Elle est difficile à définir, cette fatigue, parce qu’elle est micro et macro. Elle se manifeste autant par nos cernes violacés dans le miroir le matin que par le long, très long soupir qu’on pousse après avoir fait une simulation retraite. Autant par le petit coup de barre post-prandial que par l’impression qu’on n’aura même pas la force d’attendre la prochaine deadline du GIEC. Elle est là depuis aussi loin qu’on se souvienne et on a appris à vivre avec, en répétant “naaaann c’est chaud en ce moment, mais ça devrait se calmer un peu la semaine prochaine” chaque semaine, jusqu’à ce qu’on meure.
D’ailleurs, vous trouverez des gens qui appellent les Millennials la “Tired Generation”, ou même la “Burnout Generation”, une génération dont l’épuisement serait structurel car on les a élevés à performer en permanence et dans tous les domaines, avec la promesse que leurs efforts seraient récompensés et leur assureraient une stabilité, sauf qu’en en fait non (cf mon article sur le sujet). Mais y’en a d’autres qui disent que c’est la Gen Z, la “Tired Generation”. Perso, voici ma définition : si vous êtes en vie actuellement, que vous ne résidez pas dans une grotte ou sur une île déserte, et que vous n’êtes pas rentier·ère, alors vous êtes la Tired Generation. Et si vous avez des enfants mineurs, oubliez tous les critères, vous l’êtes quoiqu’il.
Car je crois bien que la fatigue n’est pas juste un problème de société… elle en est l’un des piliers.
Oh. Merde. Je me suis reconnu à chaque putain de ligne.
EDIT : ayé, toulu. Un putain d'article essentiel, qui devrait vous faire vous reconnaître une ligne sur deux, pose les bases de ce qui ne va pas dans ce monde (spoiler : tout ; résumé : le capitalisme), liste les différents types de fatigue (vous y adhérez ou pas, c'est tout de même plutôt pertinent) et termine sur des propositions de solutions.
Et il ne s’agit pas que de dormir. Pour en revenir au Dr Dalton-Smith, je vous laisse creuser son taf si ça vous intéresse (creusez pas trop non plus, je suspecte qu’elle finit par vendre une routine avec 48 techniques de repos à intégrer dans une journée, car, c’est connu, rien de mieux pour s’aérer la tête que d’ajouter des trucs à sa to-do) mais elle explique que pour chaque type de fatigue, il y a un type de repos différent. Bien sûr, pour la fatigue physique, il y a dormir, mais aussi des activités type yoga qui donnent de l’énergie. Pour la fatigue mentale et sensorielle, vous imaginez bien, il y a la méditation, et les pauses sans écran, surtout avant de dormir, mais aussi savoir se créer des moments de silence. C’est plus rigolo pour les autres : pour la fatigue créative il y a la nature, l’art, faire des activités créatives sans but précis. Pour l’émotionnelle il y a “dire non” et “exprimer ses émotions”. Pour le repos social, limiter les interactions énergivores, se recentrer sur celles qui font du bien et rechargent les batteries. Bref, plein de bon sens.
EDIT : via https://nicolas-delsaux.hd.free.fr/Shaarli/shaare/M2bPpA
Un collègue m'a envoyé ce lien, je le partage avec vous.
Qu'ont constaté ces pionniers ? Qu'en doublant la quantité de travail agricole on ne double pas la quantité de blé produite. Et que, plus on approche d'une certaine limite, plus il faut ajouter de travail pour obtenir toujours moins de blé supplémentaire. Au-delà, on entre dans la zone dite des rendements décroissants. Illich considère qu'il en va de même pour l'être humain : au-delà d'un certain seuil, son efficacité finit par devenir négative.
Il y un impact direct en termes de RPS :
Stakhanov et ses adeptes ont certes noté que, plus on subit de pression, plus on est performant. Certaines personnes ne travaillent jamais aussi bien que sous stress. Mais cela n'est vrai que jusqu'à un certain point. Au-delà, toute dose de stress supplémentaire sera contre-productive.
Dans le numéro 12 de XXI, Jean-Robert Viallet commente dix plans de son documentaire, Carglass répare. Diffusé sur France 3 en octobre 2009 et produit par Yami 2, Carglass répare est l'une des trois parties de La mise à mort du travail, couronnées par le prix Albert Londres 2010.
Voici les résumés et des extraits de ce superbe travail documentaire