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Et quand je ne joue pas... Mon histoire, par Rosa Parks

vendredi 14 février 2020, par Sammy

Je n’ai pas eu le temps de préparer mon article pour ce vendredi, aussi vais-je tâcher de le faire rapidement. Ce serait d’ailleurs rigolo que vous puissiez le lire au fur et à mesure que je suis en train de l’écrire.

Le livre dont je souhaitais vous parler est Mon histoire de Rosa Parks, autrement dit son autobiographie. On réduit bien souvent l’histoire de Rosa Parks à celle d’une femme qui, un jour de 1955, n’a pas voulu céder sa place à un blanc dans un bus. Mais c’est très réducteur, pour deux raisons.

La première, c’est que Rosa Parks a milité toute sa vie [1] pour l’égalité des droits des noirs américains. Cette histoire de bus ne sera que le déclencheur d’un boycott des bus par les noirs [2] qui durera plus d’un an, au terme duquel la Cour suprême rendra une décision historique reconnaissant, presque 100 ans après la fin de la Guerre de sécession, l’illégalité de la ségrégation dans les transports de la ville de Montgomery.

La seconde, c’est que cette histoire de bus, ce n’est que ce que la mémoire populaire, française qui plus est, je ne sais pas ce qu’il en est aux États-Unis, a bien voulu retenir. Ce qui m’a vraiment frappé à la lecture de ce livre, c’est la violence de la ségrégation, qui va bien au-delà du fait, déjà terrible, de dire qu’il y aurait des places de bus / des fontaines / des chiottes réservées aux blancs et d’autres réservées aux noirs. Si ce n’avait été que ça, ça aurait été juste stupide, sans plus. Ce que le livre de Rosa Parks m’a fait toucher du doigt, c’est l’inimaginable violence quotidienne à laquelle les noirs américains étaient exposés pendant cette période [3]. Les noirs pouvaient être arrêtés, emprisonnés, battus, abattus, humiliés, lynchés... sans que cela n’émeuve vraiment ni la justice, ni l’opinion publique. Tout au plus était-ce une sorte de folklore local. Et quand la justice s’en mêlait, c’était la plupart du temps pour un simulacre de procès, où l’accusateur blanc aurait de toute façon gain de cause face à l’accusé noir.

Voilà, c’est tout. Lisez ce livre si vous tombez dessus. Je ne vous promet pas la rigolade, je ne vous promet pas que ça va vous remonter le moral. Pire, il pourrait même vous faire prendre conscience que le monde de 2020 n’est pas franchement mieux que celui de 1955. Mais au moins, vous ne pourrez plus dire que vous ne saviez pas.


[1Au passage, elle égratigne un peu les dirigeants noirs, pour qui la parole des femmes n’était pas aussi importante que celle des hommes, notamment lors des grandes marches et meetings...

[2petite précision pour bien toucher du doigt l’iniquité de la ségrégation : 80% des usagers des bus étaient les noirs, mais ils devaient ne prendre que les places du fond et céder leur place aux blancs...

[3je ne dis pas que c’est le paradis aujourd’hui, pensez à Black lives matter par exemple... mais ce n’est pas le sujet de ce livre