“De nouveau”, car ce n’est pas la première fois (ni même la deuxième) que le CNRS contredit le classement effectué par ses pairs pour rétrograder Akim Oualhaci au dernier round. C’est en fait la troisième fois : en 2017, puis en 2018, le même chercheur avait déjà fait l’objet d’un déclassement, dont nous vous avions parlé le 15 juin 2017 sur franceculture.fr. L’an dernier, il était passé sous le seuil des postes en jeu. Un an plus tôt, en 2017, ils étaient deux, Akim Oualhaci et Matthieu Grossetête, à s’être classés premier ex aequo, pour finalement être rétrogradés tandis qu’un des trois postes de chargés de recherche était carrément rayé du concours.
[...]
Le CNRS n'a pas étayé sa décision à ce stade de la controverse. Contacté pour cet article, l'institution n'a pas donné suite. Aussi ceux qui dénoncent une discrimination s’interrogent encore :
- est-ce un parcours qu'on censure ou ce triple déclassement a-t-il à voir avec le fait qu'étant un chercheur investi dans une sociologie des classes populaires, ses travaux objectivent la distance sociale ?
- l’idée-même de se proposer d’objectiver cette “domination ethno-raciale” peut-elle avoir joué ? Ou encore, des interventions, comme celle annoncée ce jeudi 20 juin au calendrier du séminaire de l'EHESS "Luttes des savoirs et savoirs des luttes" où Akim Oualhaci est l'invité d'une séance intitulée "Les luttes des quartiers populaires racisés en France" ?
Ou serait-ce alors, allons-y carrément, le patronyme et l’origine sociale du candidat trois fois écarté , et sa trajectoire de fils d’ouvrier qui n’a fait ni Sciences Po ni l’Ecole normale supérieure ? Pourtant, rappelle la tribune dans Le Monde, Akim Oualhaci n’arrivait pas tout nu au recrutement du CNRS. Si son origine tranche avec le gros des lauréats, et même des candidats au grade de chargé de recherche, il n’est pas pour autant un électron libre invisible dans son champ : depuis sa thèse fin 2011, son CV en ligne montre au moins cinq contrats post-doctoraux, dans plusieurs laboratoires, et deux laboratoires soutenaient sa candidature au concours du CNRS comme le veut le règlement.
Soyons légèrement cyniques : il va pouvoir illustrer ses recherches à l'aide de son propre parcours...
La leçon qu’en tire la chercheuse est sans appel: «Il existe un certain inconfort à responsabiliser un individu pour la mort d’autrui, alors que d’induire une responsabilité à un individu pour son propre décès demeure plus accepté». En entrevue, Joëlle Gélinas souligne que «cet inconfort est for probablement culturel et pas propre aux journalistes».
via Tommy
Vu sur Twitter : le Monde diplo a réalisé cette carte des lieux de pouvoir à Paris. Observez-la attentivement.
En pointillés rouge, ce sont les parcours des manifs "traditionnelles".
En orangé, ce sont les trajets et les zones touchées par les violences liées aux "gilets jaunes".
C'est marrant, le gouvernement cède du terrain beaucoup plus facilement, quand on vient marcher sur les plates-bandes de ses copains...
Du même auteur que le blog cité dans le shaare précédent. Il s'agit cette fois de sa thèse, transposée en BD. Le sujet : "Analyser l'accueil des personnes âgées en institution. De l'autonomie aux transferts de responsabilité."
Eh bien, contrairement à ce que le titre laisse accroire, c'est passionnant.
De la sociologie en BD. Génial.
Le syndrome de l'imposteur est un fait social.
(et Emile Durkheim va vous expliquer pourquoi)
Ce qui ressort d’abord de l’enquête, c’est qu’au quotidien le souci principal des classes supérieures, en termes de stratégie de distinction et d’éducation, n’est pas de se démarquer des plus pauvres. Principalement parce que, pour elles, cette distinction va le plus souvent de soi. D’autant que, dans le cas francilien, la plus grande partie des classes populaires habite à distance des beaux quartiers, si bien que les occasions d’interaction sont plutôt rares. Nos interviewés cherchent plutôt à se démarquer des classes moyennes-supérieures et moyennes, plus proches d’eux et vis-à-vis desquelles ils tiennent à affirmer leur supériorité statutaire et à défendre leurs avantages. Pour des raisons indissociablement identitaires et stratégiques en termes de reproduction sociale, ils tiennent par exemple à ce que leurs enfants grandissent dans des quartiers et fréquentent des écoles « qui leur correspondent », et ils définissent de façon très élitiste et restrictive la classe sociale à laquelle ils s’identifient ou à laquelle ils aspirent et qu’ils prennent pour modèle.
Néanmoins, c’est lors des rares occasions où cet ordre moral local est effectivement "menacé" par la perspective d’une mixité avec des classes populaires que l’on observe les réactions les plus péremptoires et violentes. Cela a notamment été le cas avec le projet de construire un centre d’accueil dans le XVIe arrondissement de Paris ou, à Delhi, quand a été émise l’idée de contraindre les écoles de la grande bourgeoisie à accueillir des élèves de milieux défavorisés.
Ainsi, elles ont découvert que l'homme débordé de travail serait mieux perçu socialement. Silvia Bellezza, avec qui j'ai pu discuter par mail, a déclaré : « En d'autres termes, plus nous croyons que la réussite est basée sur le travail acharné, plus nous avons tendance à penser que les gens qui ignorent les loisirs et travaillent tout le temps ont un statut social élevé. »
[...]
Bien sûr, il y a des gens passionnés qui ont objectivement « beaucoup de boulot » mais ne ressentent pas nécessairement le besoin de le répéter toutes les huit minutes. La France est rongée par le présentéisme de salariés qui veulent toujours en faire plus, et de patrons qui n'en ont objectivement rien à foutre. Cette culture du présentéisme favorise déjà la propagation de maladies en France et va jusqu'à tuer au Japon.
En démarrant ces expériences, je pensais qu’on obtiendrait un effet moins fort, or, l’effet est plus marqué en France. Et le fait de savoir que cet effet prénom est plus important est intéressant en soit. La France est une société de castes, riche de stéréotypes, sans doute beaucoup plus qu'Israël ou que les pays scandinaves. Il est possible que ce soit la raison pour laquelle les expériences françaises ont si bien marché.
La raison de cet ostracisme? Le mépris de classe. D'ordinaire, les innovations en matière de prénom se font des classes dominantes vers les classes inférieures, et l'arrivée des prénoms anglo-saxons a fait exploser cette organisation bien rôdée.
Oh, et cette phrase...
«Ah ben ta mère devait pas être inspirée»
Genre les pères n'ont pas leur avis à donner, limite n'existent même pas :/
via LeLapinMasqué :O
TL;DR : les algorithmes des sites de rencontre, de plus en plus perfectionnés, favorisent l'homogamie et l'endogamie.
Ce ne sont pas "que des statistiques" :l'origine sociale influence le prénom donné par les parents, et surtout, les chances de réussite scolaire.
Le site dont il est question : http://coulmont.com/bac/
Sur ce thème, voir les excellents textes publiés sur une heure de peine il y a un et 2 ans :
http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2012/08/lhumour-est-une-chose-trop-serieuse.html
http://uneheuredepeine.blogspot.fr/2013/03/limpolitesse-du-desespoir.html
Cette journaliste américaine a envoyé la même photo d'elle, sans maquillage et épaules nues à 25 "retoucheurs" travaillant un peu partout dans le monde : Italie, Philippines, États-Unis, Indonésie... le projet montre indirectement comment les standards de beauté varient d'une culture à l'autre. Le projet est toujours en cours.
Article en français : http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2014/06/26/photoshop-revelateur-des-criteres-de-beaute-dans-le-monde_1051063
Bon, soyons honnête, je la trouve "émouvante" cette affiche moi... Où sont donc passés mes calmants ? ^^ Trêve de plaisanterie, cet article m'en rappelle un autre, dont j'avais parlé ici : http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?deTpEQ
Atroce. Ce qui est intéressant dans cette histoire, c'est qu'elle rappelle celle-ci : http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?yBA1zw Ou comment, à quelque 150 ans de distance et dans des pays très éloignés, les mêmes causes peuvent produire les mêmes effets : une population misérable, un contexte de crise, une rumeur, un bouc émissaire choisi parmi les "puissants" (autrefois un noble, aujourd'hui un touriste...)
Tout à fait d'accord : "Eduquer à la tolérance des adultes qui se tirent dessus pour des raisons ethniques et religieuses est du temps perdu. Trop tard." Je reviens un peu en boucle sur les mêmes sujets, mais je disais un peu ça hier ou avant-hier à propos de "faut-il discuter avec les fachos" ? Je crois que finalement ma réposne serait : "oui, mais ça ne sert à rien"
Oui, Korezian, nous sommes dans la merde, parce que ce que le bon Umberto ne dit pas, c'est que ce sont les parents cons/racistes/endoctrinés... qui éduquent leurs enfants, qui vont la plupart du temps reproduire le schéma de pensée de leur cadre familial, ou au moins de leur milieu social...
Pour ce qui est de la lecture, tu n'es pas obligé de lire des choses déprimantes ;)
"aux Etats-Unis, on exhibe son décolleté, mais on dissimule le bout de ses seins. C’est idiot, mais c’est la coutume locale, tu dois la respecter."
ô_O Je ne comprendrais jamais ce pays
Cet autre extrait montre bien à quel point on nage dans le paradoxe :
"je n’en peux décidément plus de ces contradictions américaines autour des nichons :
d’un côté, les jeunes filles se baladent – comme en France – à moitié à poil dans des « micro-tops » qui soulignent leurs seins, je vous dis pas à quel point. Et les femmes de tous âges rêvent d’augmenter leur tour de poitrine, que ce soit pour plaire aux hommes ou à elles-mêmes ;
de l’autre, la vue d’un sein entièrement découvert révulse la conscience nationale. Dans les scènes de sexe au cinéma, les femmes font l’amour en soutien-gorge. Contrairement à la France, on ne trouve aucune fille torse nu dans les magazines de mode ou dans les pubs. Et les femmes se cachent pour allaiter de peur d’être inculpées d’attentat à la pudeur."
Mais le pire est à venir dans la suite de l'article : « Oui, c’est ridicule. Mais contrairement à toi, ça ne me fait pas rigoler. Parce que je sais ce qu’on encourt sur le plan pénal quand on enfreint les lois sur les mœurs. C’est terrifiant, et je ne conseille à aucun Français en vacances ici de faire joujou avec ça. » [...] "L’an dernier, un copain de ma belle-fille a été condamné dans l’Illinois pour avoir uriné sur le bas-côté d’une route. A 22 ans, il est désormais étiqueté à vie « sex offender », délinquant sexuel. Partout où il vivra, jusqu’à sa mort, il portera cette étiquette infamante."
EDIT du 05/08 : je repense à cet article depuis quelques jours, plusieurs remarques me viennent à l'esprit :
1/ cet article mêle deux choses : ce que nous pourrions qualifier d'excessive pudibonderie des américains par-rapport aux seins en général, et aux tétons en particulier et la conception très extensive que la législation américaine (ou du moins celle de certains États ?) fait de l'attentat à la pudeur, fut-il involontaire.
2/ on se moque, mais ne sommes-nous pas les plus hypocrites ? Un téton qui pointe sous un vêtement, c'est quand même vachement érotique. Pourquoi ferait-on des concours de T-shirt mouillé si ce n'était pas le cas ? Alors sans doute en font-ils "trop", mais on ne peut pas dire qu'ils ne sont pas dans le vrai...
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