Quand ils se délogguent de l’application à une heure où Uber préférerait qu’ils continuent à travailler, les chauffeurs voient apparaître des messages comme : “Encore une course et vous atteignez 300 dollars !” C’est un système qu’on appelle la “boucle ludique” (qui incite à lancer une partie de plus pour essayer d’aller un peu plus loin que la précédente). Uber remplit donc son interface de petits signes dollars, des schémas, de badges à gagner (un petit Groucho Marx pour les conducteurs les plus rigolos…). C’est, en acte, ce qu’on appelle la gamification. Un phénomène pas nouveau dans les entreprises, mais qu’Uber pousse à l’extrême. Et ça marche. Les conducteurs le disent : ces formes de rétribution qui ne coûtent rien à l’entreprise lui permettent de faire faire aux conducteurs ce qui est bon pour elle, et pas forcément pour eux.
[...]
Et puis, Uber est de moins en moins seul à user des ces méthodes pour contrôler ces travailleurs (son concurrent Lyft fait à peu près la même choses). Et puis le nombre de plateformes qui ont recours à des travailleurs indépendants augmente aussi, sans que les droits de ces travailleurs - et les possibilités qui leurs sont données pour se défendre - ne s’accroissent. Ce qui fait dire une chose terrible au quotidien américain : “On n’est pas loin d’être revenu à l’époque qui précédait le New Deal (...les années 30 donc...) où les entreprises avaient presque tout pouvoir sur les employés, et eux presque aucun moyen pour se défendre.”
A propos du "Mechanical turk" d'Amazon.
"Vous croyez que les entreprises qui vous vendent des transcriptions de réunion minute ont recours à des logiciels superperfectionnés ? Eh bien non, elles ont recours au Turc mécanique d’Amazon, à des petites mains éparpillées dans monde entier qui pour presque rien transcrivent en quelques minutes des petits morceaux de la réunion, des morceaux qui sont découpés par des algorithmes, distribués par des algorithmes, puis ré-assemblés ensuite par des algorithmes."
Oh que je suis d'accord avec toi. Et pourtant, parles-en aux gens, que diront-ils ? "Ouais, ouais, je sais, mais je continue parce que c'est quand même pratique"...
Lien direct vers l'article : http://www.liberation.fr/economie/2013/12/17/une-employee-d-amazon-raconte-la-peur-organisee_967185
EDIT : il y a aussi le fait que la "norme" de la compétition est intégrée par ceux là même qui en sont les victimes, c'est terrifiant : "Ils veulent battre des records, "comme ça, pour la performance", et la reconnaissance qui va avec."
EDIT 2 : je viens de me rendre compte que cet article, qui tourne sur les Shaarlis depuis quelques jours, a un an... Mais je ne pense pas que les méthodes d'Amazon aient changé dans l'intervalle.
Remarque annexe : le point Godwin est atteint dès le troisième commentaire \o/
Dans le numéro 12 de XXI, Jean-Robert Viallet commente dix plans de son documentaire, Carglass répare. Diffusé sur France 3 en octobre 2009 et produit par Yami 2, Carglass répare est l'une des trois parties de La mise à mort du travail, couronnées par le prix Albert Londres 2010.
Voici les résumés et des extraits de ce superbe travail documentaire