Surtout, le groupe dépense beaucoup pour mettre au point sa plateforme. La société a révélé qu'elle avait perdu plus de 9 milliards de dollars avec sa division Reality Labs -en charge du metaverse- depuis le début de l'année, dont 4 milliards sur le seul troisième trimestre. Et ce après avoir déjà brûlé 10 milliards de dollars en 2021. Ce n'est pourtant que le début, a averti la société lors de la présentation mercredi de ses résultats trimestriels.
Au-delà de la joie indicible que me procure le fait de voir Facebook brûler, je voulais juste placer mes 2 cents sur cette information : quand on s'entête à dépenser des sommes folles dans un projet que l'on sait voué à l'échec, uniquement parce que l'on pense que l'on a déjà trop dépenser pour s'arrêter, cela s'appelle le biais des coûts irrécupérables.
C'est absolument irrationnel ; posez la question à n'importe quel quidam à peu près sensé, il vous répondra qu'il ne fera jamais une chose pareille et pourtant, nous sommes tous amenés à nous comporter de cette manière, ou au moins à être tenté de le faire. Un exemple que j'aime beaucoup est celui des vacances au ski : vous réservez -assez cher- pour une location d'une semaine dans une station de ski. 3 jours avant le départ, vous vous cassez la jambe, ou bien la météo annonce, de façon absolument certaine, qu'il va faire le pire temps pourri dans ce coin de montagne depuis des décennies. Eh bien, même si au final vous n'y allez pas, vous serez au moins tenté d'y aller, juste parce que vous avez déjà payé et que vous ne voulez pas avoir "payé pour rien".
Et c'est justement ça qui est débile : que vous y alliez ou pas, la dépense est déjà faite, l'argent est déjà perdu !
C'est exactement ce qui est en train de se passer pour Facebook, qui ferait mieux d'arrêter les frais tout de suite, ou ce qu'il s'est passé pour le Concorde(exemple canonique cité dans quasiment tous les articles sur le sujet).
Ce biais s'appelle aussi l'aversion aux pertes : on attache plus d'importance à une perte qu'à un gain du même montant.
J'ai lu cette année C'est (vraiment?) moi qui décide, un livre de Dan Ariely, un professeur de psychologie ET d'économie (si, si, c'est possible) qui va de fait à contre-courant de la théorie économique libérale dominante (qui professe essentiellement, pour faire court, que les acteurs économiques sont rationnels). L'aversion aux pertes est abordée dans un des premiers chapitres du livre, avec l'exemple d'étudiants (américains) qui estiment le prix d'une place dans le stade universitaire pour la finale à un prix plutôt "rationnel" lorsqu'ils n'ont pas pu en obtenir une, et à prix complètement hors de toutes proportions lorsqu'ils ont pu en obtenir une et qu'on leur demande s'ils sont disposés à la vendre.
Bref, j'ai été beaucoup trop long, mais ça m'a donné l'occasion de vous parler d'un bouquin intéressant (vite lu, et vraiment facile à lire).
Je l'avais déjà lu par ailleurs, mais je profite de cet article pour le partager : l'algo de Netflix personnalise les vignettes des films et séries en fonctions de ce que vous avez déjà regardé. Si vous avez principalement regardé des fictions avec un casting majoritairement noir, les acteurs présents sur la vignette seront noirs (même s'ils n’apparaissent que très peu au final, avec un gros risque de déception à la clé...) ; si vous avez regardé des romances, vous aurez une image "romantique", ou inversement, une image tendant vers l'horrible si vous êtes amateurice de sensations fortes (l'exemple des vignettes de Stranger things présenté dans l'article est très parlant).
Au final, comme pour l'exemple des personnes noires de l'article, le risque de biais est important :
Cet exemple montre en fait combien il peut parfois y avoir un énorme décalage entre l’intention derrière l’algorithme (ici, la recommandation personnalisée), et les biais inconscients que l’IA peut incorporer, et les problèmes qu’elle peut créer.
L’enjeu sous-jacent réside dans le manque de diversité des castings des films occidentaux : les longs-métrages et séries qui mettent en scène un casting majoritairement noir sont encore très rares — il n’y a qu’à voir le succès de Black Panther pour se rendre compte du besoin de telles représentations.
Bon, j'ai même pas eu à me fatiguer, ce que je subodorais depuis que j'ai lu l'info ce matin a été confirmé plus rapidement que je ne le prévoyais : l'algo qui change en visage réaliste un visage très pixellisé (c’est ici si vous voulez jouer) a un biais raciste. Je l'ai senti venir, mais d'une force. J'aurais dû l'écrire tiens.
EDIT : j'ai oublié de l'écrire, et je viens exprès le redire, parce que ce serait dommage d'oublier : la technologie n'est jamais neutre.
Rappelez-vous :