Bon, coupez moi l'accès à YouTube ou je vais y passer la journée - vous savez ce que c'est, vous regardez un truc, ça vous propose autre chose sur le même thème, etc.
Bref : je viens de découvrir comment Ladislas de Hoyos, que j'avais toujours considéré comme le monsieur chauve avec un nom rigolo qui présentait le JT quand j'étais petit (1984-1989... ah oui, quand même) était en fait LE type qui avait permis d'identifier formellement Klaus Barbie en 1972.
En partant du constat que la Shoah n'est pas montrable, ce film (a priori assez choquant... et pourtant ne montre rien) se focalise sur le quotidien du directeur du camp d'Auschwitz, dans sa belle maison adossée au camp d'extermination... La "zone d'intérêt", pour les nazis, désignant les 40 km² autour du camp.
On ne voit rien, mais le camp est toujours présent à l'image, en arrière-plan, ou dans les pensées, ou dans les bruitages, et ça à l'air assez terrible :
j'ai fini par oublier le bruit de fond ; quand j'ai fini par m'en rendre compte, je me suis détesté
Choisir de filmer la banale vie de famille d'un homme et de sa famille, finalement, c'est revenir à la banalité du mal conceptualisée par Hannah Arendt :
le véritable effroi, c'est de voir un homme ordinaire [Eichmann],médiocre
J'ai à la fois envie et très peur de voir ce film...
Dans le même genre, j'ai un souvenir très net de Amen de Costa Gavras, qui s'attache à montrer que tout le monde était au courant et personne n'a rien fait, tout le monde avait une bonne excuse et personne n'était responsable, du petit fonctionnaire tatillon dont le boulot était juste de coordonner des trains... juste des trains... aux alliés pour lesquels les camps n'étaient pas un objectifs stratégiques, en passant par l’Église, et c'est le cœur du film de Costa Gavras, qui s'est consciencieusement appliquée à regarder ailleurs, quand bien même des ecclésiastiques avaient envoyés des rapports circonstanciés sur ce qui était en train de se passer. Et le passage d'interminables convois de wagons rythme le film.
(Un résumé ici : https://billetterie.memorialdelashoah.org/fr/evenement/amen-de-costa-gavras)
Jusque dans les années 1970, la Shoah est taboue. L’histoire de ces juifs est inaudible. “Quand je racontais mon histoire, tout le monde éclatait de rire en me disant que je mentais. D’autres, me disaient que les juifs se plaignaient tout le temps”, explique Boris Cyrulnik. “Certains m’ont même dit “tu sais, pour nous aussi, c'était dur, on n’avait plus de beurre”.
Boris Cyrulnik
TIL : Il y a eu un pseudo-tour de France en 1942, et ça n'a pas été très reluisant.
Mais, organisée à la hâte, basée sur des données approximatives et improvisée tout au long du parcours, la course tant attendue vire au fiasco : retards délirants obligeant les coureurs à rouler la nuit ; concurrents perdus dans l’obscurité ; une étape raccourcie de moitié, une autre où la ligne d’arrivée est déplacée ; pire encore, un directeur de course qui embarque un coureur retardé sur une moto de l’organisation pour lui faire rattraper son retard… ou qui en menace un autre s’il refuse de participer à la course.
C'était bien Twitter quand même (oui, dans ma tête, c'est déjà mort), surtout pour des choses comme ça : le témoignage du grand-père évadé du stalag en 1943. L'histoire par celui qui l'a vécue : au retour, en 1944, il écrira toute son aventure, avec cartes et dessins inclus.
Sous le slogan « Ni bolchevisme ni fascisme », ils proclamaient leur hostilité aux partis politiques.
Le "ni de droite ni de gauche (mais surtout pas de gauche)" de l'époque.
Article intéressant.
Au-delà de l'inexactitude factuelle de la thèse de E.Z., ce qui me rend dingue, c'est que ça ne choque absolument pas ses partisans de dire une énormité telle que "Pétain a protégé les juifs français et envoyé les juifs étrangers à la mort", comme si c'était quelque chose de glorieux.
Venez pas me dire que je suis naïf, s'il vous plait. Je dis juste que ça m’écœure.
L'est nul ce titre. Moi j'aurais mis : "A Vichy, la pastille ne passe pas".
Bon, si vous avez besoin de ma collaboration vous savez où me trouver uhuhuh.
Nan mais en vrai je suis en état de choc là. Je viens de voir EZ pointer un fusil de sniper sur un groupe de journalistes en se marrant, il va me falloir du temps pour accepter que je vis dans une série de SF dystopique.
Au Japon, l'activité volcanique a fait émerger un petit ilot. Ca arrive assez souvent. Ce qui est plus rare, c'est qu'il a fait remonter des épaves de la seconde Guerre Mondiale.
C'est donc pour ça que la Meurthe-et-Moselle a cette forme de dinosaure un peu bizarre ! Purin, attendre d'avoir 40 balais pour apprendre ça, flûte ! Merci Gee !
16 juillet 1942. Rafle du Vél' d'Hiv. La Glorieuse et Courageuse Police Française envoie à la mort 13 152 personnes. La plupart ne reviendront pas.
Pas un seul soldat allemand ne fut mobilisé pour cette terrible opération de la mort, totalement réalisée par la police nationale française, crée moins d'un an plus tôt par Pétain pour traquer Juifs, résistants et communistes présentés comme anti-France et ennemis de l'état.
Un graphique suit :
Ça va bientôt faire 80 ans. Et c'est pus que jamais vraiment pas le moment de penser que c'est du passé.
TIL :
C'est sur l'un des projets les plus fous de l'histoire militaire que se penche l'hebdomadaire allemand Der Spiegel: celui d'un immense porte-avions de glace croisant dans les eaux de l'Atlantique. Baptisé «HMS Habbakuk», du nom d'un prophète de l'Ancien testament (Habacuc, Habakkuk en anglais, mal orthographié sur le moment) ce projet de navire de guerre réfrigéré a été étudié par l'armée britannique durant la Seconde Guerre mondiale.
[...]
L'abandon du projet fut sans conséquences, car de nouveaux modèles d'avions de chasse dotés d'une plus grande autonomie de vol furent bientôt mis en service, et à partir d'août 1943, les Alliés eurent l'autorisation du Portugal d'utiliser les Açores comme base aérienne. L'inventeur du «HMS Habbakuk» se suicida en 1948, cinq ans après que son projet a été abandonné, après avoir tenté sans succès de convaincre l'armée britannique de bâtir un système de tunnels permettant de catapulter des soldats entre la Birmanie et la Chine par air comprimé.
C'est accorder bien du crédit à ce petit monsieur que de lui dédier un aussi long article.
Hélas, ses livres sont lus.
Ces enregistrements ne révèlent pas de scoop, et ne modifient pas les connaissances déjà établies par les historiens spécialistes de la période. Les mémoires des participants et des comptes-rendus détaillés transmis par les états-majors ont permis de décrire ce moment tragique. Mais le son rend aujourd'hui concret le rapport de force qui règne alors et qui jettera les bases de la collaboration avec le régime de Vichy. Pour Bruno Ledoux, sténographes et dactylographes n'ont pas pu "rendre fidèlement" cette atmosphère : "On connaissait le contenu mais pas la psychologie. Ça peut permettre d'avoir une autre lecture de l'armistice, on voit dans quel état d'esprit il s'est déroulé."
Fascinant.
Misère, il y a quelqu'un pour lui expliquer à quel point il est stupide ? A moins que ce ne soit même plus possible.
Je résume son propos : Macron a le droit d'être con, puisque Hollande l'a été avant lui.
Et ça se dit philosophe...
Quelque chose coince dans la polémique autour des déclarations de #Macron sur le Maréchal #Pétain, qui m’empêche, à regret, de communier dans l’indignation, alors que c’est bien agréable, de s’indigner...
Voici ce qui me retient 👇
En mai 2012, @fhollande avait rendu un hommage en demi-teinte à Jules Ferry, dont il rappelait la grande œuvre éducative, autant que la « faute morale » que constitue son ardente adhésion au projet colonisateur…
Le discours avait été bien accueilli. Comme un exercice de lucidité historique. Même @RoyalSegolene avait félicité le Président. C’est dire.
Hollande, pourtant, avait commis une erreur dans son propos.
L’erreur de Hollande n’était pas de rappeler les deux facettes de Jules Ferry.
Son erreur était de les opposer.
Son erreur était de présenter Jules Ferry comme un être ambivalent, d’un coté Dr Jekyll (soucieux des enfants et de leur instruction) et de l’autre Mr Hyde, indifférent aux peuples qu’il agresse.
Or, c’est plus compliqué que cela.
Si Jules Ferry (comme Condorcet) porte à la fois un grand projet éducatif et une grande ambition coloniale, c’est parce qu’il n’était pas contradictoire, aux yeux de Ferry, de vouloir l’école pour tous et de prétendre, comme il dit, « civiliser les peuples inférieurs ».
Clemenceau avait d'ailleurs à l'époque justement remis Ferry à sa place : « La conquête que vous préconisez, c'est l'abus pur et simple de la force... pour s'approprier l'homme, le torturer, en extraire toute la force qui est en lui au profit du prétendu civilisateur. »
Et les ennemis de l’idée d’universel, qui voient en elle l’alibi du colonialisme et de l’impérialisme blanc disposent d’ailleurs, avec Jules Ferry ou Condorcet, d’excellents exemples en faveur de leurs thèses.
Chez l’un comme l’autre, l’idée d’universel était l’expression du sentiment de supériorité – et, de fait, pour leurs successeurs, l’alibi de crimes innombrables...
Bref, Hollande n’est pas « lucide » quand il oppose Ferry à Ferry comme on oppose le Bien et le Mal. Il fait juste de la morale. Et, encore une fois, son discours avait été bien accueilli.
Venons-en maintenant à la polémique soulevée par les déclarations « honteuse » de notre soi-disant néo-pétainiste actuel Président.
Que reproche-t-on à Emmanuel Macron ?
D’avoir déclaré «Je ne fais aucun raccourci mais je n'occulte aucune page de l'Histoire. Et le maréchal Pétain a été, pendant la Première Guerre mondiale, aussi un grand soldat. Voilà. C'est une réalité de notre pays. »
Il n’en fallait pas davantage pour que les fantassins du Bien déboulassent sur Touitère, avides de récolter les dividendes de l’indignation… Pourquoi pas ? C’est de bonne guerre.
Plus intéressant que les gagne-petits dont les RT sont le salaire, la réaction de François Hollande himself.
Comment l’ancien Président peut-il reprocher à son successeur d’évoquer les deux facettes d’un personnage historique, après s’être livré au même exercice 6 ans plus tôt ?
Et comment peut-il l’accuser d’ « isoler une étape », alors que c’est précisément ce qu’on reproche à Macron de ne pas faire (en évoquant en même temps la gloire ET le déshonneur de Pétain) ?
Mais surtout : pourquoi peut-on dire de Jules Ferry qu’il fut un affreux colonisateur, et n’a-t-on pas le droit de dire du Maréchal Pétain qu’il fut un grand soldat, alors que les deux sont rigoureusement exacts ?
Pourquoi supporte-t-on davantage les anciens vices des gens glorieux, que les anciens mérites des gens infâmes ?
Pourquoi le rappel des 1ers est-il un gage de « lucidité », alors que l’évocation des 2nds est immédiatement suspecte de complaisance ?
C’est que ce n’est pas la « lucidité » qui parle ici, mais le désir de repeindre l’histoire en rose et noir.
De ce point de vue, il n’y a aucune différence (sinon de gravité) entre les belles âmes qui dénoncent le « pétainisme » présumé du Président Macron et les illuminés qui voudraient débaptiser les lycées Colbert, ou déprogrammer Autant en Emporte le vent, au nom du Bien.
Il s’agit dans les deux cas de réécrire l’histoire sous la dictée du Bien. Et c’est là, à mon sens, la pathologie dont cette fausse polémique est le symptôme : au royaume du Bien (comme dans l’Océania de 1984) l’Histoire est réinventée chaque jour au gré des exigences du présent
Orwell appelle cela "la mutabilité du passé".
Quelle forme prend aujourd'hui cette tentation délétère ?
La forme d'un présent qui exige que Pétain n’AIT PAS ETE un grand soldat avant d’être l’icône de la honte. Comme dit Xavier Bertrand, Vichy « efface tout le reste »…
Ben non. Vichy recouvre le reste, mais ne l’efface pas.
Qu’il suffise, pour s’en convaincre, d’en revenir aux déclarations du Général de Gaulle. "Pétain qui, ayant brisé à Verdun l'effort acharné des Allemands, ranima l'armée française en guérissant son moral blessé..." 11 Novembre 1968
36 ans plus tôt, en 1932, de Gaulle dédie au maréchal Pétain son ouvrage Le Fil de l'épée : « Car rien ne montre mieux que votre gloire, quelle vertu l'action peut tirer des lumières de la pensée ».
Voici enfin ce qu'il en disait le 29 mai 1966 : « La gloire qu’il avait acquise à Verdun 25 ans auparavant, et qu’il garda en conduisant ensuite l’armée Française à la victoire, ne saurait être contestée ni méconnue par la patrie. » (à partir de 4,14)
De Gaulle était-il pétainiste, ou bien la juste connaissance de l'histoire impose-t-elle de reconnaître (même si ça fait mal) les vertus temporaires de chacun ?
Bref
- Pétain fut un grand soldat
- 25 ans plus tard, Pétain devint le visage de la honte et de la lâcheté Françaises.
- Rappeler le 1er fait n’est pas nier le 2nd
4) Reconnaître les mérites d’une crapule n’est pas une façon d'excuser ses crimes.
A propos de De Gaulle, on lui prête cette phrase au sujet de Pétain et de sa devise "Travail, famille, patrie" : c'est une drôle de devise qu'il s'est choisie : il n'a jamais travaillé, il n'a pas jamais eu de famille et il a trahi sa patrie !
Un excellent article de Merlanfrit, qui vous poussera à aller fureter du côté de Wikipédia pour en savoir plus sur le pacte germano-soviétique, le massacre de Katyn, l'histoire de la Pologne en général et son gouvernement actuel de facho en particulier... tout ça grâce à The Witcher 3.
Mais les lepénistes, voulant peut-être maladroitement préempter le souvenir gaulliste pour l'entre-deux-tours, rappellent ainsi à notre souvenir un homme-clef de cette période: Victor Barthélémy. Car la rafle du Vél d'Hiv ne fut pas faite que par la police française: cette dernière était aidée, les 16 et 17 juillet 1942, par plusieurs centaines d'hommes du Parti populaire français de Jacques Doriot, PPF dont Barthélémy était alors le numéro 2. Avant de devenir, trente ans plus tard, le numéro deux du Front national.