Pour le psychiatre, les hommes jugés dans ce procès "ne présentent pas une déficience intellectuelle suffisamment importante pour ne pas savoir ce qu'on encourt à avoir des relations sexuelles sans le consentement de sa partenaire". Comme si la compréhension de la notion de consentement avait à voir avec le niveau d'intelligence.
Eh ben, on part de très, très, très loin...
« Je me sens anormalement fatiguée, j’ai tendance à somnoler »
« J’ai des trous de mémoire à répétition »
« Je n’ai aucun souvenir du rapport sexuel »
« Je ne portais pas ces vêtements la veille »
« Je n’aurais jamais dépensé une somme pareille »
« Je n’aurais jamais donné mon accord pour ce prêt »
« Je ne l’ai jamais désiré. Il le sait »
« Des images me reviennent. Est-ce bien réel ?! »
« Mon café avait vraiment un goût bizarre »
Le site de l'association fondée par Caroline Darian pour lutter contre la soumission chimique.
Priorité au direct (en fait non, ça date de 4 jours) : Renaud a ouvert sa gueule, et c'était pas pour dire une connerie. 15 ans que ça ne lui était pas arrivé. Et il a rudement bien fait.
Il semble tellement «out» depuis des années, avec un état de forme physique et psychologique aux airs de grand 8, qu’on n’aurait jamais parié sur lui : ce jeudi 19 septembre, le chanteur Renaud a apporté son «soutien total» à Gisèle Pelicot, que son mari a droguée et donnée à violer à des dizaines d’hommes, à Mazan, dans le Vaucluse. Il l’a fait sur Instagram, en postant le texte suivant, alors que le procès des accusés se déroule en ce moment à Avignon : «Je ne sais pas si c’est juste de prendre la parole en tant qu’homme aujourd’hui et j’espère que le faire ne portera pas préjudice à cette cause, mais je souhaite apporter mon soutien total ainsi que mon admiration à Gisèle Pelicot dont la vie me bouleverse. J’espère de tout mon cœur que le courage d’avoir demandé des audiences publiques fera enfin bouger cette société patriarcale, et nous les mecs, quant aux violences faites aux femmes et aux enfants. Il serait temps aussi que le gouvernement prenne ses responsabilités et s’engage concrètement dans cette lutte.»
Repéré et traduit par Brief.me :
« Le 2 septembre s’est ouvert à Avignon (sud de la France) le procès de Dominique Pelicot, 71 ans, accusé d’avoir drogué sa femme, Gisèle, pendant plus de 10 ans pour qu’elle soit violée par des dizaines d’hommes. […] Pour l’instant, la réaction sociale en France au calvaire de Gisèle s’est limitée à la sphère féministe, qui a néanmoins réussi à mobiliser des milliers de personnes dans les rues de tout le pays samedi et qui réclame une loi globale contre les violences faites aux femmes. Tout comme l’affaire La Manada a marqué un avant et un après en Espagne, l’affaire Pelicot devrait avoir une réponse politique et législative à la hauteur de la gravité des faits, dans un pays où la définition légale du viol ne prévoit pas la notion de consentement. »
Elle raconte encore avoir témoigné à 14 ans des violences sexuelles qu’elle subissait, à ses parents, ce qui n’a rien changé, mais surtout à sa grand-mère. « C’est elle qui m’a sauvé la peau (…) Elle m’a permis de sortir des griffes de cet homme. J’ai été sortie du cercle familial et envoyée en pension », confie Emmanuelle Béart.
Quant à celui qui lui a fait subir viols et attouchements à répétition durant son adolescence, Emmanuelle Béart assume de taire son nom et de ne pas avoir porté plainte à son encontre, regrettant le manque de prise en charge des victimes par la justice, en raison de trop peu de condamnations pour de tels actes, selon elle. « Je n’aurais pas supporté de prendre le risque d’entendre que ça n’a pas eu lieu. Un non-lieu, c’est terrifiant, et c’est ce qui arrive aux trois quarts des gens qui portent plainte », rappelle-t-elle.
Séparer l'homme de l'artiste ?
"Oui d'accord c'est vrai, il viole un peu des gosses dans le fournil, mais bon, il fait une baguette extraordinaire"
GÉNIAL.
via Seb
Le discours de Angot est en effet pour moi celui d’une ennemie politique. Mais pour reprendre une expression de Delphy, elle n’est pas l’ennemi principal. L’ennemi c’est cette domination masculine, brutale, écrasante, qui se permet de juger de la réaction des femmes victimes de violences sexuelles. Ce sont les rires de Ruquier, Ardisson face aux violences sexuelles. Ce sont les discours pontifiants de Moix et Askolovitch pour définir qui est bien digne d’être écouté et quelle forme cela devrait prendre. C’est le fait de prendre une victime de violences pour taper sur une autre. C’est l’absence de papiers allant interviewer Angot pour lui demander ce qu’elle a voulu dire, pourquoi elle l’a dit là et qu’est-ce que ça veut dire que « se débrouiller ». Ce sont ces milliers d’hommes qui se permettent de juger Angot et que j’ai vu, dans d’autres circonstances juger que « les féministes allaient trop loin ».
Voilà.
Bon, si ça marche mieux en expliquant avec de l'argent, y'a qu'à faire ça.
via Kevin
Trigger warning : je vais passer comme un gros naïf.
J'avais loupé cet article, que j'avais pourtant vu passer du coin de l'oeil sur quelques Shaarlis : Fictif(s) : deux ans à l’UDF payé par la République (Nicolas Grégoire). Non seulement l'auteur explique comment il a bénéficié d'un "emploi fictif" (qualification inadéquate à mon avis, puisqu'il a tout de même travaillé, mais le détournement de fonds publics semble constitué) en étant payé comme attaché d'un parlementaire qu'il n'a jamais vu, et en travaillant pour le parti plutôt que pour le parlementaire en question, mais il détaille également de quelle façon le pouvoir, fut-il petit, corrompt grandement :
Contrôle routier ? Le motard regarde ma carte du Sénat avec autorité. “Et vous êtes assistant de quel sénateur ? Depuis combien de temps ?” En costume de banquier, je hausse immédiatement le ton. “Non mais dites donc, vous allez arrêter de m’emmerder, ou vous allez avoir de gros problèmes !” En à peine un an, j’ai adopté du politique le langage, dont la classique menace de “problèmes”. Immédiatement, son binôme plus âgé le pousse de côté. “Excusez-le monsieur. C’est un jeune, il est pas habitué. Excusez-le”. “Bon, ça va.” Je repars en trombe, énervé d’avoir été pris de haut par ce qui n’est plus pour moi qu’un coursier.
Et son article éclaire par contre-coup pas mal de choses :
Je vois aisément pourquoi, après des décennies d’impunité, François Fillon ne comprend pas qu’on l’emmerde “pour des costards” ou son indemnité parlementaire. Sa réalité n’est pas la nôtre.
Il explique dans la deuxième partie de sa confession -car c'en est véritablement une- comment, en deux phases, il a ouvert les yeux : une affaire de viol, où la victime n'a pas été écoutée par la police puis humilié par les coupables ; puis un déclic lors d'un diner où les convives "hurlent de rire" quand il explique avoir choisi ce métier dans l'ambition d'un jour "aider la France".
Et puis ? Et puis rien. La confession, qu'il pensait explosive, a fait pschiit. Il publie alors (il y a deux jours) un nouveau texte qui rejoint par bien des aspects celui d'Aude Lancelin que je shaarliai le même jour : Emmanuel Macron, un putsch du CAC 40, qui expliquait de quelle façon les grands médias aux mains de quelques industriels et banquiers (Niel, Bergé, Pigasse, Dassault, Drahi, Bolloré...) ont "vendu" Macron, comme on vend un baril de lessive, car sa candidature va dans le sens de leurs intérêts.
Nicolas Grégoire va un cran plus loin, en expliquant comment la candidature Macron était non seulement désirée, soutenue et marketée, mais aussi protégée, jusqu'au plus haut niveau de l'Etat : Pas avant le deuxième tour.
A ce stade, il est peut-être utile de préciser pour celleux qui l'ignoreraient que la candidature Macron est soutenue par Bayrou, et attaquer Bayrou c'est donc affaiblir Macron. CQFD.
Il explique comment son article a été partagé sur les réseaux sociaux, puis a été repéré par des journalistes ; comment il a reçu des demandes d'interviews, le lien qu'il fait entre ce pourrissement institutionnel et le risque de voir le FN un jour au pouvoir.
Et c'est là que j'ai été dégoûté.
Marianne lui demande la permission de publier son texte... et publie à la place une interview... de François Bayrou.
Mediapart publie son texte en lui en retirant la paternité. Et n'abordera plus jamais cette histoire par la suite quand il s'agira d'évoquer la "revanche" de Bayrou à travers le succès de Macron.
Le Canard enchaîné ne publiera pas son article, pas même une allusion, mais multipliera, comme on le sait, les révélations sur Fillon et Le Pen.
A ce stade là, je suis triste, profondément triste. Je me sens trahi et partant, naïf. Que Marianne se soit foutu de sa gueule passe encore. Mais que Mediapart et le Canard enchaîné, que je voyais, dans mon esprit avide de repères rassurants, comme deux phares dans la nuit, la nuit qui vient, c'est trop.
Seul Le Télégramme publiera un article sur son histoire.
Mais ses déboires ne s'arrêteront pas là. Il sera ensuite victime d'une tentative d'effraction, puis rentrera un jour chez lui pour retrouver son disque dur effacé. Evidemment, on ne peut avoir que des soupçons laissant libre court à toutes les envolées paranoïaques, mais tout de même...
J’appelle ensuite une amie, journaliste en Suède. En lui racontant ma semaine, j’ai l’impression d’évoluer dans une réalité parallèle. Où l’information est sous contrôle. Où l’on espionne les lanceurs d’alertes. “Bon allez, je te laisse, dis-je, il faut que j’aille à la piscine avec ma fille. A bientôt !” Deux heures plus tard, je m’installe à mon bureau, allume mon ordinateur. Rien. Des pans entiers de mon disque dur ont été effacés. Je pense à un piratage. Puis me souviens avoir éteint ma machine. Il fallait donc y accéder physiquement. On s’est introduit chez moi. Un vertige me prend.
Cette histoire sortira peut-être dans ces "grands médias", dans quelques semaines, ou dans quelques mois. Pour rien. Juste comme une ponctuation dans l'actualité, à laquelle plus personne ne fera attention.
Maître Frédéric Gabet vient d'inventer un nouveau crime : le "viol involontaire". Du moment qu'il est aussi sévèrement puni que l'autre, pourquoi pas...
«C’est pareil à chaque fois. On méconnaît l’ampleur des violences. On a toutes et tous une femme dans notre famille qui est ou a été victime de violences, et on ne le sait pas. Mais quand vous en parlez aux gens, quand vous montrez les chiffres aux gens qui ne le savent pas, leur mécanisme de défense c’est de tout nier en bloc. Quand vous mettez la réalité en face des yeux de ces gens, ils nient.»
La réponse de Caroline De Haas : http://www.huffingtonpost.fr/2017/01/24/caroline-de-haas-repond-a-la-journaliste-qui-contestait-les-chif/?ncid=tweetlnkfrhpmg00000001
Eric Mettout prend ensuite soin de nous expliquer que Roman Polanski a reconnu les "relations sexuelles illégales" (le fait d'avoir des rapports sexuels avec une mineure) mais pas le viol ce qui constitue selon lui une preuve irréfutable qu'il n'y a pas eu viol. Alors, en effet, si on doit se fier à la parole des violeurs présumés pour juger de leurs actes, je pense que nous pouvons dorénavant dire que le viol a définitivement disparu de nos contrées et nous en féliciter.
Faisons néanmoins un bref rappel des faits.
En 1977 Roman Polanski a 43 ans. La victime, Samantha Geimer, a 13 ans.
Il est une star mondialement connue, réalisateur entre autres de Rosemary's baby et de Chinatown.
Une jeune fille de 13 ans face à un homme de 43 ans est-elle apte à donner un consentement sexuel valable : la réponse est non.
Une jeune fille de 13 ans face à un homme mondialement connu, célébré et admiré, qui est donc en position d'autorité, est-elle apte à donner un consentement sexuel valable : la réponse est non.
Une jeune fille de 13 ans (et cela vaut aussi pour n'importe qui) qu'on drogue au qaalude est-elle apte à donner un consentement sexuel valable : la réponse est non.
Une jeune fille de 13 ans à qui on fait consommer de l'alcool est-elle apte à donner un consentement sexuel valable : la réponse est non.
Que ça ne vous dispense pas de lire l'article en entier.
Je viens de tomber là dessus via @SeleneMony (faudrait que je lâche un peu Twitter moi) ; c'est pas tout jeune, mais vu que le violeur impuni va être président des Césars, c'est le bon moment de le ressortir.
Sans verser dans la paraphrase, c'est effarant et révoltant, à tous les niveux :
Oh, et si on en profitait pour l'extrader aux Etats-Unis ?
Le viol, qui est un crime, est ordinairement jugé comme un délit (comme le vol à l'étalage pour vous donner un ordre d'idée). Pourquoi ? Pour gagner du temps devant un crime de masse. Pour un peu, tout le monde y gagerait, la partie civile qui obtient un procès rapide, la défense qui risque moins, et le système judiciaire à bout de souffle. Tout le monde sauf les victimes, bien entendu.
Mais pour une fois, un tribunal correctionnel s'est déclaré incompétent. D'office. C'est à dire que ce n'est pas la victime qui l'a demandé.
En croyant les victimes, en ne mettant pas leur parole systématiquement en doute (parce que, je vous le rappelle, dans 98% des cas elles ne mentent pas, ces victimes) on permettrait aussi mécaniquement une diminution des fausses accusations.
Actuellement, pour obtenir d’un médecin qu’il fasse une déclaration ITT (Incapacité Totale de Travail) c’est la croix et la bannière. C’est à la victime de faire la démarche de consulter un médecin. Les expertises psychologiques ont souvent lieu durant la procédure judiciaire, soit looooongtemps après les faits.
Et si on généralisait les examens médicaux et psychologiques immédiatement après le dépôt de plainte, ne serait-ce que pour s’assurer que la victime a besoin d’un soutien particulier, au lieu de demander aux déclarantes (*) si elles étaient en jupe ou si elles avaient bu, par exemple ? Ma propre expérience remonte un peu, mais personne ne m’a jamais envoyé à l’hôpital, l’expertise psychologique a eu lieu un an après le dépôt de plainte, et une fois sortie du commissariat personne ne s’est soucié de savoir comment j’allais rentrer chez moi ou si j’étais suivie par un professionnel de santé suite au traumatisme que je venais de décrire.
Du coup, à lire :
Non mais il est réel lui ?
via https://shaar.libox.fr/?Hf1o2A
"Le viol est le seul crime avec lequel on prend des pincettes et qu'on remet en question dès qu'on le constate."
Voilà.