perdu les élections.
Il a capitalisé pour l'avenir.
Le cumul des mandats : une bombe à merde qui va leur péter à la gueule.
Juste pour le plaisir de te contredire, je pourrais te dire que cette procédure a été utilisée parce qu'elle est explicitement prévue par la constitution, et que cette constitution a été votée par le peuple... mais bon. Il faudrait rentrer dans les détails, et analyser QUI a proposé cette constitution, et pourquoi elle a été adoptée PARCE QUE cette personne là le demandait.
Donc sur le fond, je suis d'accord avec toi, mais avec un léger décalage de point de vue (et un désaccord sur le sous-entendu final : non, nous sommes pas encore sous un régime de tyrannie) : ce n'est pas tant le fait que ces "outils" législatifs existent qui est un problème, c'est la façon dont on s'en sert. Je vais prendre une comparaison qui vaut ce qu'elle vaut : si je possède l'arme nucléaire, je serais le roi des abrutis de m'en servir au moindre prétexte contre mes voisins : les conséquences pourraient être incalculables à moyen / long terme.
On est un peu dans cette situation en fait. Le gouvernement possède l'arme nucléaire, qui permet de faire passer sans vote à peu près ce qu'il veut, pour une seule raison : le fait majoritaire. Parce que tous, y compris ceux qui gueulent le plus fort (les "frondeurs", j'ai déjà dit ce que je pensais de ce terme http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?searchterm=frondeur), j'ai bien dit tous, veulent que leur parti restent au pouvoir, même s'ils ne sont pas d'accord avec les décisions prises. C'est qu'ils ont -tous- trop d'intérêts (clientélistes le plus souvent) en jeu.
Ce système n'a de démocratie que le nom. Le peuple devrait avoir le pouvoir. Au lieu de ça, il le transfère à une caste minoritaire de gouvernants "de métier", qui ne vivent QUE pour le pouvoir. La boucle est bouclée.
Pourquoi ne sommes nous pas sous un régime de tyrannie ? Parce qu'on peut, au final, choisir nos dirigeants. Votez... ou engagez-vous politiquement. Vous pouvez encore faire bouger les choses.