Voir aussi ce (hélas) vieil article : https://cafaitgenre.org/2013/03/16/sexisme-chez-les-geeks-pourquoi-notre-communaute-est-malade-et-comment-y-remedier/
C'est affligeant. Faudrait pas trop qu'il se pose en victime non plus, ça va finir par se voir. Et je me demande dans quelle mesure sa "plainte" est recevable.
J'apprécie à sa juste valeur l'hypocrisie du journal Le Monde, qui publie des extraits du communiqué du Parquet, mais l’intégralité du communiqué triomphaliste, hypocrite, mensonger, dégoûtant et obscène d'un "harceleur présumé".
Le témoignage de Kayane, cette joueuse pro stalkée par un malade, que j'évoquais hier.
Mes proches me disent: «Ah bah tu ne vas pas là-bas!»
Mais ma première réaction était: «Il m’attend là-bas, JE DOIS Y ALLER !»
C’était ma seule et unique occasion de l’attraper, d’être enfin sûre de savoir où il est. La police ne m’aidera que si je suis en sa présence. Il ne pourra consulter un psychiatre et se faire soigner QUE si la police l’y mène.On arrive avec mon ami, on gare notre voiture à côté de la sienne pour qu’il ne puisse pas fuir. Je sors de la voiture, je le regarde et il me sourit d’un air «te voilà enfin!» Je le regarde avec beaucoup de mépris, et devant lui, je sors mon téléphone et j’appelle les urgences. Il faut qu’il comprenne que c’est moi qui le dénonce. (…)
La police arrive, c’est un soulagement.
Je reporte plainte, et je dois consulter un médecin spécialisé pour justifier de la nuisance de ses faits sur mon état de santé, mon travail, mon bien-être. Le RDV a été pris pour mi-mai seulement…
Quant à lui, il est pris en charge et j’espère qu’il pourra être entendu par un psy, qu’il réalise son problème et qu’il sera soigné.
[...]
Je tiens à dire que le harcèlement pourrit la vie d’une personne au quotidien, et qu’il ne peut être affronté seul. Il faut en parler. Parce qu’on ne peut pas continuellement vivre dans la peur seule.
Je n’aurais jamais réussi à l’attraper hier soir sans avoir parlé de ça à mes proches, sans avoir prévenu de ce qui se passait. Je ne les remercierai jamais assez pour leur réactivité et leur bienveillance.
De par mon vécu, le harcèlement semble vraiment méconnu et pas pris au sérieux. Souvent parce qu’il n’y a pas d’impact physique visible, l’impact est intérieur et est dur à voir. S’il n’y a pas eu de violence, ce n’est pas très important alors que la violence peut aussi être mentale. (…)
Tout ce que je vous raconte là, ce n’est que le récit de trois jours. Mais ça dure depuis des mois. Je vous passe énormément de détails sur ce qu’il a fait tout ce temps, et sur la réaction de sa famille et particulièrement son père qui est très choquante.
Je n’arrive plus à dormir correctement, je ne peux plus m’entraîner en étant complètement concentrée, je ne peux pas promener Yumiko sereinement. Je passe mon temps libre au commissariat.
La vache. @Kayane, "joueuse semi-pro" a été stalkée et harcelée par un malade érotomane. Elle a eu le courage d'en parler, de l'affronter, et de pouvoir le coincer avec l'aide de la police.
EDIT : précision "avec l'aide de la police", c'est beaucoup dire ; ce serait plutôt "elle a aidé la police" :
Sachez que la police avait son tel, plaque d'imma, adresse de travail, et qu'il s'est rien passé jusqu'à ce que je le choppe moi-même.
https://twitter.com/Kayane/status/833987080053280768
A alors été lancé le hashtag #harcelementdomicile qui a permis à de très nombreuses femme de témoigner de toutes les fois où elles avaient vécu des situations de harcèlements. Eclaircissons d'emblée ce terme car il semble, que lorsqu'on parle de violences sexuelles, beaucoup d'hommes se transforment en docteurs en droit. Voici ce que nous dit le droit " Est assimilée au harcèlement sexuel toute forme de pression grave (même non répétée) dans le but réel ou apparent d'obtenir un acte sexuel, au profit de l'auteur des faits ou d'un tiers." (j'ai mis en gras ce qui importe).
Lorsqu'on parle de "harcèlement de rue", on évoque le fait qu'une situation qui s'est répétée de nombreuses fois au cours d'une vie, même si chaque auteur n'a eu qu'un seul propos sexuellement agressif, devient du harcèlement du fait même du nombre de propos.
Et lorsque donc on évoque du "harcèlement à domicile", on entend dire par là qu'une catégorie entière de la population (= les femmes) subissent des propos, des actes qui vont parfois jusqu'à la violence, non sollicités sexuellement. Ce harcèlement est commis par des hommes inconnus et se sur-ajoute donc aux violences sexuelles décrites au dessus. Même si chaque homme n'a eu qu'un seul propos, la récurrence crée une situation de harcèlement.
Magie de Twitter, c'est la jeune femme qui devient alors victime d'un harcèlement acharné: insultes, menaces, ouvertures de faux comptes... Sur l'air de «c'est de la délation! Le pauvre homme va perdre son boulot». Et il s'en est fallu de peu pour que Buffy Mars soit accusée de la non inversion de la courbe du chômage. Il a aussi été reproché à cette jeune femme de crier au loup. De faire grand cas de ce que certains n'ont considéré que comme de la drague maladroite. Voire touchante.
Il y aurait beaucoup à dire sur l'absurdité du double discours s'articulant ainsi: «Les femmes devraient porter plainte quand elles sont harcelées/agressées/importunées. Un peu de courage que diable!» / «Ta gueule salope, tu devrais te sentir flattée».
A lire et à diffuser, bien sûr.
EVIDEMMENT, personne ne vivra tout cela dans la même journée ou ce serait vraiment jouer de malchance. EVIDEMMENT, #NOTALLETECHNICIANS si vous insistez. Il n'est pas question de dire que TOUS les chauffeurs UBER et TOUS les mecs qui viennent t'installer la fibre vont te harceler des sms pour boire un mojito, dans le meilleur des cas. Mais enfin, penser à toutes les options de harcèlement sur une journée permet de façon visible de constater que le simple fait de recourir à un service de base (se faire livrer du courrier, rentrer chez soi en VTC, faire installer internet chez soi) peut nous priver de la jouissance de ce qu'on considérait comme un sanctuaire: nos foyers. (En tout cas pour celles qui sont épargnées par les agressions intrafamiliales).
Non, pas de lien vers ce truc infâme. J'en parle juste parce que c'est passé sur le Twitter de @_BuffyMars.
Si vous voulez lire l'article => Google + le titre, ça devrait suffire.
Je n'arrive pas à croire que :
1/ On puisse écrire un tissu de conneries pareil. Non seulement c'est calomnieux, injurieux, misogyne, sexiste et mensonger (le technicien n'a pas été licencié), mais en plus c'est romancé comme un roman-photo de Nous Deux.
2/ Il y a des gens qui lisent ça, qui le prennent pour argent comptant et vont ensuite s'en servir comme d'une "preuve" pour asséner leur "vérité"
sans compter les autres articles du site, qui font passer Zemmour pour un modéré...
J'ai eu une longue conversation ce matin à propos de cette histoire, avec un twitto que je ne connaissais ni des yeux ni des dents. J'ai quand même réussi à parler de harcèlement, de consentement et de société patriarcale (non, je n'ai pas coché une liste de termes à placer). Je nourris l'espoir secret qu'il contribuera au changement, lui aussi, dans son petit coin.
Il n'était pas dans les abrutis virulents, sinon je l'aurai bloqué direct, mais son raisonnement achoppait quand même sur la question de "comment séduire sans harceler" et "juste un SMS, c'est pas du harcèlement" (je m'en voudrais de déformer son propos, l'échange est retrouvable sur mon compte Twitter pour celleux qui ont du temps à perdre).
J'espère qu'il lira ces témoignages. Lui, et les autres.
Ce qui me dérange le plus dans ces démarches, c'est qu'elles traduisent un climat de séduction qui serait permanent. Toutes les occasions sont bonnes. Or quand je fais des courses, que je vais au commissariat, que je fais venir un réparateur chez moi, que je passe un entretien professionnel, je ne suis pas dans la séduction, je mène juste ma vie.
[...]
Ce n'est pas grave, mais c'est lourd. Ce type de message me fait me sentir vulnérable au point que recevoir un inconnu chez moi, pour des travaux ou autres, m'angoisse au plus haut point. Je ne sais pas comment lutter contre cette peur, que je dois pourtant affronter à diverses occasions.
[...]
J'étais vraiment très inquiète. Ce livreur disposait de toutes mes coordonnées -nom, prénom, adresse, etc. Il m'a même ajouté sur Facebook, ce que j'ai évidemment refusé. Pour qu'il me laisse tranquille, j'ai prétendu avoir un petit-ami. Cela ne l'a pas empêché de me recontacter plusieurs mois après.
Je découvre à l'instant et je vous la fais courte : la blogueuse Buffy Mars (citée l'autre jour) a été victime d'un harcèlement absolument délirant juste pour avoir fait part sur Twitter du comportement non-professionnel et illégal du technicien Orange qui utilise ses données privées (son numéro de téléphone) pour la draguer.
Elle a eu la totale : cyber-harcèlement, faux profils, appels au viol... avec inversion des rôles : la victime devient une méchante sans pitié, et le technicien une pauvre victime innocente tombée dans les griffes d'une horrible-féministe-gauchiste.
Nan, mais faut comprendre le ras-le-bol des policiers : ils ne peuvent même plus harceler en paix.
Éduquez vos enfants.
:(
via https://liens.nonymous.fr/?KDEdkQ
Déjà évoqué, mais c'est une bonne synthèse sur l'affaire.
J'espère qu'ils vont prendre cher.
Les conséquences de la mise en œuvre de ces deux programmes furent dramatiques. Soixante personnes se sont suicidées en trois ans, dont trente-cinq pour les seules années 2008 et 2009.
[...]
Si le juge d’instruction, qui rendra son ordonnance d’ici quelques semaines, suit l’avis du parquet, Didier Lombard, ancien numéro un de France Télécom (devenu Orange en 2013), son ex-bras droit, Louis-Pierre Wenes, et celui qui fut DRH, Olivier Barberot, comparaîtraient pour « harcèlement moral ».
De même pour la société France Télécom, personne morale. Deux directeurs territoriaux – Nathalie Boulanger et Jacques Moulin –, ainsi que le DRH France de l’entreprise, Guy-Patrick Cherouvrier, et l’ex-directrice du programme Act, Brigitte Bravin-Dumont, devraient répondre, eux, de « complicité de harcèlement moral »
Bien. La justice est lente, mais elle avance. Parfois.
Ça parait cool mais :
rendre cette histoire publique n’a pas été un choix facile. Si vous parlez des problèmes féministes comme la violence faite aux femme, il y a de grands risques que vous deviez affronter plus de harcèlement en ligne. C’est d’ailleurs très ironique (et effrayant) que je craigne le harcèlement pour avoir dénoncé du harcèlement
et :
Dans une rue sombre, sans personne autour, il n’est pas certain que sortir son téléphone pour filmer en direct son agresseur permette de renverser le rapport de force.
Décrédibiliser les accusations portées contre Denis Baupin en montrant que certaines partenaires pouvaient être consentantes, et donc que c'est Denis Baupin la victime, c'est brillant, vraiment.
Mais ce que son avocat néglige volontairement de rappeler, c'est que toutes les femmes qui ont reçu ces SMS n'étaient pas les partenaires de jeu qu'il prétend. Qu'elles ont même dit "stop". Que ça n'a pas suffit.
Hop, illustration : https://twitter.com/ellensalvi/status/740250043811307520
Libé, ce journal "de gôôôche" va encore nous expliquer que c'est de la "restitution littéraire et ironique de préjugés et d'angoisses", comme la dernière fois ?
Sans qu'il soit nécessaire d'en lire plus, un type qui qualifie de "marivaudages" le délit de harcèlement sexuel (et allez savoir, peut-être que le crime de viol n'est que cette "exception française" qu'il vante dans son vomi ? J'insiste sur les qualifications juridiques pour bien éclairer son propos) mérite t-il qu'on lui explique à quel point il est à côté de la plaque ?
Lisez plutôt l'article de Renée Greusard dans Rue89, elle a eu l'abnégation de lui répondre point par point. Enfin... lui répondre... ce n'est pas à lui qu'elle répond, on se comprend. Elle écrit pour ceux dont on peut encore sauver quelque chose.
Fichage de salariés, licenciements montés de toutes pièces, répression syndicale
Diverses pratiques de harcèlement ont été utilisées : « Détérioration des conditions de travail, isolement physique et moral, demandes floues et répétées suivies de reproches, jeu sur la mobilité... »
"Il a Free, il a tout compris"
Je doute que les autres opérateurs aient de meilleures pratiques. Mais ça fait tâche, quand on prétend tout faire mieux que les autres.