Etre méchant dans un RPG : motifs et illustrations, appuyés sur l'exemple de Fallout : New Vegas.
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, il n'est pas si facile de jouer les méchants, tant pour des interdits que l'on s'impose, que pour des raisons bassement pratiques : "Mais quand il s’agit de faire un choix important qui engage la suite des événements c’est toujours la même chanson. Après tout ça rapporte au moins autant de points d’expérience d’être du bon côté, alors pourquoi s’infliger un rôle dévalorisant ?"
Intéressant paradoxe : "Jouer un gentil implique en effet bien souvent de tuer des dizaines d’êtres humains, et il est plutôt difficile d’avoir un comportement exemplaire. " encore une fois, tout est dans l'imagination du joueur : "L’attitude malfaisante se manifeste bien souvent dans le "roleplay", dans l’état d’esprit du joueur, qui en ayant parfois les mêmes gestes ne les habite pas forcément du même sens" Finalement, le problème avec les RPG, c'est que tout tourne autour des services rendus aux PNJ, indispensables pour gagner de l'XP. Bref, même en voulant être méchant, on est obligé de rendre service... "Le héros est avant tout, bon ou mauvais, un inlassable videur de boîtes, détrousseur de cadavres et un chasseur de points d’expérience qui suit les marqueurs de sa boussole... Poubelle, casier, cadavre : une énorme partie du jeu est composée de collecte laborieuse et assez peu démoniaque."
Au final, les RPG ne semblent particulièrement "conçus" pour jouer les mauvais : "Être mauvais, par caprice ou pour promouvoir un pouvoir injuste et cruel ne font pas du joueur l’instigateur d’un projet de société pour New Vegas. Il écarte des protagonistes, ou assure en larbin de luxe le triomphe d’une faction. Le méchant qu’il joue est condamné à être un exclu à la fin du jeu, qui le montre toujours solitaire. Créature forcément puissante mais toujours à la rue, le joueur méchant est un Führer sans sa foule qui n’aura jamais vraiment cessé de fouiller les poubelles."
Pour ma part, le seul jeu vidéo où je me suis autorisé (le terme est révélateur) à jouer un méchant, c'était pour Jedi Knight : Jedi academy, où il fallait terminer la partie du côté obscur... pour pouvoir jouer à un mod-extension particulièrement ambitieux (et plutôt bien foutu) où le héros, après avoir servi le côté obscur, se rend compte qu'il a été berné et revient vers le côté clair en tuant les méchants. Le bon vieux manichéisme à la Star Wars donc, et on revient encore à la même logique : les jeux actuels n’offrent pas vraiment la possibilité d'être méchant "gratuitement".